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Intervention de Didier Robert

Réunion du 6 novembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Robert :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, les chiffres qui nous sont présentés à l'occasion de l'examen du projet de budget pour 2008 sont le signe d'une volonté manifeste de mieux accompagner l'outre-mer, puisqu'ils indiquent une progression en budget consolidé de 1,7 % par rapport à 2007.

Je voudrais, monsieur le secrétaire d'État, saluer votre engagement, qui symbolise la continuité des efforts de l'État. Je voudrais également saluer votre détermination à écrire, avec nous, une nouvelle page pour l'outre-mer à travers la préparation de la nouvelle loi de programme, qui s'impose déjà comme une démarche de rupture à laquelle je souscris pleinement.

Il s'est écoulé 365 ans depuis les premiers pas de nos compatriotes bretons, vendéens, malgaches ou africains à l'île Bourbon, et 61 ans nous séparent de l'acte fondateur d'une départementalisation remplie de promesses et d'espoirs, mais qui reste, aujourd'hui encore, tellement inachevée.

La France pourrait pourtant bien davantage encore être fière de cette diversité qui fonde toute l'originalité de l'exception française, et je suis heureux que nous soyons un certain nombre, ici, à Paris, comme en outre-mer, à poser cette dimension comme un postulat riche de sens et qui doit nous permettre toutes les audaces pour faire triompher la grandeur de la France.

Je souhaite que ma détermination et mon engagement au service des Réunionnais bénéficient de toute votre attention, pour faire de la Réunion une terre de progrès, un département français à part entière.

La Réunion de 2007 est cette formidable terre de contrastes, où les succès et les réussites, nombreux et exemplaires, s'effacent bien trop souvent devant l'accumulation des retards et des handicaps qui mettent en péril la cohésion même de la société réunionnaise.

Certes, la départementalisation est à l'origine de progrès considérables : des équipements publics de qualité ; une jeunesse nombreuse, plus qualifiée et mieux formée ; un dynamisme des entreprises du secteur privé dont il faut souligner le talent et la créativité.

Mais notre île est aussi un département français en souffrance, l'un des plus en retard : il compte plus de 400 000 bénéficiaires de la CMU, près de 75 000 allocataires du RMI. Le taux de chômage y est trois fois supérieur à celui de la métropole. Il connaît une aggravation des phénomènes de délinquance et une perte sensible et continue du pouvoir d'achat. Ce sont là autant d'indicateurs de la triste réalité que beaucoup de mes compatriotes vivent au quotidien.

Voilà tous les enjeux de l'action publique : replacer la femme et l'homme réunionnais au centre de nos préoccupations.

Aujourd'hui, le Gouvernement fait le choix d'une vraie stratégie au service du développement économique et de l'emploi, une démarche qui tourne le dos au saupoudrage des politiques publiques que j'ai toujours dénoncé.

La nouvelle loi de programme permet ainsi d'identifier quatre secteurs prioritaires, sur lesquels porteront tous les efforts et autour desquels s'articulera le dispositif ambitieux de la zone franche globale d'activité. C'est là une avancée considérable et porteuse de beaucoup d'espoirs.

Mais je voudrais aussi que tous nous gardions un souci de tous les instants de la dimension sociale, et donc humaine, des nouveaux dispositifs.

Quelle sera ainsi la part réellement réservée aux emplois aidés, alors que les crédits consacrés jusque-là à ces contrats ont été transférés au ministère de l'économie, des finances et de l'emploi ? Il faut, monsieur le ministre, garder le même niveau d'exigence quant au nombre de ces contrats, s'agissant en l'occurrence d'une simple mesure de justice et de cohésion sociale.

De même, je crois absolument indispensable de recentrer prioritairement les dispositifs de défiscalisation au profit du logement social, d'une part, et de l'acquisition de la résidence principale, d'autre part. Cette nouvelle articulation devrait permettre à un plus grand nombre de Réunionnais d'accéder à la propriété, tout en assurant une meilleure maîtrise des effets pervers de l'augmentation du coût du foncier.

Par ailleurs, la question du pouvoir d'achat reste au coeur des préoccupations des Réunionnaises et des Réunionnais. Nous avons à gérer tout à la fois les contrecoups du passage à l'euro et un niveau des prix structurellement supérieur à celui de la métropole. Là encore, il faut parvenir à une meilleure maîtrise des mécanismes de formation des prix des produits de première nécessité, tout en acceptant le principe d'une revalorisation concertée des plus bas salaires comme des plus faibles retraites.

Enfin, mieux ancrer la Réunion dans son espace français et européen, c'est accepter que le principe de libre circulation fasse partie des droits premiers et fondamentaux de tout citoyen, la continuité territoriale en étant le corollaire naturel.

C'est accepter aussi une remise en question des situations de monopoles établies sous le prétexte d'obligations de service public, ainsi que l'ouverture aux charters du ciel réunionnais.

C'est accepter enfin le principe d'un accompagnement dynamique et volontaire par l'État du développement de la plate-forme aéroportuaire de Pierrefonds. Je voudrais savoir, monsieur le ministre, quel sera votre degré d'implication dans ces dossiers.

Notre réussite dans le domaine du développement économique et de l'emploi, d'une part, et la juste prise en compte de ces quatre dossiers tout aussi prioritaires, d'autre part, passent par une mise en cohérence des politiques publiques, européenne, gouvernementale et locale. Si l'État a encore beaucoup à faire à la Réunion, les responsables locaux ont aussi leur part d'engagement à tenir. C'est à ce niveau d'exigence partagée que se situera le résultat des actions publiques engagées.

Je vous propose ainsi, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, en parallèle à la mise en place d'un conseil interministériel pour l'outre-mer, à laquelle le Président de la République s'est engagé, la création d'une conférence des présidents et des parlementaires de la Réunion. Cette instance aurait en charge la définition, le suivi et l'évaluation des politiques publiques. Elle serait composée du préfet, des présidents de la région et du département, des présidents des chambres consulaires, des présidents des communautés d'agglomération et des parlementaires.

Je voudrais, en conclusion, vous confirmer mon engagement à soutenir votre budget. Mais je voudrais aussi que, sur ces questions difficiles, vous soyez aux côtés des Réunionnais, parce que l'enjeu de développement reste avant tout un enjeu de meilleure expression de notre démocratie au sein d'une République que je veux vivante, renforcée et solidaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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