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Intervention de Christian Noyer

Réunion du 6 mai 2009 à 8h45
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président de la Commission bancaire :

Le chiffre de 38 milliards d'euros, qui a été cité dans la presse, correspondait au portefeuille en gestion extinctive, évalué maintenant à 44 milliards d'euros. Mais il ne s'agit pas nécessairement de mauvais actifs : 33,5 milliards de risques pondérés sont actuellement en gestion extractive.

Tout est toujours très compliqué en matière de communication financière. Ainsi, la Société générale a publié un second communiqué très clair mais qui n'a été que très peu repris le soir par des journalistes qui ne voulaient pas revenir sur l'information qu'ils avaient donnée toute la journée. Faudrait-il communiquer à l'avance ? Pour l'instant, les Américains n'ont pas encore rendu publics les résultats des stress tests. Or la France est le pays d'Europe qui applique les stress tests les plus poussés, et de loin. Nous faisons des exercices à l'américaine. Nous allons donc observer la communication qui sera menée aux États-Unis avant de décider quoi faire, mais je prends bonne note du sentiment que vous exprimez.

Pour ce qui est du FMI, si nous adhérons complètement à ses recommandations d'ensemble, notamment sur l'assainissement du bilan des banques et la dissipation des tensions sur le financement du système bancaire, son estimation de nos besoins de recapitalisation est entachée d'importants défauts. Le premier est que les évaluations ont été faites selon une méthode américaine, qui n'est pas une méthode de risque pondéré mais de ratio de levier. Le ratio de levier, qui ne prend pas en compte l'importance des risques et n'est donc pas très crédible en l'occurrence, est en outre très sensible aux différences de règles comptables. La Deutsche Bank, pour illustrer la différence, a publié son bilan et ses ratios de fonds propres selon les deux méthodes américaine et européenne : son bilan passe du simple au double ! Calculer les besoins en fonds propres des banques européennes en appliquant cette méthode n'a donc aucun sens. Le deuxième défaut méthodologique a été de raisonner comme si la structure économique et financière était la même en Europe et aux États-Unis, en prenant un modèle bâti sur le système américain pour l'appliquer à l'économie européenne. En gros, on a fait comme s'il y avait des subprimes en Europe ! Le résultat n'a forcément rien à voir avec la réalité.

Mme Lagarde et moi-même avons été très contents d'entendre M. Strauss-Kahn nous assurer que les estimations du FMI ne montraient pas de problème pour la France, contrairement à d'autres pays d'Europe.

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