Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Christian Noyer

Réunion du 6 mai 2009 à 8h45
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président de la Commission bancaire :

L'idéal serait un système mondial, mais il faut convaincre tous les partenaires. En tout état de cause, je pense que nous avons des chances raisonnables de réussir parce que la leçon a été rude.

Le chiffre de 4 000 milliards d'euros d'actifs toxiques est surestimé, selon nous. D'ailleurs, ce ne sont pas des actifs toxiques : il s'agit de l'estimation par le FMI des pertes passées, présentes et à venir sur les actifs toxiques et des provisions sur les crédits qui devront être constituées compte tenu de son scénario de crise économique, d'ici à la fin de 2010. Le FMI anticipe une récession mondiale de 3 %. À partir de cette hypothèse, il évalue les défauts de paiement des entreprises et des particuliers qui devraient en découler, et estime les provisions à constituer d'ici à la fin de 2010.

Ma première réponse est de dire que le premier métier des banquiers, c'est de distribuer du crédit en dégageant une marge suffisante pour constituer les provisions nécessaires pour supporter les défaillances. Les pertes subies à ce titre viennent s'imputer sur la capacité bénéficiaire des banques. Tant que cette activité, plus ou moins rentable selon que l'on se situe en haut ou en bas d'un cycle qu'il faut lisser grâce au provisionnement dynamique, ne se traduit pas par des pertes nettes, elle ne constitue nullement une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des banquiers. Les pertes sur les crédits devraient être absorbées par les bénéfices dégagés sur la période.

Dans certains pays, la capacité bénéficiaire ne sera pas suffisante et les États devront intervenir.

En ce qui concerne les banques françaises, elles sont, jusqu'à preuve du contraire, capables de résister. Le scénario économique sur lequel reposent nos stress tests, et qui vient de la Banque de France, prévoit un taux de croissance de moins 3 % deux années de suite, ce qui est pessimiste. Quand nous avons arrêté les chiffres, tout le monde pensait que la récession serait de moins 1 % ou de moins 1,5 %. Cela dit, depuis quelques mois, tous les observateurs sans exception ont passé leur temps à revoir leurs prévisions.

En Europe, chacun fait ce qui lui paraît nécessaire pour traiter les actifs toxiques. De façon générale, le choix de la bad bank n'a d'intérêt que si un tiers prend la défaisance à sa charge : l'État dans le cas du CDR et du Crédit lyonnais, l'État fédéral dans celui du Resolution Trust et des caisses d'épargne. Il faut vraiment ne pas pouvoir faire autrement pour que l'argent du contribuable soit ainsi engagé. Notre sentiment est que nous n'avons pas besoin d'une telle structure en France aujourd'hui.

Très peu de pays ont choisi cette solution, qui est aujourd'hui extrêmement difficile à gérer : si la défaisance de crédits aux entreprises ou immobiliers est possible, celle d'actifs très structurés est très compliquée. Beaucoup de gens pensent qu'ils pourraient alors perdre toute valeur. Cela ne se fait pas encore en Europe. Il en est seulement question à propos de certaines banques régionales allemandes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion