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Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 30 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Je voudrais redire à M. Becker que nous ne sommes pas du tout dans un débat sur la repentance. Je ne connais personne qui ait réclamé, où que ce soit, une repentance de qui que ce soit. Ce que l'on attend, c'est que les commémorations regroupent bien toutes les phases de notre histoire. Or l'esclavage en était absent, et il est bon qu'il soit réintégré dans la mémoire nationale.

Il ne s'agit pas de rappeler un certain nombre de faits pour attiser des conflits. M. Kodderitzsch a relaté, avec beaucoup d'émotion, la souffrance de quelques-uns. Aujourd'hui, nous cherchons, par les commémorations, à faire en sorte que l'on puisse partager. En ce sens, les commémorations sont un moyen de renforcer la cohésion nationale.

J'ai une grande admiration pour ce que fait le comité de la « route des abolitions », où je suis allée. Pour beaucoup de citoyens de l'outre-mer, apprendre que des paysans français avaient réclamé à Champagney, dès la Révolution, l'abolition de l'esclavage, fut très émouvant. Ils n'auraient jamais imaginé que leur sort pût les préoccuper !

Une commémoration bien faite et bien comprise peut aider à partager une souffrance. Il est très réconfortant de ne pas se sentir isolé. Le Pape s'est incliné à Goré, à la mémoire des esclaves. Ce fut un moment extrêmement important, qui a permis de réconcilier certains avec leur présent. Il ne faut pas partir de l'idée qu'une commémoration va diviser ou séparer ; elle peut au contraire réconcilier et rapprocher.

Il ne faudrait pas que ces débats sur les lois mémorielles donnent l'impression que l'on veut éliminer certains faits de la mémoire nationale.

Je suis allée à Ellis Island. Le fait qu'il y ait, dans le port de New York, un monument à la gloire des immigrants, un musée qui rappelle leur arrivée et leurs souffrances, prouve que le pays a conscience de s'être construit sur leurs souffrances. Leur rendre hommage en rappelant que ce sont eux qui ont bâti l'Amérique est très émouvant, notamment pour les nationaux américains, quelle que soit leur origine.

Les cérémonies commémoratives sont en effet de plus en plus désertées. Je pense que cela est dû fait que celles-ci sont « desséchées ». On pourrait en faire des moments festifs, des moments forts, en y associant les écoles. Autour du 27 avril, par exemple, nous avons organisé des cérémonies qui étaient très chaleureuses, avec de nombreux jeunes. Il faudrait donc réfléchir à la manière de mener ces commémorations. Si l'on continue à se contenter de cérémonies un peu tristes, avec juste un discours officiel, on découragera les gens et on ne pourra pas faire passer chez les jeunes les valeurs que nous souhaitons leur transmettre.

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