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Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 30 avril 2009 à 15h00
Augmentation des salaires et protection des salariés et des chômeurs — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarisol Touraine :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, en période de crise il faut non seulement répondre par des mesures d'urgence aux situations les plus dramatiques, mais aussi proposer des pistes pour apporter des réponses structurelles à certains problèmes. Nous l'avons entendu au cours de la campagne présidentielle, l'idée d'une sécurité sociale professionnelle, indépendamment de la déclinaison ou du contenu que l'on veut bien lui donner, apparaît comme une étape absolument nécessaire pour consolider notre système de protection des salariés. Or, parmi les salariés qui se retrouvent aujourd'hui au chômage, il est une catégorie particulièrement exposée à la crise : celle des jeunes de moins de vingt-cinq ans. Le chômage des jeunes augmentant de façon beaucoup plus rapide que celui de la moyenne de la population – plus 35 % en un an, alors que le chômage en général a augmenté de 19 % –, il faut se demander quelles mesures peuvent apporter une protection particulière à ces jeunes sans leur être réservées.

A cet égard, je veux dire la déception qui a été la nôtre, la mienne notamment, face aux annonces du Président de la République concernant les mesures destinées à soutenir les jeunes dans la crise puisque, notamment – ce n'est pas la seule raison de notre déception –, elles font totalement l'impasse sur la question de l'arrivée des jeunes sur le marché de l'emploi. Ces mesures se concentrent en effet presque exclusivement sur la formation des futurs salariés, ce qui est important, mais ne répondent absolument pas au défi posé par l'arrivée, dans quelques mois, de nouvelles générations de jeunes sur le marché de l'emploi, et encore moins à la situation de ceux qui sont déjà au chômage. Or, si les jeunes sont particulièrement visés par le chômage, c'est pour une raison en particulier : leur entrée stable sur le marché de l'emploi étant difficile, ils passent par une période au cours de laquelle ils accumulent des emplois précaires, des CDD ou des intérims. A la fin du mois de février, par exemple, le quart des nouveaux chômeurs était constitué de personnes dont l'emploi précaire, CDD ou intérim, était arrivé à terme.

Voilà pourquoi nous faisons aujourd'hui cette importante proposition, qui doit être conçue comme la première étape d'une nouvelle sécurité sociale professionnelle. Il faut en effet apporter une réponse particulière à la situation des jeunes de seize à vingt-cinq ans en prolongeant de six mois, donc de façon exceptionnelle, la durée d'indemnisation chômage des personnes arrivant en fin de CDD ou de contrat d'intérim. On ne peut plus dire comme vous l'avez fait – on ne vous entend d'ailleurs plus sur ce point ! – que le chômage résulte d'une volonté de ne pas travailler, que l'inscription de nouveaux chômeurs au pôle emploi relève d'une stratégie délibérée de salariés préférant s'inscrire au chômage plutôt que rechercher un emploi. Dans la situation structurelle actuelle, le chômage doit être pris en compte de façon plus volontariste. La difficulté à laquelle se trouvent confrontés les chômeurs en fin de CDD ou d'intérim, en particulier les jeunes, c'est que leur indemnisation est en moyenne plus faible que celle des autres salariés. Vous le savez, monsieur le ministre, moins d'un salarié sur deux bénéficie d'une indemnisation chômage, mais les plus de cinquante ans sont indemnisés pour 80 % d'entre eux, alors que les moins de vingt-cinq ans sont indemnisés pour 45 % d'entre eux. C'est pourquoi il nous paraît absolument nécessaire de nous engager dans cette voie.

Enfin, nous regrettons que l'article 4 contenant une telle proposition ait été, à la demande du Parlement, frappé par la sévérité de l'article 40. Je pense que le Gouvernement était là pour agiter l'Assemblée,…

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