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Intervention de Valérie Rosso-Debord

Réunion du 15 avril 2008 à 9h30
Combattre l'incitation à l'anorexie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rosso-Debord :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, à la fin du XIXe siècle, Pierre-Auguste Renoir, dans Les Grandes Baigneuses, peignait des corps de femmes nues bien en chair, car l'esthétique dominante du beau et le symbole de la féminité étaient à l'époque aux femmes rondes. (Sourires.)

Certes, notre société a évolué depuis. L'une des questions qu'aborde ce texte est de savoir si le standard de la beauté féminine est la maigreur et si, pour cela, il faut inciter les femmes à être maigres.

Pour certains, l'extrême maigreur renverrait à une image de perfection, perfection liée à la maîtrise de son corps par l'esprit.

Pour moi, cette conception du corps et de l'image de soi confine à la négation de la réalité de la femme, qui a des formes, et l'installe dans un caractère androgyne, asexué et morbide.

Qu'est-ce que la beauté ? Qu'est-ce que tout le monde trouve beau ? Si l'on nous demandait ce qu'il trouve beau chez une femme ou chez un homme, chacun de nous aurait – du moins je l'espère – une réponse différente, et c'est bien normal. C'est l'un des charmes de l'humanité.

Aujourd'hui, je tiens à saluer le travail de notre collègue Valérie Boyer, qui a su trouver les mots justes pour proposer de combattre l'incitation doctrinaire à l'anorexie et travailler avec vous, madame la ministre, pour que cette avancée soit soutenue par le Gouvernement.

De votre côté, madame la ministre, vous avez engagé un travail efficace, même si d'aucuns le trouvent insuffisant, sur la « charte d'engagement volontaire sur l'image du corps », avec les professionnels de la mode, pour les rendre à la fois responsables et conscients de leur impact sur les jeunes, via le mannequinat.

En effet, personne, aujourd'hui, n'est habilité à définir les canons de la beauté. Sous prétexte d'ériger des standards médiatisés, on pousse des jeunes filles ou des jeunes garçons – on a rappelé ce matin que 10 % des anorexiques sont de jeunes hommes – à s'installer progressivement dans la maladie. Car du simple régime, on peut, progressivement, basculer vers un dérèglement psychique qui met en danger la vie d'une personne.

Répondre efficacement à ces incitations était devenu un devoir pour notre société. D'autant que ceux qui incitent à l'anorexie, via ce mouvement « pro-Ana » dont on fait malheureusement trop la publicité, se servent insidieusement de l'action des pouvoirs publics en faveur de la promotion de la nutrition et du bien-être par le sport chez les étudiants pour justifier leur discours et leur propagande.

Il nous faut également, bien sûr, être plus à l'écoute des questions des adolescents, à cet âge propice aux doutes et donc aux influences les plus néfastes. C'est dans cet esprit que j'ai proposé la mise en place à Nancy d'une maison des adolescents, guichet unique d'accueil et d'orientation qui s'inscrit, comme vous le souhaitez, madame la ministre, dans l'effort de détection le plus en amont possible de ce type de pathologie.

Madame la rapporteure, je vous félicite pour votre travail. Je vois dans cette coproduction législative avec le Gouvernement une avancée qui souligne que, pour notre majorité, toutes les questions doivent être abordées sans tabou. Cette initiative, en portant un coup d'arrêt aux incitations à l'anorexie, apportera une réponse concrète au drame que vivent quotidiennement plus de 40 000 familles dans notre pays. Elle participe de notre devoir de protection du bien-être collectif. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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