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Intervention de Dominique Orliac

Réunion du 6 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

En outre, ces franchises médicales viennent s'ajouter aux mesures déjà existantes et mises en place par M. Douste-Blazy.

Ce gouvernement veut culpabiliser les malades en agitant le spectre du déficit public qui serait dû à des abus médicaux et à une surconsommation de médicaments. C'est un peu réducteur et très largement simpliste.

Disons-le tout net : les crédits attendus de 800 millions d'euros ne seront pas, et de très loin, suffisants pour subvenir aux plans de lutte contre le cancer et contre la maladie d'Alzheimer et pour financer les soins palliatifs.

La crédibilité du plan Cancer mérite plus qu'une simple ligne budgétaire. Notre rapporteur spécial, Gérard Bapt, appelle de ses voeux une évaluation de ce plan et regrette, à juste titre, que l'année 2008 soit placée sous le signe de l'attentisme. Il précise dans son rapport qu'en 2008, la lutte contre le cancer devrait mobiliser 105,6 millions d'euros sur le budget du programme, soit une diminution de l'ordre de 10,3 % par rapport à 2007. L'Institut national du cancer connaîtra aussi une baisse de ses crédits en 2008, de l'ordre de près de 3 %. Comment, dans ces conditions, parler encore du plan Cancer comme d'une priorité budgétaire ? Il est surprenant de constater aujourd'hui que 8 millions d'euros ne sont pas consommés, ce qui demeure inexpliqué, alors que tant d'associations collectent des fonds pour financer des actions en faveur des malades. Une meilleure évaluation des besoins s'avère donc plus que jamais indispensable. Le plan Cancer – pas plus que le plan Alzheimer ou les soins palliatifs – ne doit servir de « cheval de Troie » aux franchises médicales.

S'agissant du médicament, le secteur de la distribution, que vous connaissez bien, madame la ministre, la pharmacie d'officine subit une déstabilisation, notamment en milieu rural et en milieu périurbain, du fait des attaques incessantes et répétées de la Commission européenne sur le monopole concernant l'exercice personnel et la liberté du lieu d'installation de l'officine. L'officine française assure un approvisionnement de qualité et de proximité sur l'ensemble du territoire. C'est là aussi l'un de nos meilleurs atouts qu'il convient de sauvegarder et de renforcer. Mais à la lecture des crédits de la mission « Santé », on ne peut que regretter, là aussi, l'absence de la prise en compte et du rôle fondamental des pharmacies dans notre politique de santé publique. Le pharmacien, dans le cadre de la maîtrise des dépenses de santé et d'un glissement de métiers lié au déficit en professionnels de santé, doit devenir un acteur plus présent au sein de la chaîne médicale. Son implication devrait être plus marquée dans les affections courantes et symptomatiques et son rôle devrait être accru dans la prise en charge en première orientation des malades. Le pharmacien devrait pouvoir renouveler les ordonnances pour les patients chroniques, dispenser une médication d'urgence – par exemple la pilule contraceptive du lendemain –, de même qu'il doit pouvoir devenir un expert en gestion des risques de santé publique et être une « vigie » pour la détection de situation pré-pandémique, comme le SRAS ou la grippe aviaire.

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