Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Bernard Migus

Réunion du 16 octobre 2007 à 10h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Bernard Migus :

C'est en effet au cours de cette première réunion qu'est envisagée, parmi les opérations potentielles, la cession d'une partie des actions EADS détenues par le groupe Lagardère. La direction financière nous donne à cette occasion la possibilité de réfléchir au sujet et de faire des propositions. Des réunions de travail avec le groupe s'ensuivent afin de comprendre ses objectifs et ses contraintes, de façon à présenter le produit qui correspond le mieux à son attente. Nous avons bien entendu le sentiment de ne pas être alors les seuls sur le dossier, nos concurrents ayant certainement effectué la même sorte de démarche que nous.

Il nous apparaît, à l'issue de plusieurs réunions de travail, que l'objectif du groupe est de sortir en douceur sur une certaine durée, en gardant les droits de vote le plus longtemps possible, tout en conservant, dans la mesure du possible, une participation au profit en cas de hausse du titre. En tout état de cause, l'idée est de replacer les « actions » – je reviendrai sur ce que signifie ce mot dans le cas précis – auprès d'un petit groupe d'investisseurs institutionnels français, sachant que le groupe Lagardère attache une importance extrême à la confidentialité, point qui le préoccupera tout au long du process. C'est d'ailleurs ce qui explique que la liste des investisseurs avec lesquels nous engagerons par la suite des discussions soit restreinte.

Une idée commence à se dessiner, mi-décembre, celle d'une ORAPA, produit qui n'est pas nouveau – c'est même la troisième ou la quatrième du genre –, mais que nous remettons au goût du jour. Il s'agit d'un financement, opéré à 100 % par IXIS, sous la forme d'obligations remboursables en actions, dont la parité est ajustable : outre le fait que ces obligations figurent dans le bilan d'IXIS – il est bien spécifié, contractuellement, que nous les conservons –, nous sommes remboursés en actions en trois échéances, en juin 2007, 2008 et 2009, le caractère ajustable signifiant que si le cours du titre EADS monte jusqu'à 15 %, le nombre d'actions que l'on nous donne est réduit proportionnellement : en fonction de l'augmentation ou non du titre, il peut nous être donné entre 7,5 % et 6,5 % d'actions. Au-delà de 15 %, rien ne change : le compteur reste bloqué à 6,5 %.

La banque IXIS ayant l'obligation de détenir ces obligations, elle a donc un risque sur l'action EADS, avec une composante dite de « dérivé » puisque le mécanisme de 15 % intègre un aspect dérivé, ou optionnel. C'est ce que l'on appelle un produit structuré. Pour couvrir notre position, autrement dit pour protéger nos risques, nous prenons alors une part du gâteau, c'est-à-dire que, pour couvrir notre position de dérivé, nous gardons à peu près 1,75 à 1,8 % des actions, sachant qu'une fois l'opération menée à bien, nous sommes intervenus tous les jours en achetant ou en vendant en fonction de la hausse ou de la baisse. C'est d'ailleurs ce qui fait que, mi-juin, au moment de l'annonce, nous avons également été impactés par la chute du titre EADS, et cela d'une manière non négligeable.

Notre couverture nécessitait donc, à la fois, que nous prenions des actions et que nous en revendions, si possible à terme, à des investisseurs. Si, d'un côté, IXIS détient 100 % de titres structurés qu'elle n'a pas l'intention de céder, de l'autre, elle vend des actions EADS, en l'occurrence des actions à terme – mais qu'elles soient à terme ou au comptant ne change par grand-chose en la matière.

Pour en revenir à la chronologie, nos interlocuteurs chez Lagardère commencent, début janvier, à être convaincus que l'idée d'ORAPA avec mécanisme de couverture n'est pas absurde. Ils nous autorisent alors à procéder à une sorte de sondage auprès de quelques investisseurs institutionnels sélectionnés afin de savoir s'ils trouveraient un intérêt à acheter des actions du groupe EADS, cette tâche étant répartie entre la maison Lazard, avec laquelle nous avons un accord de coopération, et nous.

Tandis que la banque Lazard se charge de la syndication auprès des investisseurs institutionnels du bloc d'actions, déduction faite de 1,75 à 1,8 % d'actions que nous conserverions, nous avons, pour notre part, la responsabilité des rapports avec Lagardère, du montage de l'opération ainsi que de l'adéquation des ORAPA et de la couverture pendant toute la durée de vie du produit, c'est-à-dire jusqu'en juin 2009. Parmi les investisseurs contactés en janvier par la banque Lazard, je crois alors savoir que figure la Caisse des dépôts.

Le Président Didier Migaud : Il suffit de lire les journaux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion