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Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 15 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Enseignement scolaire

Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale :

Monsieur Roy, pour m'être un peu occupé, pendant une trentaine d'années, des problèmes de l'éducation nationale, je puis vous répondre ! Vous ne pouvez pas faire une comparaison objective : dans le premier degré, il y a un professeur par classe, et dans le second, une ventilation. (« Bonne réponse ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

S'agissant des heures supplémentaires, j'ai été heureux d'entendre Mme Amiable dire qu'il fallait revenir au coeur de la mission de l'éducation nationale. Parmi les problèmes qui se posent à nous, et à moi en tant que ministre, il existe une multitude d'obligations, de contraintes, de partenariats qui pèsent sur l'école et qui représentent près de 10 % de ses dépenses. Il est donc nécessaire que nous nous posions la question de savoir ce qu'est notre coeur de métier. Qu'est-ce que l'école ? Quelle est sa fonction première ? Je le répète, madame Mazetier, je ne laisserai personne dire que le ministre a pu stigmatiser les enseignants à un moment ou à un autre. Vous ne trouverez aucun mot de ma part montrant que j'ai pu douter de l'utilité de soutenir et de respecter les enseignants, car je sais que l'école passe d'abord par les classes. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.) J'ai toujours dit que l'on avait tort de juger de l'efficacité du système éducatif dans sa globalité. Ce qui fait l'échec ou la réussite de l'école, c'est ce qui se passe dans ces cellules de base que l'on appelle les classes. Qui fait la classe ? Les professeurs, et je suis leur ministre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Par ailleurs, nous avons augmenté le nombre d'heures supplémentaires. Ce n'est pas convenable, et ce ne sont pas des méthodes, me dit-on. Or, nous l'avons constaté lors de la mise en place des études surveillées au collège, dont vous avez bien voulu reconnaître, les uns et les autres, que ce n'était pas une disposition injuste, les enseignants acceptent de faire ces heures supplémentaires. En outre, défiscalisées, exonérées de charges, elles augmentent leur pouvoir d'achat. Elles n'excluent évidemment pas une réflexion plus globale sur le métier de l'enseignant : comment il commence sa carrière, comment faire pour qu'il soit mieux respecté et mieux payé. Nous pourrons en discuter dès le 1er janvier 2008, lorsque la commission Pochard nous aura remis son rapport.

Ces heures supplémentaires permettront d'économiser 4 200 postes, dont 700 dans le privé.

Enfin, nous recrutons. Certains rapports laissent à entendre qu'il n'y aurait plus demain assez de professeurs pour faire la classe. Mais si ! Nous avons pris très précisément la mesure des besoins dans les diverses disciplines, organisé les remplacements et dénombré les stagiaires, et nous recruterons cette année 18 000 personnes, chiffre relativement élevé. Par ailleurs, le projet de budget pour 2008 poursuit le mouvement de décentralisation des personnels techniques, qui est estimé cette année à 26 847 équivalents temps plein travaillé.

Ces remarques générales sur les chiffres, qui pourront toujours susciter la polémique, ne doivent pas masquer l'essentiel. Quelle est notre offre éducative ? Quels sont les besoins des élèves ? Comment atteindre la plus grande efficacité ?

La situation dans laquelle nous nous trouvons nous oblige, non pas à appauvrir l'offre éducative, mais à la rénover, à l'adapter et à la concentrer sur l'essentiel. Je ne veux pas faire du comparatisme une doctrine, mais toutes les études internationales montrent que la structure des coûts au sein de notre système éducatif est très différente de celle qui prévaut dans des pays comparables au nôtre. La durée moyenne de la scolarité et le temps que nos élèves passent chaque année à l'école y sont supérieurs ; pour autant, les résultats ne sont pas pleinement satisfaisants. La dernière enquête PIRLS, que j'ai citée à plusieurs reprises et qui sert de référence en matière d'apprentissage et de maîtrise du langage des enfants de dix ans, révèle que la France est en dessous de la moyenne européenne et que sa situation s'est érodée depuis la précédente comparaison, faite en 2001. Et n'oublions pas que, dans beaucoup de pays européens, la scolarité commence à six ans, voire sept ans dans certains d'entre eux, alors qu'elle commence chez nous à trois ans, ou même avant.

En vérité, nos écoles ne souffrent pas d'un problème quantitatif, mais plutôt d'un problème d'adéquation entre l'offre éducative et les besoins des élèves.

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