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Intervention de Philippe Gosselin

Réunion du 11 février 2009 à 9h30
Déclaration du gouvernement sur le changement de statut de mayotte et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Des sultans batailleurs du XIXe siècle, de 1841, de cette volonté, déjà, de se rapprocher de la France à la consultation du 29 mars 2009, près de 170 ans d'histoire commune ont lié Mayotte à la métropole. Certes, monsieur Lecoq, cette histoire ne fut pas toujours linéaire. Elle comprend, j'en conviens, des périodes d'amour, de désamour et d'interrogations. La France n'a pas toujours été aussi protectrice ni aussi proche qu'elle l'aurait dû. Néanmoins n'ayez aucun doute, amis mahorais : Mayotte, c'est la France et les Mahorais sont Français. Mayotte est un coin de France de 374 kilomètres carrés, situé à 8 000 kilomètres de la métropole. Pour ma part, je suis épaté de l'attachement à notre pays, que les Mahorais ont rappelé à deux reprises, librement, dans le cadre du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, loin de l'État colonial que certains ont dénoncé.

Il est vrai que, depuis quelques années, plusieurs rapprochements ont été opérés sur le plan législatif ou réglementaire. Depuis 2000, l'identité législative de Mayotte a progressé. Aujourd'hui, au lendemain de la délibération de 2008, les élus de Mayotte ont souhaité aller plus loin en proclamant clairement et librement leur attachement complet, définitif à notre pays.

Oui, Mayotte, c'est la France. Pourtant, quand on revient de ce territoire, on demeure étonné par la justice cadiale, qui a beaucoup évolué cependant, ces dernières années, par la polygamie, par certains aspects du droit de succession, par la justice, par les rapports entre les hommes et les femmes. Sans doute la départementalisation sera-t-elle l'occasion de remettre certains sujets à plat.

L'article 75 de la Constitution reconnaît par exemple un droit local, en partie coutumier. Cela étant, sans qu'il soit question de tout confondre ni de tout supprimer, il faut rattacher certains modes de fonctionnement aux valeurs de la République : liberté, égalité – notamment entre hommes et femmes –, fraternité. Entre autres sujets d'étonnement, je note qu'il y a trop peu de francophones sur la belle île de Mayotte.

Celle-ci a par conséquent des défis à relever, mais de quels atouts elle dispose !

Le premier défi est démographique. Sur 374 kilomètres carrés, il y a pratiquement 200 000 habitants, et la population doublera dans les seize ou dix-sept prochaines années. C'est dire que les enjeux sont très forts. La population a été multipliée par huit depuis 1950.

Ces problèmes démographiques rejoignent ceux de l'immigration, très forte et venue essentiellement d'Anjouan. Peut-être doit-on l'attribuer à une forme de duplicité ou de laisser-faire de la part de certaines autorités. Quoi qu'il en soit, on peut regretter de ne pas avoir d'interlocuteurs qui auraient une politique fiable et durable. Pour résoudre ce problème d'immigration, une politique de co-développement, plus encore que de coopération, est sans doute à inventer, en direction des Comores et des autres territoires limitrophes.

Du fait de la jeunesse de la population de Mayotte, la scolarisation constitue un autre défi. Pour 190 000 habitants, on compte 74 000 élèves scolarisés. Il faut ouvrir un lycée et un collège par an. Combien de territoires métropolitains seraient heureux d'avoir à gérer une telle difficulté ! Qu'en dites-vous, monsieur Descoeur, vous qui connaissez la pénurie et la diminution du nombre d'élèves, qui frappe les territoires ruraux ? Avoir autant de jeunes sur leur territoire constitue à la fois une chance et un atout pour les Mahorais.

D'autres défis concernent l'économie : pour intégrer les 4 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire, les uns diplômés, les autres, non, le beau nombre de 1 500 créations d'emplois demeure insuffisant. Malgré les efforts du Gouvernement, le chômage est important, et, même si le taux de croissance de 9 %, que la métropole envie, est loin d'être celui d'un territoire en déshérence, un rééquilibrage s'impose entre les différentes activités de l'île.

L'état-civil constitue lui aussi un défi. C'est une base nécessaire, car il y a aujourd'hui trop de fraudes et d'incertitudes, qui risquent de miner le développement de l'île. J'ajoute que la fiscalité et le foncier doivent être privilégiés, mais beaucoup a été dit sur ce sujet.

Face aux défis que doit relever Mayotte, que d'atouts sur le plan du tourisme, de l'agriculture, de l'aquaculture ! Chers amis de Mayotte, votre île est magnifique. Pour autant, elle n'est pas suffisamment mise en valeur et demeure encore une belle endormie attendant son prince charmant.

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