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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 20 mai 2009 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Monsieur Boucheron, l'approche française de la Conférence d'examen prévue l'année prochaine sur le TNP est claire. Nous avons salué les propositions du président Obama. Nous sommes pour la non-prolifération ; c'est la raison pour laquelle nous avons une position très déterminée sur l'Iran et sur la Corée du Nord. D'autre part, nous sommes pour le désarmement nucléaire, comme le Président de la République l'a exprimé dans son discours de Cherbourg en annonçant la réduction de notre arsenal à moins de 300 têtes nucléaires. Enfin, nous considérons que l'accès au nucléaire civil doit se faire sous le contrôle de l'AIEA, et c'est dans ce contexte que nous avons conclu un accord de coopération nucléaire civile avec l'Inde.

Nous avons déjà discuté avec nos partenaires en « P5 », c'est-à-dire entre membres permanents du Conseil de sécurité. Pour le moment, nous constatons que l'évolution américaine, sous l'impulsion de M. Obama, est très encourageante.

Concernant le bouclier antimissile américain, je rappelle que ce projet ne concerne pas l'Union européenne en tant que telle mais deux pays : la Pologne et la République tchèque. Ce dispositif est destiné à contrer une éventuelle attaque balistique iranienne, que les Etats-Unis prennent au sérieux, contrairement en apparence aux Russes alors même que leur territoire constitue une cible plus facile à atteindre pour l'Iran, le cas échéant.

Pour le reste, nous allons affiner notre position au fur et à mesure du déroulement des négociations, étant entendu que, si nous sommes favorables au désarmement, nous voulons aussi conserver une force de dissuasion autonome aussi longtemps que le contexte stratégique l'exigera.

Monsieur Janquin, en Mauritanie, la France est sur la même ligne que l'Union africaine. Il y a eu un coup d'Etat, même s'il était pacifique. Que pouvions-nous faire ? Nous avons reçu les émissaires à Paris sous l'égide de l'Organisation internationale de la Francophonie, ce fut une rencontre importante. J'ai appris que l'opposition n'allait pas participer à la consultation électorale car on se trouve dans une impasse. L'élection présidentielle était fixée au 6 juin ; quatre candidats, tous favorables au putsch, sont déclarés. Nous encourageons la médiation de M. Wade, lui-même encouragé par l'Union africaine et M. Jean Ping. Je vais recevoir la semaine prochaine le ministre sénégalais des affaires étrangères. Depuis le début, nous sommes favorables à une solution de compromis ; si nos amis sénégalais veulent nous associer à leur démarche de médiation, nous y sommes prêts.

En ce qui concerne la RDC, je suis moi aussi inquiet devant les nouveaux massacres perpétrés par le FDLR. Mais qui pensait que l'offensive mixte du Rwanda et des forces congolaises allait permettre d'éradiquer tous les petits groupes de meurtriers, cachés dans la forêt, qui composent le FDLR ? Personne. Il y aura malheureusement d'autres offensives. Nous pensons qu'un projet régional pourrait permettre, en regroupant tout le monde, d'élaborer une solution. C'est l'objet du projet Grands lacs, mais pour le moment on en est bien loin. La réalité d'aujourd'hui, ce sont les massacres, les déplacements de population, les réfugiés, les femmes violées, malgré les 17 000 soldats de l'ONU. Je dois retourner sur place avec mon homologue britannique, M. David Miliband.

Au Tchad, la responsabilité du Soudan est clairement posée. Tout le monde savait que les groupes rebelles avaient passé la frontière. Il est quand même inouï que la veille, à huit heures du soir, à Doha, ait été signé le compromis de paix, et que dès le matin il y ait eu une attaque à partir du Soudan ! Il se trouve que cette fois-ci les forces tchadiennes, sans l'aide de la France, ont très vite montré leur supériorité – et les rebelles sont revenus au Soudan. Il semble qu'il y ait eu encore ces jours-ci quelques passages de frontière. Je souligne que pendant tout le temps où l'EUFOR s'est trouvée sur place, chargée de la protection des populations civiles – mais pas du tout de celle de la frontière –, il n'y a pas eu une seule attaque. C'est l'une des réussites de la politique de défense européenne.

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