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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 23 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Explications de vote et vote sur l'ensemble de la première partie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, comme l'a écrit récemment Patrick Artus, l'un des plus grands économistes français : « Nous avons affaire à un capitalisme sans projet, qui ne fait rien d'utile de ses milliards, qui n'investit guère, qui ne prépare pas assez l'avenir. L'argent coule à flots et alimente plutôt la voracité des investisseurs, dans une course aux rendements financiers à court terme. »

Voilà dans quoi s'inscrit toute votre politique !

Voilà pourquoi, pendant les discussions budgétaires, vous consacrez des heures à gratter une exonération de cotisations sociales par ci – dont, selon la Cour des comptes, 80 % n'améliorent pas l'emploi – un allégement de l'ISF par là, pour empêcher soi-disant la fuite des capitaux alors même que vous ne faites rien contre le scandale des paradis fiscaux.

Vous nous proposez de poursuivre ce que vous faites depuis cinq ans, c'est-à-dire des cadeaux et des exonérations en tout genre. Mais le bilan de votre action justifie-t-il que nous poursuivions dans cette voie ?

Vous avez fait passer la croissance de 2,2 à 1,8 % et augmenté la dette de huit points. Vous avez accru la précarité du travail de 20 % et creusé les inégalités. Si, pour 0,01 % des Français, les revenus ont augmenté de 42,6 %, ils n'ont progressé que de 4,6 % pour 90 % d'entre eux ! Martin Hirsch déclarait récemment : « Le record du nombre de pauvres dans notre pays vient d'être battu dans l'indifférence de tous. » Voilà votre bilan, sans parler de la hausse des prix !

Mais vous avez réussi une chose : en quatre ans, les dividendes des entreprises du CAC 40 se sont accrus de 70 %, pendant que les salaires augmentaient seulement de 6,6 %. Où est la rupture ? C'est celle qui s'aggrave entre la France du fric et des privilèges et la France qui n'a que son travail pour vivre !

Ce budget n'est qu'un modeste avant-goût de ce qui attend la majorité de nos concitoyens. La facture est déjà prête : hausse de la TVA et de la CSG, franchises médicales – dont le montant de 800 millions d'euros, que le ministre a rappelé tout à l'heure, correspond exactement à celui des cadeaux distribués grâce à votre bouclier fiscal. C'est aussi la baisse des subventions aux collectivités locales, la poursuite de la vente du patrimoine national et les attaques en règle contre les retraites et l'assurance maladie. Voilà l'arsenal prévu pour faire grossir des capitaux dont beaucoup ne sont que des parasites !

Aujourd'hui, la sphère de la finance pèse trois fois plus que le produit intérieur brut mondial et les trois quarts ne sont pas investis dans la production. La France n'échappe pas à ce gaspillage gigantesque, au détriment de l'activité économique, du développement durable et du progrès social.

Pourtant, une autre politique est possible. Il faut juste un peu de courage pour résister aux prédateurs financiers, à ces privilégiés qui s'engraissent sur le dos de ceux qui travaillent !

Notre seule vraie richesse se trouve dans les capacités humaines – développons donc l'éducation, la recherche, le pouvoir d'achat, l'emploi et la santé, et dans le même temps, sanctionnons la spéculation financière, les paradis fiscaux et le dumping fiscal et social.

L'argent coule à flots et il est de notre devoir de proposer des mesures afin que le monde financier cesse de prendre le pas sur la justice et le progrès social.

Pourquoi, par exemple, ne pas taxer à 0,5 % les actifs financiers – ce sont 17 milliards d'euros –, imposer les revenus boursiers au même taux que les salaires, ce qui représente 13 milliards d'euros ? Pourquoi, avec les 27 milliards d'euros affectés aux exonérations sociales, ne pas créer un fonds national ouvrant un crédit sélectif pour les PME ? Pourquoi ne pas multiplier par deux l'ISF, ce qui représenterait 4 milliards d'euros, augmenter la progressivité de l'impôt sur le revenu, qui est le plus juste, et réduire la TVA ? En somme, il faut rémunérer le travail plus que les dividendes pour améliorer le pouvoir d'achat, la consommation, les investissements : voilà la clé de la croissance et du progrès social.

Tel n'est pas votre choix. C'est pourquoi les députés communistes, verts et ultramarins du groupe de la Gauche démocrate et républicaine voteront contre votre projet de budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et sur quelques bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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