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Intervention de Anne-Marie Idrac

Réunion du 6 novembre 2008 à 9h00
Commission élargie

Anne-Marie Idrac, secrétaire d'état chargée du commerce extérieur :

Monsieur le rapporteur spécial, je m'inscris en faux s'agissant de votre déclaration sur l'APD. L'APD reste la priorité de la France. En revanche, vous avez raison de prendre date sur le pourcentage du PIB affecté à l'aide au développement. En 2009, en effet, le taux de 0,47 % ne sera pas atteint. Y arriver dépend d'un certain nombre d'annulations de dettes, qui ne seront pas toutes réalisées ; de ce fait, le taux, en augmentation, sera plutôt de 0,40 %, 0,41 % ou 0,42 %. J'essaie de parler vrai.

Je ne conteste pas les chiffres que vous avez cités. En revanche, il ne faut pas opposer les types de financements. Les différents financements, subventions, prêts concessionnels, prêts normaux, sont des moyens au service d'un objectif, celui que madame Taubira a cité, l'objectif du millénaire, qui est de faire reculer la pauvreté.

À cette fin, je vais aussi tripler le nombre de volontaires internationaux : il passera de 4 400 à 15 000. Deux fois 250 millions d'euros vont servir pour financer des entreprises, notamment des entreprises dont les porteurs sont de jeunes Africains formés, mais qui ne trouvent pas de financement. Ces fonds sont mis en place ; 25 millions d'euros ont déjà été affectés. Tout cela représente autant de moyens mis au service d'un même objectif : faire reculer la pauvreté.

On ne peut pas non plus opposer multilatéral et bilatéral : ce sont des formes d'intervention complémentaires. En revanche, la France aurait sans doute intérêt à s'interroger sur l'efficience du multilatéral, l'influence qu'elle y a, la possibilité de mieux orienter ses participations au service de ses objectifs et de sa stratégie. Je proposerai au Parlement de créer une mission spéciale sur les orientations du multilatéral ; il faudrait sans doute visiter un certain nombre d'organismes : Fonds mondial de lutte contre le sida, FED, PNUD, PAM.

Je veux saluer la qualité du rapport de Mme Taubira, notamment en ce qui concerne les accords de partenariat économiques. Ils doivent en effet être revus dans leur esprit. Je suis tout à fait favorable à ce que, lors de leur renégociation – aujourd'hui, ce sont des accords provisoires –, ils comportent moins de commerce et plus de développement, et qu'ils tiennent compte d'une « exception alimentaire », que je revendique, en matière de politique agricole. Les APE doivent devenir de véritables outils au service du développement, notamment du développement de l'agriculture vivrière. On ne peut pas le faire s'ils se limitent à être des accords commerciaux.

La France, madame Bousquet, accorde une très grande importance à la santé pour ce qu'on appelle la « santé reproductive », 77 millions d'euros sont consacrés au suivi de 900 000 grossesses en Afrique.

Je confirme notre volonté de rendre plus étroits nos partenariats avec les ONG ; nous allons accroître de 50 % les montants des aides qui passent par leur canal.

Monsieur Tardy, une attention particulière est portée au renforcement des capacités financières et statistiques des États partenaires, à travers des projets d'appui à la gestion des finances publiques, la mobilisation d'experts et un réseau d'assistants techniques. En quelques mois, j'ai accompli près de 30 voyages en Afrique et j'ai pu constater que de véritables progrès avaient été accomplis en matière de gestion publique. Ainsi, de plus en plus d'États adhèrent à l'Initiative sur la transparence des industries extractives – ITIE –, qui concerne les recettes des produits du sol – pétrole, ressources minières –, et se soumettent à cette expertise internationale. De la sorte, ils progressent dans la voie de la bonne gouvernance, les richesses tirées de l'exploitation du sol contribuant au recul de la pauvreté. On peut parler de ce qui nous choque, mais des comportements sont vraiment en train de disparaître.

C'est vrai, il y a parfois des reculs, y compris démocratiques. La situation en République Démocratique du Congo est dramatique. J'y étais le week-end dernier, je repars ce soir mais pour le processus de paix en cours à Nairobi. Mais nous devons aussi parler des progrès qui touchent tous les domaines. Monsieur Emmanuelli, dans le métier qui est le mien – un CDD dont je ne connais que la date de début –, comment ferais-je si je n'étais pas enthousiaste ? Il faut agir, rassembler les bonnes volontés. Tant mieux, c'est ma nature. Et vous ne changerez pas ma lecture des événements.

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