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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 13 juillet 2007 à 15h00
Travail emploi et pouvoir d'achat — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Avec le mini-débat qui vient de s'engager, après le retrait de deux amendements au profit d'un autre, je m'interroge sur le sens que vous attachez à l'expression « performance d'entreprise » et j'ai le regret de constater que je n'y comprends rien du tout − je suis sans doute le seul dans ce cas −, ou tout au moins que ce que je comprends n'a rien à voir avec ce que vous tentez d'expliquer.

Prenons quelques exemples. Quand M. Tchuruk a annoncé qu'il allait faire de ses entreprises des entreprises sans salariés, le cours de l'action de sa société a connu une flambée en bourse : je ne me rappelle pas le chiffre exact, mais il était suffisamment important pour scandaliser le monde politique, et même certains industriels qui disaient : « Notre rôle, c'est de fabriquer, pas de faire de l'argent en se croisant les bras. » Le virtuel, c'est dans les mouvements financiers, mais, jusqu'à aujourd'hui, ou peut-être même malheureusement jusqu'à hier, une entreprise avait pour vocation de produire quelque chose, de le vendre, de dégager des marges, de se moderniser. C'était un mouvement naturel et positif. De ce point de vue, l'exemple d'Alcatel est terrible.

De la même manière, quand M. Riboud, PDG de Danone, a annoncé la fermeture de deux usines LU, l'action de Danone a explosé : chacun se souvient du scandale. Mais M. Riboud avait un coup d'avance. À l'époque, il fallait fermer les usines pour assurer la pérennité de l'entreprise : on a vu ce que cela a donné, puisque la division biscuits est désormais vendue aux Américains, ce qui dégage 5,9 milliards de bénéfice et permettra de racheter une autre entreprise productrice d'aliments pour bébés. Ce que l'on craignait hier se vérifie aujourd'hui : on a constaté une anticipation pour liquider des emplois sur le territoire national et empocher, quelque temps plus tard, un beau pactole. Ce M. Riboud et son conseil d'administration sont décidément très forts.

Je pourrais citer d'autres exemples de ce genre. Je ne connais qu'un seul dirigeant d'entreprise qui, voyant le scandale national provoqué par Alstom, a déclaré qu'il rendait ses indemnités de départ. C'est M. Pierre Bilger. Mon ami Jean-Pierre Brard me disait que sa femme avait dû drôlement le savonner. (Sourires.) On ne devait pas être très loin de la scène de ménage, en effet. Mais c'était un geste important, qui a fait plaisir à beaucoup de monde.

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