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Intervention de Olivier Pétré-Grenouilleau

Réunion du 8 juillet 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Olivier Pétré-Grenouilleau :

Plutôt que d'occultations – qui renvoient à un acte volontaire – je parlerais de thèmes « moins abordés ». Dans les programmes scolaires, on parle peu d'histoire technique, d'histoire des religions, de l'histoire du monde entier avant la Révolution française. Les périodes anciennes sont traitées dans les petites classes et lorsque l'on aborde les « choses sérieuses », on s'intéresse à la période d'après 1789 ou d'après 1945. De nombreuses thématiques ne sont pas suffisamment étudiées comme l'histoire de l'Europe, qui n'est pas seulement l'histoire de la construction européenne, ou l'histoire du monde, car on vit dans un monde globalisé.

Les thématiques qui ne sont pas abordées ne renvoient pas forcément à des occultations. Elles renvoient à la manière dont les programmes officiels sont faits, dans la mesure où c'est à travers eux que l'on célèbre notre « roman national » et que l'on construit notre système démocratique.

Le niveau baisse-t-il ? Il me semble que nous avons de bons enseignements et de bons manuels scolaires. Ouvrez des manuels scolaires de collège ou de lycée : les questions coloniales occupent des chapitres entiers ; on y évoque les guerres de Vendée. Les avancées de la recherche savante se retrouvent dans les manuels, avec un certain décalage dans le temps ; il y a dix ou douze ans que sont apparues des éléments nouveaux relatifs à la construction de l'État nation à partir du Moyen-Âge, acquis des recherches des huit ou dix années précédentes. En revanche, si l'on veut que les élèves apprennent quelque chose, il ne faut pas abaisser le niveau de ce qu'on leur demande. Il y a une vingtaine d'années, on demandait aux lycéens une épreuve de dissertation et de commentaires de documents. Aujourd'hui, que leur demande-t-on lors de l'épreuve d'histoire ? De retrouver des informations dans un texte et de faire la preuve qu'ils sont capables de le comprendre. Et en première année d'université, il faut reprendre depuis le début la méthode du commentaire de documents.

Il ne faut donc accabler ni les enseignants ni les manuels scolaires, mais il faut demander un peu plus aux élèves et ne pas abaisser le niveau de l'évaluation. Évidemment et plus généralement, si l'on veut que tout le monde ait le bac et réussisse à l'université, on ne peut pas demander des choses très compliquées.

Je rejoins M. Rousso sur le fait qu'on a peut-être perdu beaucoup de temps avec ces questions relatives à la différence entre l'histoire et la mémoire, qui sont évidentes pour les historiens. Certes, il n'est pas inutile d'en débattre, mais les historiens ne sont pas à l'origine du temps qu'on a pu y passer.

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