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Intervention de Jean-François Mattei

Réunion du 25 novembre 2008 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Jean-François Mattei :

Monsieur Schneider, la Croix-Rouge du Bas-Rhin étant d'une efficacité extraordinaire, je comprends que le sujet vous tienne à coeur. Lorsque je suis arrivé, j'ai trouvé une Croix-Rouge merveilleuse, mais qui n'avait pas pris le tournant de la modernité. Depuis quatre ans, avec une équipe directoriale renouvelée, j'ai entrepris de reconstruire la maison, ce qui passait notamment par de nouveaux statuts, un nouveau règlement intérieur, une décentralisation et une informatisation. Si je me représente en juin et si l'on me fait à nouveau confiance, j'espère pouvoir faire en sorte que dans quatre ans, elle soit de nouveau capable de relever des défis qu'elle n'était plus en mesure d'affronter.

Le drame de la faim est sans doute le plus insupportable, surtout quand il touche les enfants – car un enfant qui a faim ne comprend pas pourquoi on ne peut pas lui donner à manger. Nous nous y attaquons à bras-le-corps dans divers pays, notamment au Niger, mais tout ne dépend pas de nous. Malheureusement, entrent en jeu des choix politiques, des spéculations, des détournements.

Monsieur Rochebloine, nos relations avec les ONG sont généralement bonnes, même si elles peuvent devenir mauvaises épisodiquement. Nous avons eu ainsi, au moment du tsunami, un différend sérieux avec MSF, qui prétendait que l'action humanitaire se bornait à l'urgence, tandis que je défendais le point de vue inverse : quand on a sauvé quelqu'un de la noyade, j'estime qu'il ne faut pas l'abandonner sur la plage. Je suis partisan, au-delà de l'action d'urgence, d'une action humanitaire durable, qui me paraît en être la suite obligée. La problématique est la même qu'à l'hôpital, où certes on dispense des soins d'urgence, mais où heureusement, on soigne ensuite les gens dans des services spécialisés pour les remettre sur pied ! Pour moi, l'action humanitaire inclut l'urgence mais ne s'arrête pas à l'urgence. Compte tenu des sommes très importantes que nous avons reçues à la suite du tsunami, nous nous sommes engagés dans la durée. Nous allons fermer nos derniers chantiers d'ici à la fin de l'année, à l'exception de deux, l'un en Indonésie, l'autre en Thaïlande. En revanche, nous avons décidé d'aider financièrement vingt ONG de plus petite taille, qui n'avaient pas beaucoup d'argent mais des compétences et de l'expérience, dans le cadre de contrats qui ont été passés au crible par la Cour des comptes. Enfin, parce que j'estime que nous devons nous parler davantage, j'ai créé un espace de rencontre humanitaire sous le parrainage de la fondation Mérieux ; face à l'ampleur des souffrances et des misères, il serait bien stupide de se comporter en concurrents les uns les autres.

Qui donne les ordres ? Pour notre part, nous en recevons de la Fédération internationale installée à Genève, ou bien nous intervenons à la demande de sociétés soeurs. Si nous prenons une initiative, nous les sollicitons. Nous n'allons jamais dans un pays sans être demandés et attendus par la société nationale, ce qui nous permet d'être aiguillés, conseillés. Les équipes sont mixtes : ainsi en Birmanie, les cinq volontaires français travaillent avec quarante Birmans.

La Croix-Rouge française est aujourd'hui une association reconnue d'utilité publique. La question d'en faire une fondation est à l'étude, mais elle n'est pas simple. L'une des éventualités serait de limiter le périmètre de la fondation aux établissements.

En ce qui concerne les mines antipersonnel, nous participons au combat mené par la Fédération.

Madame Fort, je vous remercie de votre témoignage, auquel je n'ai rien à ajouter.

Monsieur Myard, je suis d'accord avec vous mais ne forçons pas le trait. La France doit continuer à faire du multilatéral, mais revenir aussi au bilatéral, qu'il est dramatique d'avoir abandonné. Il faudrait suggérer que dans ce cadre, une convention soit établie avec la Croix-Rouge française, qui est prête à envoyer des volontaires.

Concernant les jeux, je vous invite tous à défendre l'idée que la Croix-Rouge française, qui est bien sûr une juste cause, bénéficie d'un retour. Vous pouvez citer l'exemple espagnol !

Madame Martinez, on parle de plus en plus dans les textes des « organismes de solidarité internationale » – OSI –, appellation qui permet de couvrir à la fois les ONG et le mouvement Croix-Rouge. Quant aux acteurs de l'humanitaire, ils sont au nombre de trois : ONG, mouvement Croix-Rouge et États.

Oui, l'aide humanitaire ne s'arrête pas à l'urgence. C'est pourquoi nous sommes une association d'action humanitaire, qui intervient en urgence mais aussi dans la durée, et nous sommes également des acteurs de l'aide au développement. Quand nous créons des écoles d'infirmières ou des centres de santé, c'est, bien sûr, de l'aide au développement.

S'agissant du budget de l'aide publique au développement, je doute beaucoup que les ONG souhaitent qu'on y adjoigne leurs propres actions. En revanche, la Croix-Rouge étant auxiliaire des pouvoirs publics, si des rapports plus étroits étaient établis avec elle, il n'y aurait naturellement aucun inconvénient à ce que l'État se prévale de l'action humanitaire qu'elle accomplit – bien sûr en toute impartialité politique.

Monsieur Lecou, je n'ai pas parlé de l'action de la Croix-Rouge en France parce que je me trouve devant la Commission des affaires étrangères, mais nous intervenons, comme disent les Britanniques, « all over the world, round the corner », partout dans le monde et au coin de la rue. Sur les 100 millions que représente notre budget hors établissements, un petit tiers va à l'international, le reste va à l'action métropolitaine et ultramarine.

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