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Intervention de Serge Blisko

Réunion du 10 avril 2008 à 15h00
Accord france gabon relatif aux flux migratoires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Blisko :

Cette situation est inédite, voire unique. Elle est exceptionnelle. La France compte plus de ressortissants au Gabon qu'il n'y a de Gabonais sur son sol : 8 000 à 10 000 Français résident aujourd'hui au Gabon – il y en a eu jusqu'à 30 000 il y a vingt ans –, alors que ce pays connaît une très faible densité démographique ainsi que des problèmes de sous-natalité, à l'inverse de tous les autres pays africains. Il ne compte en effet qu'1,3 million d'habitants, avec toutefois des ressources pétrolières, minières et ligneuses exceptionnelles – notamment en bois précieux. Or, sur les 10 000 Français vivant au Gabon, 1 000 à 2 000 seraient en situation irrégulière. Voilà bien un paradoxe ! Il y a certainement plus de Français en situation irrégulière au Gabon que de Gabonais en situation irrégulière en France – quelque 200 sur les 5 000 à 6 000 Gabonais recensés dans notre pays. En conséquence, le flux migratoire entre le Gabon et la France est sans commune mesure avec les migrations des autres pays africains – Jean-Pierre Brard citait l'exemple des pays d'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne : le Gabon est un contre-exemple !

Où était donc la nécessité ou la raison impérieuse de commencer par le Gabon ? On aurait même pu passer cet accord dans une autre catégorie que celle de la maîtrise de l'immigration, puisque celle-ci est inexistante. En revanche, chacun se rappelle qu'au mois de mars dernier, sans doute pour faire pression sur le gouvernement gabonais, deux jeunes étudiants gabonais ont été expulsés du territoire français – pour faire pression ou pour se rapprocher du quota d'immigrés devant être expulsés à la fin de l'année, lequel est chiffré à 26 000 au moins. En réaction, le président gabonais, que personne n'a encore osé nommer ici, M. Omar Bongo, a décidé d'expulser un cadre français de Libreville. D'autres Français ont été par la suite refoulés à leur arrivée à l'aéroport international de la capitale gabonaise, leur visa ayant été jugé irrégulier, si bien que notre consulat général de Libreville – je vous renvoie à son site Internet – a dû dans l'urgence rédiger une fiche explicative à l'intention des Français en instance de départ pour le Gabon. Telles sont les réalités – je n'insisterai pas sur la mise au placard de M. Bockel : selon toute la presse, sa tête aurait été obtenue par M. Bongo, très énervé par le fait que les journaux français révèlent sa contribution au codéveloppement de la France : c'est en effet un des plus gros contributeurs à la hausse des biens immobiliers dans les beaux quartiers de Paris, dont le 16e, puisqu'il y est gros propriétaire.

Et c'est une convention signée entre ce pays et la France que vous présentez comme exemplaire d'une politique africaine ! Soyons sérieux ! Nous connaissons le profil de ces immigrés gabonais. Il s'agit pour l'essentiel d'enfants de dignitaires locaux : ce sont en effet les seuls à pouvoir venir en France en raison du prix du billet d'avion ! Le Gabon, il y a trente ans, n'était pas un pays pauvre : il était relativement bien développé, avec des hôpitaux et des aéroports. Ceux qui l'ont visité se rappellent qu'il avait économiquement bien décollé ! Aujourd'hui, du fait de la prédation de l'équipe et de la famille présidentielles gabonaises – je suis protégé par l'immunité parlementaire : je n'hésite donc pas à le dire ici –, le Gabon est un État en voie de sous-développement. Les Gabonais ne mangent pas à leur faim et les fonctionnaires ne sont pas payés, si bien qu'on demande à l'État français de compléter leur paye ! Telle est la réalité !

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