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Intervention de Éric Woerth

Réunion du 5 décembre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2007 — Exception d'irrecevabilité

Éric Woerth, ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique :

Très brièvement, monsieur le président. M. Muet a longuement expliqué son analyse, certes en cohérence idéologique avec sa pensée, mais que je ne parviens pas à partager. Je ne suis d'accord ni avec son point de vue ni avec ses propositions.

Ainsi, il vient d'indiquer que le précédent Président de la République, M. Chirac, avait commencé son mandat en allégeant la fiscalité de 5 milliards d'euros. Cette diminution de l'impôt sur le revenu ne prévoyait pas de contrepartie. Il n'en va pas de même des fameuses mesures du projet de loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat, sur lequel l'opposition revient systématiquement. La diminution de la fiscalité qu'il opère, pour un montant de 5,1 milliards d'euros, est en effet compensée, puisque les exonérations de charges, qui pèsent sur le budget général de la sécurité sociale, créent un appel d'air. Ce coût budgétaire permet de dégager un volume d'heures supplémentaires, donc de travail, ce qui représente une création de richesse pour le pays. Telle est la logique dans laquelle s'inscrivent l'action du Président et son intervention de jeudi dernier, annonçant de nouvelles mesures. Ne comparez donc pas se qui n'est pas comparable, monsieur Muet.

Vous dites que l'on a traîné durant tout le mandat précédent – est-ce si sûr, d'ailleurs ? – un déficit dû à une réduction de l'impôt sur le revenu. Mais cette situation n'a rien à voir avec celle que nous avons créée. Notre action prend place au coeur du dispositif de croissance français.

Vous avez d'ailleurs affirmé, au début de votre propos, que la confiance était le moteur le moins théorique, le plus pratique et le plus réel de l'économie. Justement, par notre politique, nous redonnons de la confiance. Mais nous savons aussi que celle-ci ne se décrète pas, mais se gagne progressivement. C'est parce que les gens travailleront plus qu'elle s'installera peu à peu dans notre économie.

Ce surcroît de travail est la seule condition d'une croissance durable. Par conséquent, pardonnez-moi, mais je suis en complet désaccord, comme d'ailleurs bien des députés de la majorité, avec les termes dans lesquels vous avez évoqué les 35 heures. À mon sens, la réduction du temps de travail a puissamment et durablement handicapé notre économie. La perte de compétitivité de notre pays par rapport aux autres est due essentiellement à la diminution du temps de travail, laquelle ne recouvre pas seulement le nombre d'heures travaillées par semaine, mais aussi, bien sûr, l'arrivée tardive sur le marché du travail et la sortie prématurée de la vie active.

Regardez tous les indicateurs, monsieur Muet, puisque vous êtes économiste : vous constaterez que le déficit du temps de travail par personne est considérable en France. Or, dans une économie ouverte, on ne peut pas fonctionner dans de telles conditions. Comme le travail ne s'impose pas – ce sont les entreprises qui en donnent –, le Gouvernement ne peut que recourir à des mécanismes d'incitation fiscale. Plus on taxe le travail, moins on incite à travailler. Nous cherchons à faire l'inverse grâce aux allégements fiscaux et à la détaxation des heures supplémentaires, qui sont de bonnes mesures. On peut avoir confiance dans cette politique.

D'autant que les entreprises sont optimistes et que la conjoncture du troisième trimestre est plutôt satisfaisante. Nous en sommes heureux. Pourquoi ne pas l'avouer, puisque nous reconnaissons notre déception dans l'hypothèse inverse ? Du reste, nous n'allons pas nous féliciter tous les trimestres, car nous savons que c'est la tendance qui est importante. Dans l'ensemble de l'économie, les indicateurs qui traduisent le moral des chefs d'entreprise mais aussi l'investissement par type de secteur sont plutôt favorables. Il y a donc quelques rayons de soleil pour éclairer l'économie française. Je tenais à le rappeler car vous en avez dressé un tableau très noir. Je ne partage pas votre façon de voir. Pour notre part, nous avons confiance dans la croissance française pour 2008 et nous ne voyons aucune raison de revoir les prévisions de croissance comme vous nous y invitez.

Venons-en aux prévisions du déficit contenues dans ce projet de loi de finances rectificative. Nous nous félicitons que, en 2007, l'exécution budgétaire ait été meilleure et les déficits moins importants que prévu. Cela prouve que les prévisions sont fondées sur des hypothèses prudentes, et qu'il ne s'agit pas de plans tirés sur la comète. Nous continuerons dans cette voie en 2008.

Voilà ce que j'avais envie de vous dire, monsieur Muet, pour vous expliquer que je ne trouve aucun motif d'irrecevabilité dans le projet de loi de finances pour 2007. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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