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Intervention de Maxime Gremetz

Réunion du 5 novembre 2008 à 16h00
Commission élargie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Gremetz :

Depuis trente ans que je suis député, je n'ai jamais vu un budget du travail et de l'emploi aussi catastrophique. Au moment où survient une crise financière, et où la remontée du chômage s'annonce durable, notamment concernant les jeunes – alors que par ailleurs on veut faire travailler les seniors jusqu'à soixante-dix ans –, une baisse de 620 millions est décidée sur ce budget pourtant déjà peu important. Si vous comptez bien, cela fait une baisse de 4 %, au moment même où tout le monde s'écrie : l'emploi, l'emploi, l'emploi ! Vous avez dit bizarre ?

Ce budget est complètement périmé. Il ne tient pas compte de la crise, des 40 000 chômeurs supplémentaires enregistrés en septembre et des annonces du président Sarkozy en faveur des emplois aidés. Comment d'ailleurs justifiez-vous le retour de ces derniers ? À de nombreuses reprises, le Président de la République a passé ce type de dispositif à la mitraillette dans ses discours. Il y avait déjà 230 000 contrats aidés, et vous en rajoutez maintenant 100 000 ! Nous revenons donc à la grande époque !

J'observe que les crédits de paiement du budget de l'emploi doivent au contraire baisser de 11 % d'ici à 2011. Cette réduction programmée des crédits s'explique, selon le Gouvernement, par leur meilleure orientation.

Or, chacun sait ce qu'il faut en penser : le coût des travaux réalisés à l'Assemblée, sous la conduite de Bouygues, a par exemple été multiplié par deux. J'ajoute que certains contrats n'étaient pas légaux. Je le dis publiquement, et je le répéterai en séance à l'occasion d'une question d'actualité.

Les crédits de l'emploi baissent, et pourtant la situation ne fait que s'aggraver en raison de la crise financière, mais aussi et surtout de votre politique d'austérité et de rigueur. En effet, c'est elle qui explique les faillites et les mesures de restructuration actuelles. La crise financière n'explique pas tout : dans ma circonscription, les multinationales, comme Dunlop ou Whirlpool, n'éprouvent pas de difficultés financières : elles cherchent avant tout à délocaliser, alors qu'elles ont bénéficié de fonds publics. Comment les dissuader de partir ?

À cet égard, la loi de modernisation sociale avait non seulement instauré des cellules de reclassement, qui sont très utiles, même si on ne peut pas inventer les emplois qui n'existent pas, mais elle avait également imposé aux employeurs de créer autant d'emplois qu'ils en suppriment dans un bassin d'emploi. Cela permettait de dissuader les entreprises de délocaliser après avoir empoché des fonds publics.

Or, dès que vous êtes revenus au gouvernement, vous vous êtes empressés de supprimer cette disposition, à la demande du MEDEF. C'est donc vous qui êtes responsables de la situation actuelle. En Picardie, il n'y a pas davantage d'entreprises qui s'installent ; quand une entreprise arrive, trois autres disparaissent, de sorte que le taux de chômage explose.

J'en viens à l'association nationale pour la formation professionnelle des adultes, l'AFPA, que tous les gouvernements de droite ont essayé de liquider. Des campagnes éhontées ont été orchestrées contre elle, car de nombreux organismes privés seraient ravis de faire de l'argent dans le domaine de la formation.

Vous ne supprimez certes pas l'AFPA, mais vous allez lui ôter la possibilité d'accorder son label, ce qui revient à exposer à la libre concurrence le service public de la formation, alors que nous avons plus que jamais besoin de lui.

Nous ne sommes pas opposés, dans son principe, à la fusion entre les ASSEDIC et l'AFPA. Mais j'aimerais surtout savoir qui s'occupera demain des moins diplômés et des demandeurs d'emploi, c'est-à-dire des publics peu rentables. Ce sera l'AFPA, comme toujours, tandis que les grands cabinets privés s'occuperont des autres.

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