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Intervention de Anita Guerreau

Réunion du 8 juillet 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Anita Guerreau :

Une partie de ce que je voulais dire a été dit par M. Morin. Vous nous avez demandé ce que vous pourriez faire pour encourager la recherche. Vous pourriez, de façon très efficace, encourager les services de conservation en leur donnant les moyens de travailler. Je ne tends pas la sébile. Mais lorsque j'étais élève à l'École nationale des Chartes, que j'ai dirigée ensuite, ces services vivaient tranquillement leur vie. On était dans le monde de l'érudition. Aujourd'hui, dans ce monde en mouvement continuel, qui pose bien le problème des transformations de l'histoire, on a vu surgir d'innombrables activités dans tous les services de conservation, notamment dans les services d'archives.

Il y a un lien intrinsèque entre la recherche historique et les services de conservation, mais il y a aussi, et c'est très nouveau, un lien intrinsèque entre les services d'archives et la transmission du savoir en vue d'une maîtrise plus poussée, par le citoyen, de la connaissance des résultats de l'histoire, et d'une appropriation rationnelle de ce qu'est l'histoire de la France, de l'Europe et, au-delà, du monde.

Je souhaiterais que vous soyez tous très attentifs à ce qui se passe dans ce domaine, et que vous veilliez à nous donner des moyens financiers raisonnables. On demande en effet de plus en plus de choses aux services. Mais ils ne peuvent pas tout faire avec des moyens restreints. Les collectivités territoriales travaillent beaucoup dans le domaine des bâtiments. Mais les bâtiments ne traitent pas les archives : il faut des êtres humains pour cela.

Le second point sur lequel je voudrais appeler votre attention est relatif aux personnels, et à toutes les catégories de personnels. La France a été un des premiers pays à penser la constitution d'institutions de conservation et à penser la formation scientifique des personnels de conservation. Elle a d'ailleurs, au XIXe siècle, servi de modèle à certains pays. Elle est encore actuellement un des pays d'Europe, probablement avec l'Allemagne et un ou deux autres, le pays qui a la plus grande ambition en termes de formation scientifique des personnels de conservation, c'est-à-dire des conservateurs.

Le rôle de ces institutions ne pourra pas être assumé à la hauteur de l'ambition qui a été affichée ici et à laquelle je sais que vous êtes sensibles, si en amont, c'est-à-dire dès le moment de la collecte, comme en aval, au moment où l'on transfère la connaissance, par le biais des musées et des expositions qui se sont multipliées, et par le biais des services pédagogiques des archives, on ne se rend pas compte que pour faire tout ce travail, il faut des gens formés au plus haut niveau scientifique. La gestion des papiers n'est pas une gestion administrative, mais un travail extrêmement scientifique. Il faut donc former des personnels scientifiques en quantité suffisante et au plus haut niveau. À l'heure actuelle, pratiquement tous les Länder recrutent leurs conservateurs au niveau du doctorat.

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