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Intervention de Martin Briens

Réunion du 3 juin 2009 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Martin Briens, sous-directeur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires au ministère des affaires étrangères et européennes :

La Corée du Nord a entamé son programme militaire dans les années 1980, donc bien avant l'administration Bush. La première crise nucléaire avec cet Etat, en 1993 et 1994, correspondait au temps du nouvel ordre mondial, du désarmement, d'un nouvel espoir en l'ONU.

En revanche, vous avez raison d'attirer l'attention sur l'angoisse du régime pour sa survie. En 1989 la Corée du Nord a vu s'effondrer tout son univers : les « pays frères », qui ont disparu du jour au lendemain, étaient leurs partenaires commerciaux. En 1992, lorsque la Chine a reconnu la Corée du Sud et a demandé aux Coréens du Nord de payer désormais leurs importations non plus sous forme de troc mais de devises fortes, le choc idéologique et économique a été plus profond encore.

Le régime nord-coréen est-il rationnel ? Depuis vingt ans, la Corée du Nord a réussi à survivre dans un environnement absolument hostile, et à maximiser sa faiblesse et son pouvoir de nuisance. Selon nous, le régime est rationnel et veut se perpétuer. Pour autant qu'on le connaisse, il est dirigé par une petite élite, qui vit très confortablement, voyage à l'étranger, accède à tous les biens de luxe occidentaux, et n'a pas envie de subir le sort des élites communistes à la suite des révolutions de 1989. De plus, si la Corée du Nord se réforme, elle perdra sa différence avec la Corée du Sud et donc sa légitimité. Les dirigeants du régime ont donc intérêt à ce que celui-ci ne change pas, et à créer de temps à autre des tensions internationales.

Il faut en effet être très attentif au Japon. Il y a un mois, dans un discours sur le désarmement, le ministre japonais des affaires étrangères a pour la première fois parlé de dissuasion. Même s'il s'agissait de dissuasion élargie, c'est-à-dire du parapluie nucléaire américain, cette déclaration montre que les Japonais sont inquiets à la fois de la politique de la Corée du Nord et des conséquences qu'aurait sur leur sécurité une évolution de la politique nucléaire américaine.

Vous avez aussi raison de souligner qu'en Asie, la Guerre froide n'est pas terminée. Il n'y a pas été mis en place de système de sécurité collective. Les difficultés y restent entières, l'essai nucléaire du 25 mai nous l'a rappelé avec éclat.

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