Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Daniel Paul

Réunion du 30 juillet 2007 à 15h00
Dialogue social et continuité du service public dans les transports terrestres — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Paul :

En tentant de faire passer votre attaque contre le droit de grève pour un projet en faveur du dialogue social et de la continuité du service, c'est-à-dire un projet pour faciliter la vie des gens, vous espérez faire passer les réactions des cheminots, et bientôt des enseignants, pour du corporatisme et leur retirer ainsi tout soutien populaire !

Et quand, après avoir « libéré » les heures supplémentaires, les responsables de la droite parlent de faire du service minimum « la revanche de l'idéologie du travail sur celle de la grève », alors oui, nous sommes bien dans une stratégie globale et cohérente avec le slogan « travailler plus pour gagner plus ! ».

Sans doute, gardez-vous en mémoire la fin de l'année 1995, où la mobilisation du secteur public, particulièrement des cheminots et des enseignants, s'était transformée en grève par délégation soutenue par l'immense majorité du peuple et avait réussi à faire plier le gouvernement d'Alain Juppé !

Sans doute aussi, vous souvenez-vous de la façon dont Mme Thatcher s'y était prise, dans les années 1980, pour arriver à ses fins : briser toute capacité de résistance des salariés, tenter de démontrer l'inutilité des grèves, non en satisfaisant les demandes des salariés, mais en laissant, au contraire, pourrir les mouvements, développer à travers le pays une campagne idéologique intense pour capter le moindre soutien, afin d'adapter la société britannique aux exigences du capitalisme financier international.

On sait ce que cela a donné pour les chemins de fer, la poste ou l'énergie, secteurs où la finance internationale dicte à présent sa loi. On sait aussi ce que cela a donné en matière de protection sociale au point que c'est en Grande-Bretagne que sont apparus les working poor, les travailleurs pauvres !

Certes, nous sommes en France, pas en Grande- Bretagne, mais l'inspiration est la même. Nul doute que, dans cette stratégie globale, le débauchage de personnalités issues de la gauche a pris toute sa place !

Nul doute aussi que votre refus obstiné de tout bilan de l'évolution des secteurs énergétique, postal, ferroviaire, qui mettrait en évidence la relation entre la casse des secteurs publics, des droits sociaux et l'explosion du capitalisme financier, trouve ainsi une grande partie de son explication.

Pour vous, il s'agit d'utiliser au maximum la période que l'on désigne comme « l'état de grâce » et qui suit généralement celle des élections, et de profiter à plein de la période des vacances, pour commencer à briser toute potentialité de résistance.

L'offensive contre le droit de grève que cache mal le texte que vous nous proposez aujourd'hui vise donc à tenter de museler le mouvement social, à affaiblir durablement les organisations syndicales afin que vous ayez les mains libres – du moins c'est ce que vous espérez ! – lorsque, dans les prochains mois, viendra le temps des réformes bien plus dures que celles que vous avez fait voter ces dernières semaines !

Vous voulez adapter notre pays aux exigences du capitalisme financier mondialisé, ce qui passe par la réduction des capacités de résistance des salariés, par l'acceptation idéologique de vos objectifs – ce que vous cherchez dans ce texte en responsabilisant les conseils régionaux et généraux aux décisions.

Pour cela, vous prétendez que la lutte des classes, c'est fini, qu'il y a communauté d'intérêts entre les PDG du CAC 40, leurs actionnaires et leurs salariés, entre ceux qui délocalisent les usines pour que les dividendes soient toujours plus juteux et ceux qui perdront leur travail et qui, de surcroît devront en rabattre quant à leurs prétentions, s'ils veulent que leur entreprise demeure en France. Quant aux actionnaires, les vrais nantis, vous venez de leur montrer combien vous compreniez leurs soucis avec le paquet fiscal. (« Très juste » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Sans doute estimez-vous qu'il y a communauté d'intérêts entre celui qui part avec un parachute doré et celui qui, son emploi perdu, va pointer à l'ANPE en se demandant comment il retrouvera du travail.

Jamais le patronat et la droite n'ont accepté les droits gagnés par les salariés, qu'il s'agisse du droit à la protection sociale ou de celui de se mettre en grève pour protester ou pour améliorer son sort. Et l'offensive idéologique contre les luttes de 68 participe aussi de cette stratégie !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion