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Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 23 septembre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Article 2, amendements 2 537

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Je me sentais tout à l'heure particulièrement isolé dans mon bureau : je regardais cette séance, assez désespéré de constater que le débat avance peu (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.) et que ceux qui sont censés défendre ce projet sont étrangement muets. Si nous étions un 4 août, nous pourrions peut-être imaginer abolir purement et simplement ce projet de loi et le remplacer par la suppression du bouclier fiscal ; mais ne rêvons pas et revenons à des considérations plus terre à terre.

Nous sommes nombreux ici à être élus locaux, souvent, comme c'est mon cas, premiers magistrats de leur commune. Notre vie devient de plus en plus terrible, car nous sommes au contact de nos concitoyens.

En tant que président du centre communal d'action sociale, je rencontre des personnes auxquelles on a retiré un emploi aidé, ou dont on n'a pas prolongé le contrat d'accompagnement dans l'emploi ou le contrat d'avenir. Dois-je leur proposer de repasser dans quelques jours, en espérant leur proposer le revenu de solidarité active ? Encore faudrait-il que celui-ci soit adopté ! Encore faudrait-il qu'il soit financé ! Encore faudrait-il qu'il s'applique. Or, même si vous vous mettez d'accord, il ne s'appliquera pas avant juin 2009. Que leur répondre, sinon leur proposer un bon alimentaire ?

Le lendemain, je rencontre le chef d'une entreprise de distribution à très bas prix qui me dit s'être installé dans une zone sensible depuis quelque temps, y faire des affaires, s'y être fait quelques clients fidèles. Néanmoins il souhaite déménager afin de pouvoir capter une population plus importante : même avec les tarifs que nous pratiquons, me dit-il, nous ne nous en sortons pas.

Je rencontre un peu plus loin quelques travailleurs frontaliers – puisque beaucoup de travailleurs lorrains ont la chance de pouvoir travailler au Luxembourg, où les salaires sont plus élevés. Jusqu'à présent, les déplacements n'étaient pas trop coûteux, mais la situation se dégrade, et comme vous n'avez pas pris de disposition du type de la TIPP flottante, le coût des allers-retours a augmenté, et les gens se disent qu'il va falloir trouver une autre solution que d'aller travailler à l'étranger.

Je retourne alors dans les services techniques de ma commune, pensant y trouver un peu de satisfaction, puisque les fonctionnaires bénéficient d'un statut solide ; mais ces fonctionnaires ne pourront pas bénéficier de cette loi sur l'intéressement et la participation, et je ne pourrai rien leur proposer d'autre que quelques heures supplémentaires, parcimonieusement distribuées (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) puisque les collectivités locales voient leur budget grevé par les transferts multiples que vous leur imposez, qu'il s'agisse de la délivrance des passeports ou du service minimum. Je n'ose pas même évoquer la dotation globale de fonctionnement, dont il sera question lors de la discussion du projet de loi de finances, et dont la diminution risque de laisser au bord de la ruine un certain nombre de communes. Je n'ose même pas imaginer que la dotation de solidarité urbaine soit remise en cause pour des communes dont la situation justifierait ce traitement particulier.

Je me dis que je suis fondé à être ici, avec mes amis ; nous sommes nombreux. Il faudrait modifier la règle des questions d'actualité, car les Français verraient que nous sommes mobilisés pour leur pouvoir d'achat, que les socialistes font des propositions tandis que vous refusez souvent le débat. Nous ferons en sorte que ce débat dure le plus longtemps possible, afin que les Français comprennent – comme ils l'ont compris lors des dernières élections locales – qu'il faut enfin changer : changer, non pas de majorité puisque le calendrier institutionnel ne le permet pas, mais au moins de politique. Le comprendrez-vous un jour ? Il faut revaloriser le pouvoir d'achat et, pour cela, il faut avant tout revaloriser les salaires : ils sont la contrepartie normale du travail du salarié ; c'est une évidence pour beaucoup, mais elle semble pour vous appartenir à une autre époque ! (Applaudissement sur divers bancs du groupe SRC.)

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