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Intervention de Pierre Gosnat

Réunion du 27 janvier 2009 à 21h30
Logement et lutte contre l'exclusion — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Gosnat :

En aucune manière, je ne mets en cause vos sentiments, mais quel sens ces mots ont-ils à vos yeux ? Vous avez défendu bec et ongles un budget en baisse de 7 % et vous exaltez un plan de relance qui prévoit la construction sur deux ans de 100 000 logements supplémentaires, dont seulement 30 000 réellement sociaux, alors que, dans la seule ville de Paris, près de 113 000 demandes n'ont toujours pas été satisfaites.

Il y a cinquante-cinq ans, le 1er février 1954, l'abbé Pierre lançait cet appel : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. » En son temps, cet appel réveilla les consciences, inspirant la mise en oeuvre de vastes programmes de création de logements sociaux.

Or, à la date du 7 janvier 2009, plus de 300 personnes sont mortes, non pas dans la rue, mais d'être à la rue, pas seulement par suite de vagues de froid, mais aussi parce que l'on ne vit pas vieux lorsqu'on a pas de toit. L'espérance de vie d'un SDF est de quarante-huit ans, soit trente-deux ans de moins que la durée de vie moyenne des Français ! Derrière ces chiffres, ce sont des vies qui s'éteignent, bien souvent dans l'indifférence. Il est d'ailleurs significatif que les médias ne mettent jamais de nom sur ces êtres retrouvés morts dans la rue. Comme si une personne privée de toit était aussi privée d'identité. Pourtant ils s'appellent Jean-Michel Bertout, mort à Lyon, André Gérard, mort à Paris, Ali Guérab, mort à Marseille…

Vous ne cessez de répéter que l'offre d'hébergement est suffisante dans notre pays ; vous avez même avancé l'idée d'un hébergement obligatoire en cas de grand froid, proposition que vous avez vite retirée devant la levée de boucliers qu'elle suscita. Souvenez-vous de cette tribune des associations dans Le Monde, qui rappelaient que les sans-abri ne meurent pas seulement durant l'hiver et que les prendre de force reviendrait à les déposséder de leur statut de personnes sans que les conditions d'accueil soient réunies.

Vous avez pourtant, la semaine dernière encore, justifié de façon véhémente dans cet hémicycle votre échec par la non-volonté d'hébergement des SDF eux-mêmes.

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