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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 13 décembre 2007 à 9h30
Débat sur le pouvoir d'achat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Je tiens à apporter mon soutien aux salariés concernés, mobilisés dans leur juste lutte pour une meilleure répartition des bénéfices.

À l'inverse, depuis cinq ans, vous avez systématiquement défiscalisé et exempté de cotisations sociales les revenus des rentiers, ce qui les a considérablement enrichis, accélérant les phénomènes de spéculation au détriment des revenus de ceux qui travaillent. Ainsi, le revenu déclaré des 10 % les plus riches a fait un bond de 32 % entre 1998 et 2005, et même de 42 % pour le 1 % les plus riches, soit 3 500 foyers fiscaux. Dans le même temps, le revenu des 90 % restants n'augmentait que de 4,6 %, tandis que le revenu médian, qui est inférieur à 1 500 euros mensuels, stagnait à 0,6 %.

Durant cette période, les plus pauvres, soit 7,1 millions de personnes, plus de 10 % de la population, doivent se contenter de moins de 817 euros par mois, seuil de pauvreté fixé à 60 % du salaire médian. Si l'on fait le calcul, avec une inflation moyenne de 2 % par an, l'immense majorité des Français a subi une réelle perte de pouvoir d'achat, d'autant que l'indice des prix INSEE ne correspond pas au panier d'achat des revenus les plus faibles, mais à un panier « moyen » qui sous-estime en particulier le poids des dépenses de logement. Le Président de la République lui-même a reconnu que ce calcul n'était pas adapté.

Ce ne sont pas les miettes du « travailler plus pour gagner plus » qui changeront sur le fond la situation. Même en multipliant les heures supplémentaires au SMIC, ça ne va pas bien loin quand les dépenses contraintes des petits et moyens revenus sont en hausse, que ce soit l'alimentation, le logement ou l'énergie. Les couches populaires sont particulièrement touchées par les hausses de prix intervenues ces derniers mois dans l'alimentation ou l'énergie. L'alimentaire représente en effet 17 % du budget d'un ouvrier contre 12 % de celui d'un cadre. De même, le transport représente 19 % du budget d'un habitant d'une commune rurale contre 12 % pour un Parisien.

Les locataires ont aussi été plus touchés que les propriétaires, les habitants des zones rurales plus touchés que ceux de la région parisienne, les familles monoparentales plus que les couples sans enfant, les 10 % les moins riches plus que les 10 % les plus riches.

Aussi convient-il de s'entendre, pour savoir quelle catégorie sociale a besoin d'une augmentation de pouvoir d'achat. Augmenter le pouvoir d'achat des plus riches, c'est, d'une part, augmenter la spéculation et, d'autre part, accroître les émissions de polluants et de gaz à effet de serre – voyages de loisirs en avion, acquisition d'une voitures 4x4 et surconsommation de luxe. Le pouvoir d'achat de ces catégories sociales ne nécessite aucune augmentation et demanderait au contraire des prélèvements supplémentaires pour permettre une meilleure redistribution des richesses dans notre pays.

Il faut agir sur les dépenses contraintes des foyers les plus modestes en menant une politique offensive contre les rentes de situation.

Ainsi, les prix des produits alimentaires, qui restent une grosse dépense pour les bas salaires et les foyers modestes, ont entamé un mouvement de hausse sur un an de plus 2,3 % selon l'INSEE. L'inflation dans le secteur alimentaire va se poursuivre. Les prix agricoles ont augmenté de 18 % en un an. Nous avons déjà un chiffre inquiétant : 12,5 % d'augmentation annuelle pour le prix de la baguette. Quant à celui de la brioche…

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