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Intervention de Christiane Taubira

Réunion du 25 juillet 2007 à 15h00
Libertés et responsabilités des universités — Article 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristiane Taubira :

Madame la ministre, c'est maintenant le quart d'heure de l'outre-mer, comme il y avait, dans les bals de ma grand-mère, le quart d'heure de charme. (Sourires.)

L'essentiel a été dit sur l'outre-mer. Simplement, vous savez pour avoir été des nôtres – je parle du Parlement et pas de nos bancs – à quel point nous rechignons lorsque l'exécutif décide d'utiliser son pouvoir de légiférer par ordonnance. Cette prérogative a pour seule élégance de demander au Parlement son consentement pour se laisser dépouiller. Nous sommes donc quelque peu gênés que les dispositions concernant l'outre-mer soient renvoyées aux ordonnances, et ce non pas parce que les problèmes sont inextricables mais parce qu'ils n'ont pas été pris en compte en amont. Cela me donne l'occasion de rappeler l'importance de l'enseignement de l'histoire, qui donne des réflexes.

Grâce à l'histoire, on n'oublie pas que le territoire de la République, ce n'est pas seulement l'Hexagone. Et certaines problématiques qui apparaissent dans les territoires d'outre-mer permettraient d'anticiper toute une série de difficultés à une échelle où il est plus facile d'apporter des solutions.

Madame la ministre, il faut lever quelques ambiguïtés. Il est certain que la dynamique consistant à inciter les universités à se regrouper pour être mieux calibrées au regard de la compétition internationale, et mieux armées pour continuer à produire et à diffuser des savoirs dans tous les domaines et les matières, est une démarche moderne, sensée et juste sur un territoire de continuité. Elle peut cependant s'avérer absurde, ou pas pertinente, sur des territoires éclatés. C'est le problème central auquel nous allons être confrontés. Nous sommes persuadés que vous allez faire l'effort d'engager une consultation diverse, plurielle, complète et exhaustive, pour entendre tous les points de vue et lever les malentendus.

Pour la Guyane, par exemple, si j'évoque une université qui pourrait se déployer sur le bassin amazonien, je le fais non pas dans une logique de rupture par rapport à l'université des Antilles et de la Guyane, mais pour prendre en compte les réalités du bassin amazonien. De la même façon, l'arc caraïbe constitue une réalité géopolitique et une aire culturelle extrêmement importantes pour la Martinique et la Guadeloupe. Au lieu de s'enfermer, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane peuvent se déployer : les deux premières dans l'arc caraïbe et la Guyane dans le bassin amazonien. Nous démultiplierons ainsi non seulement nos capacités de coopération, d'échange, de mutualisation et de diffusion des savoirs, mais aussi nos moyens puisque nous mettrons à la disposition de chacun des trois pôles les moyens que chaque pôle pourra collecter.

La question n'est pas simplement arithmétique, madame la ministre. Si tel était le cas, nous regarderions alors de près les « gaspillages arithmétiques », tous ces budgets nécessaires pour éviter les conflits, les litiges, les suspicions, que la distance aggrave systématiquement, et qui financent les voyages de délégations pour procéder, à Paris, à des conciliations entre les Antilles et la Guyane. Nous ne sommes pas adversaires. Et il n'y a pas d'ennemis intérieurs. Nous pouvons donc coopérer et nous déployer. Je souhaiterais que vous nous entendiez tout particulièrement sur ce point. Les gouvernements précédents ont su le faire, notamment dans le Pacifique en séparant la Nouvelle-Calédonie de la Polynésie. Cela n'a nui à personne, même si, pour Wallis-et-Futuna, un autre problème se pose. Mais, comme l'a rappelé hier un député de votre majorité, l'effectif n'est pas l'élément exclusivement déterminant de la performance d'une université.

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