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Intervention de Didier Mathus

Réunion du 4 décembre 2008 à 9h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Mathus :

Deuxièmement, on nous parle de l'encadrement par les commissions parlementaires. Mais qu'en est-il au juste ? Une majorité des trois cinquièmes est nécessaire pour s'opposer à la décision du Président de la République. Or, dans toute l'histoire de la Ve République, jamais on n'aurait pu réunir, lorsque la droite était au pouvoir, une telle majorité pour s'opposer à ses projets. Jamais ! On comprend donc bien que cette disposition a une fonction décorative. C'est un faux-semblant visant à nous faire croire qu'il y a un début d'encadrement.

La vérité, encore une fois, c'est que c'est un retour en arrière sans précédent, de plus de vingt-cinq ans. C'est une dérive très inquiétante du pouvoir et de M. Sarkozy. Depuis maintenant un an et demi, il considère qu'il a table ouverte, studio ouvert dans toutes les chaînes de télévision. On l'a vu parler à l'infini, s'occuper de tout, nommer les journalistes et les animateurs, choisir les programmes. Maintenant, il veut encore plus. Il veut que le président de France Télévisions soit en quelque sorte l'un de ses collaborateurs directs.

C'est une régression extrêmement grave, qui justifie à elle seule le combat que nous avons engagé depuis un peu plus de huit jours. Dans l'histoire démocratique récente, un tel déni est sans précédent.

Inutile de chercher d'autres pays où les choses pourraient se passer ainsi. Chers collègues de la majorité, vous qui êtes d'habitude si prompts à citer nos partenaires en exemple, à nous dire combien ils sont modernes parce qu'ils font ceci ou cela, je vous invite à regarder comment on désigne, partout en Europe, les présidents de l'audiovisuel public. Il n'y a pas un seul pays – pas un seul – où l'on ait pu imaginer une seconde que les patrons de l'audiovisuel public soient désignés par décret du chef de l'exécutif. C'est inimaginable !

Nous sommes donc bien confrontés à une dérive bonapartiste du pouvoir, qui doit être combattue avec vigilance. Je suis extrêmement déçu, je vous le dis, du comportement de députés comme Patrice Martin-Lalande, comme Christian Kert, et d'autres, qui, au cours des dix dernières années, ont essayé de défendre le service public et son indépendance, en illustrant une certaine idée – peut-être héritée du gaullisme – de la télévision publique. Je suis triste de les voir aujourd'hui s'agenouiller aussi indécemment devant l'oukase présidentiel. Je crois que tous les députés, tous les élus du suffrage universel, devraient refuser ce projet du Président de la République.

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