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Intervention de Jean-Jacques Candelier

Réunion du 2 décembre 2008 à 9h30
Questions orales sans débat — Situation de l'emploi dans le douaisis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Madame la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur, dans le Nord, l'arrondissement de Douai est particulièrement touché par la crise industrielle. Là-bas, l'industrie reste un secteur déterminant, avec 432 établissements et des dizaines de milliers de salariés.

Dans les années 70, l'installation dans le Douaisis de Renault et de l'Imprimerie nationale était motivée par la disparition des mines. Aujourd'hui, près de 20 000 emplois dépendent encore de l'usine Renault-Douai, la plus importante du groupe au plan mondial. Or, le niveau d'activité y est extrêmement préoccupant. Au total, le site aura fermé 88 jours en 2008. Bien entendu, cette fermeture forcée a des répercussions sur tout le secteur. Récemment, nous avons appris que la descente aux enfers allait continuer. Les opérateurs sur chaînes vont en effet se souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année le soir du 11 décembre. Les premiers à reprendre le travail ne le feront que le 12 janvier. De même, un plan de suppression de 1 500 postes a été annoncé par la direction du site, sous forme de départs volontaires. Je vous le dis clairement, nous ne voulons pas d'un Vilvorde 2.

Dans les autres industries, les menaces sont également très précises et constituent une épée de Damoclès sur la tête des salariés.

Chez Inoplast, à Flers-en-Escrebieux, gros sous-traitant automobile, le chômage partiel est également d'actualité. Celui-ci est indemnisé à 50 % du taux horaire. On note également une chute vertigineuse du recours aux intérimaires. Les salariés qui n'ont pas la chance, comme à Renault, de prendre des congés forcés, y vont de leur poche.

Chez Oxford Automobile, à Douai, qui fait partie du groupe Wagon, la direction a demandé de recourir au chômage partiel pour les quatre prochains mois, pour un total de quarante-cinq jours chômés – 530 salariés de ce sous-traitant automobile sont concernés.

De la même manière, alors qu'il y a deux ans l'entreprise comptait 700 CDI et 250 intérimaires, on y recense aujourd'hui à peine 600 CDI et plus aucun intérimaire. Les salariés vont subir trois semaines de chômage partiel en décembre, puis deux chaque mois de janvier, février et mars.

Pour empêcher ces difficultés, le chômage technique n'est pas une solution de long terme. D'ailleurs, il n'est qu'une partie de l'iceberg. Les restructurations ne sont pas seulement conjoncturelles. Elles sont bien la conséquence d'une gestion d'entreprise entièrement aux mains des actionnaires. Par exemple, la situation de Renault est-elle due au manque de dynamisme du marché ou bien à la distribution de 1,2 milliard d'euros aux actionnaires ? Je penche pour la deuxième explication.

Même quand le marché se portait bien, cela n'a pas empêché les suppressions de postes massives, le site de Douai étant passé, en quelques décennies, de 10 000 à seulement 5 500 emplois à ce jour, alors que les profits sont toujours restés colossaux. Quel gâchis ! Voilà, selon moi, le fond du problème, et celui-ci n'est pas propre à cette entreprise. La crise remonte à loin ; elle ne date pas de cette année.

Toutefois, cela rend le volontarisme de l'État encore plus nécessaire. Maintenir les emplois et le pouvoir d'achat des salariés, relancer les filières de production par une véritable politique industrielle devraient être les seules préoccupations du Gouvernement. Or, je constate que son action est procyclique. Ainsi, à l'Imprimerie nationale de Flers-en-Escrebieux, 100 % publique, à cause d'une mauvaise gestion et bien que l'activité fiduciaire soit équilibrée et que les perspectives de développement soient au vert, il y a de nouvelles menaces de licenciements. Voilà le triste paysage industriel, madame la secrétaire d'État !

S'agissant de l'Imprimerie nationale, j'avais demandé au Gouvernement, le 24 octobre, une table ronde avec tous les acteurs. J'attends toujours une réponse.

Même si la situation de chaque entreprise est différente, puisque Nicolas Sarkozy a déclaré que l'État serait intraitable face aux restructurations sans rapport avec la crise, comptez-vous proposer un moratoire sur tout licenciement économique ?

Par ailleurs, si le chômage technique est parfois un moindre mal, l'État compte-t-il garantir à 100 % les revenus des salariés, à travers une augmentation de l'allocation spécifique ?

Enfin, dans l'optique du prochain plan massif de soutien à l'industrie et aux secteurs les plus touchés, qu'il vous appartient de détailler, ne pensez-vous pas, pour réellement développer l'emploi et améliorer les conditions de travail, qu'il est plus que temps d'instaurer un contrôle de la circulation de l'argent et de son utilisation par les salariés et les élus du personnel ?

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