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Intervention de Lionel Tardy

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Libertés et responsabilités des universités — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLionel Tardy :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je souhaite insister sur un enjeu fondamental pour les universités et l'avenir de nos jeunes : l'adéquation entre les nécessités de la formation et les besoins du marché du travail, la professionnalisation, les liens entre l'université et le monde de l'entreprise, et en définitive l'indispensable réconciliation entre emploi et formation.

Ainsi, madame la ministre, plus de 300 000 postes ne sont actuellement pas pourvus en France en raison de l'inadéquation existant entre les formations et les besoins du marché du travail. Cette situation n'est pas admissible dans un pays où le nombre de chômeurs, bien qu'en baisse, reste encore largement au-dessus de la moyenne de ses partenaires européens. Nos jeunes ne trouvent pas de travail, non parce qu'ils n'ont pas de diplômes, mais parce que les formations ne sont pas toujours adaptées et que leurs diplômes ne leur permettent pas de s'insérer rapidement sur le marché du travail. Trop de filières encore sont des impasses dans lesquelles s'engouffrent les étudiants ; elles sont trop cloisonnées et monodisciplinaires, trop orientées vers des débouchés exclusifs – par exemple la recherche ou les concours de l'enseignement secondaire pour les filières littéraires – et de ce fait trop théoriques.

Il faut cependant reconnaître que des efforts importants ont été amorcés. La professionnalisation des diplômes a beaucoup progressé dans nos universités, et les enseignants font d'importants efforts en ce sens. Mais elle se heurte à la méconnaissance des besoins des entreprises par les universitaires, faute de contacts et de relations entre les deux univers. Je me réjouis donc que vous preniez cette situation en compte. Les deux mondes ne se connaissent pas, il faut absolument établir des passerelles.

La présence, à tous les niveaux, de représentants des entreprises sera déterminante pour relever ce défi. Elle doit être maintenue au sein des conseils centraux, mais aussi des conseils de faculté et des UFR. Ne limitons cependant pas la désignation des représentants des entreprises et des activités économiques aux chambres de commerce et d'industrie régionales et aux MEDEF locaux. Exclure les représentants des PME serait pour le moins paradoxal : ce sont elles qui font aujourd'hui la croissance et l'emploi !

Il faut également rapprocher les universitaires et les entreprises, permettre à davantage de professionnels d'intervenir comme enseignants. Le statut de professeur associé est une excellente chose, qu'il faut systématiser. Il est surtout nécessaire de rendre le chemin inverse possible, c'est-à-dire faire intervenir les universitaires dans les entreprises, leur permettre de quitter provisoirement ou partiellement leur poste pour aller voir ailleurs et enrichir leur expérience. C'est avec cet état d'esprit que nous réussirons l'insertion professionnelle des étudiants.

Avec ce projet, madame la ministre, vous donnez aux universités françaises les moyens de remplir leurs missions et de s'adapter aux changements de nos sociétés. Vous n'oubliez pas non plus la nécessité d'encourager les universités à s'interroger sur l'insertion professionnelle des étudiants. Il y va de la qualité et de la pertinence de nos formations universitaires, de l'orientation tant universitaire que professionnelle de nos jeunes et, à terme, de la vitalité de notre économie. Vous l'avez dit au Sénat : l'université française est un lieu stratégique pour mener la bataille qui nous permettra de conserver nos emplois en France et nos centres de décision. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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