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Intervention de Victorin Lurel

Réunion du 12 juillet 2007 à 9h30
Travail emploi et pouvoir d'achat — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictorin Lurel :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, cet amendement est un amendement d'appel, qui devrait à mon sens recueillir l'agrément de tous. Il vise seulement à intégrer – je devrais dire : à réintégrer – dans les statistiques nationales officielles du chômage les personnes sans emploi résidant dans les outre-mer français.

Je n'ignore pas la polémique sur la sincérité des chiffres officiels et du baromètre mensuel publié et commenté par le Gouvernement. Le différentiel entre le nombre des chômeurs inscrits à l'ANPE, qui, de source officielle, s'élevait à 4,45 millions en septembre 2006, et les 2,172 millions de chômeurs recensés par le Gouvernement et la DARES invite à conclure à l'existence 2,276 millions de chômeurs invisibles. Parmi eux se trouvent 220 000 chômeurs des outre-mer français. Une distinction a certes été faite, qui prête à sourire, entre les chômeurs radiés, les déboutés et les dégoûtés. Mais, en l'espèce, il s'agit de chômeurs zombifiés, qui existent sans exister et que l'on a réduits à l'état virtuel afin de pouvoir ne pas les compter.

Je veux bien convenir que les statistiques officielles prennent en compte des critères qui se rapprochent de la définition internationale élaborée par le BIT. Mais peut-on ainsi exclure des chiffres les demandeurs d'emploi temporaires ou à temps partiel qui, d'après le réseau ACDC, sont 871 000, les dispensés de recherche d'emploi, qui sont 412 000, les chômeurs en activité réduite, qui sont 452 000, les demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles, qui sont 321 000, et les chômeurs des DOM, qui sont 220 000 ? Les premiers cités, je l'ai dit, sont exclus de la définition officielle, ce que je peux comprendre, même si, sur les bancs de l'opposition, nous n'approuvons pas de telles manipulations. Mais les demandeurs d'emploi des DOM remplissent parfaitement la définition des DEFM de catégorie 1. Pourquoi donc seraient-ils exclus, alors que ces départements font partie intégrante de la République ? On n'a jamais invoqué à cet égard la moindre dérogation ni je ne sais quelle adaptation de la législation.

Quand la question avait été posée à votre prédécesseur M. Borloo, en sa qualité de ministre de l'emploi, il l'avait soigneusement esquivée, refusant même de répondre aux journalistes du Monde. Mais j'aimerais obtenir du Gouvernement une réponse claire : comment entend-il dézombifier les statistiques du chômage ?

J'ajoute que, quand il veut présenter de manière avantageuse les chiffres du commerce extérieur, il n'hésite pas à considérer les DOM comme des territoires d'exportation. Nous figurons à ce titre dans le solde du commerce extérieur, que nous contribuons à augmenter : c'est le cas chaque fois que l'Hexagone envoie des marchandises en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique ou à la Réunion, alors que, si nous exportons, le solde diminue. Dans ces conditions, pourquoi le Gouvernement ne nous prend-il pas en compte dans les statistiques du chômage ?

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