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Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 31 mars 2009 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Bernard Bajolet, coordonnateur du renseignement à la présidence de la République :

Pour ce qui est organigrammes, je vous confirme la disparition du Comité interministériel du renseignement, dont certaines fonctions sont reprises dans le nouveau dispositif. Le Conseil national du renseignement est une formation spécialisée du Conseil de défense et de sécurité nationale. Cette disposition figure parmi les propositions du Livre blanc et la différence de composition entre les deux conseils est minime. Le secrétariat de chacun d'entre eux est assuré par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. L'ensemble forme donc un tout qui n'est pas difficile à articuler.

Tout cela est compliqué – car la réalité l'est aussi –, mais la coordination a l'ambition d'ajouter plutôt un élément de rapprochement entre tous les services.

Quant à savoir s'il n'aurait pas été possible de fusionner tous ces services, l'option choisie a été celle d'un compromis consistant à fusionner ce qui semblait pouvoir l'être – les Renseignements généraux et la Direction de la surveillance du territoire, même si une partie seulement des fonctions des Renseignements généraux a été reprise par la DCRI, les autres fonctions d'information générale relevant désormais de la compétence de la sous-direction de l'information générale, ou SDIG, qui dispose de services déconcentrés au niveau du département.

À la différence des États-Unis, la France ne dispose pas d'un directeur national du renseignement. De fait, je ne suis pas le directeur général des services et n'ai pas d'autorité hiérarchique sur les directeurs de ces derniers. Cependant, comme l'indique sa lettre de mission, le coordonnateur n'est pas qu'une boîte aux lettres : il a diverses fonctions d'animation et diverses responsabilités dans le domaine budgétaire et dans le suivi des investissements et des ressources humaines, qui le situent à mi-chemin entre une fonction de simple liaison et de direction générale des services.

Il s'agit là d'une étape importante. Pour savoir s'il faut aller plus loin, il importe d'évaluer les vrais besoins de rapprochement. Dans certains domaines, un rapprochement est indispensable, comme entre la DGSE et la DCRI en matière de lutte contre le terrorisme, pour laquelle les équipes doivent être imbriquées. Les deux services ont d'ailleurs commencé à travailler très sérieusement dans ce sens. Il reste néanmoins beaucoup à faire. C'est le cas également en matière de mutualisation des équipements, bien que des pas importants aient déjà été faits.

Pour ce qui est des conséquences de la réintégration du commandement intégré de l'OTAN, je rappelle qu'une coopération existe déjà, notamment sur les théâtres d'opérations où nos troupes sont engagées dans le cadre de l'OTAN. En somme, on peut en attendre, non pas un bouleversement, mais davantage de fluidité dans l'échange de renseignements.

Enfin, la question de savoir combien d'officiers français en Afghanistan parlent le dari ou le pachtou mérite d'être posée, car j'ai pu constater que la connaissance des langues présentait certaines lacunes, tant dans les services qu'au ministère des affaires étrangères – où, paradoxalement, on constate un manque non seulement de linguistes, mais aussi, plus généralement, de connaisseurs des régions dans lesquelles la France est confrontée à des enjeux importants. Cela vaut autant pour la langue arabe que pour les langues que vous citez ou pour le chinois, le japonais et de nombreuses autres langues.

L'un des objectifs de la coordination et des orientations du renseignement est de pouvoir indiquer aux services comment ils doivent planifier le recrutement de leurs ressources humaines à moyen terme. Un effort est nécessaire pour ce qui concerne les langues et nous risquons de connaître des goulots d'étranglement non seulement pour les traducteurs et linguistes, mais aussi pour certaines formations spécialisées, comme celles d'ingénieur, d'analyste d'images et d'expert économique et financier, portant sur des domaines que nos services devront suivre davantage.

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