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Intervention de Huguette Bello

Réunion du 7 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, les objectifs annoncés de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » sont ambitieux et leur formulation ne peut susciter que l'adhésion. Qui peut en effet s'opposer à l'objectif de développer le sport dans sa double dimension : sport de haut niveau et pratique sportive pour tous ? Qui peut refuser l'objectif de favoriser l'accès des jeunes aux activités éducatives à travers les associations ? Pourtant, toutes ces bonnes intentions se heurtent à la traditionnelle modestie des moyens budgétaires qui, de plus, sont en diminution pour 2008. Les acteurs de terrain sont les mieux placés pour dire le décalage entre les ambitions et les moyens.

Pour une population où les jeunes sont nombreux et doivent faire face à un chômage massif, la Réunion développe une pratique sportive intense. Avec plus de 1 000 clubs et pas moins de 80 disciplines dans l'île, le sport y concerne un nombre très important de personnes.

Après celle de l'an dernier, la nouvelle réduction des moyens accordés à l'action « Promotion du sport pour le plus grand nombre » est extrêmement préoccupante. Ce nouveau désengagement de l'État, qui laisse de plus en plus aux seules collectivités la charge du financement du sport de masse, met en danger les réalisations existantes et rend difficile, voire impossible, le développement de nouvelles pratiques sportives destinées à de nouveaux publics. Ce désengagement rejaillit aussi sur le haut niveau et, à moyen terme, le met en danger car, comme on le sait, il dépend du travail de découverte des talents et de formation effectué en amont dans les clubs.

Loin de moi l'idée d'opposer sport pour tous et sport de haut niveau. C'est dans cette logique que le Gouvernement devrait étudier la possibilité de créer une taxe sur les droits de retransmission télévisée qui sont négociés au titre des disciplines phares, médiatiquement porteuses et pour des montants vertigineux. Actuellement, seule une minorité de clubs en bénéficie. L'affectation d'une partie de ces droits au sport de masse est de nature à assurer à celui-ci des moyens plus confortables pour se développer sur l'ensemble du territoire et au profit du plus grand nombre de jeunes, sans pour autant priver le sport d'élite de ses ressources. En outre, il apparaît plus que jamais nécessaire de distinguer, à l'intérieur de l'action « Sport de haut niveau », entre les professionnels et les autres sportifs de haut niveau, plus nombreux mais bien plus modestes.

Avec environ 400 sportifs de haut niveau, c'est-à-dire inscrits sur la liste nationale arrêtée par le ministère chargé du sport, la Réunion se classe parmi les tout premiers départements français. C'est le signe d'un monde sportif dynamique, d'une politique efficace de détection et d'un accompagnement bien adapté. Cette situation favorable nous incite pourtant à plaider pour que soient créées les conditions qui permettront à d'autres jeunes Réunionnais d'accéder aux filières de haut niveau. Elle met aussi l'accent sur la nécessité de nous montrer attentifs à l'accompagnement de ces sportifs au-delà de leur pratique sportive. Il serait judicieux de prévoir pour eux un dispositif d'aide à la reconversion qui leur permettrait notamment, après leur carrière, de faire partager leur expérience et leur compétence à ceux qui leur succéderont. Cela vaut particulièrement pour les disciplines qui ne sont pas les plus médiatisées.

Pour ce qui concerne le programme « Jeunesse et vie associative », si les intentions proclament la nécessité de resserrer le lien social, de lutter contre la délinquance, de promouvoir l'apprentissage de la citoyenneté, les moyens ne cessent de diminuer. Les conséquences de ces désengagements financiers successifs font que les associations qui interviennent dans le secteur de l'éducation populaire et de la jeunesse, même si elles assurent des missions de service public, n'ont pas les moyens de développer leurs activités. La poursuite, par les municipalités, des orientations de type « développement des acteurs associatifs » est plus que problématique.

Il y aurait lieu également de favoriser un peu plus de souplesse dans le fonctionnement des associations. Il apparaît de plus en plus que le primat des dispositifs pèse trop sur les projets locaux. Plus que de définir des politiques adaptées à des territoires particuliers, il s'agit trop souvent de remplir des critères définis a priori. Du côté du bénévolat, le malaise est grandissant puisque les bénévoles, contraints de faire prédominer la gestion sur l'action, se découragent très souvent en constatant que le rôle éducatif qu'ils souhaitent jouer perd de l'importance au profit d'une activité formelle et administrative.

J'espère, monsieur le secrétaire d'État, que vous répondrez à mes remarques. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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