Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 3 octobre 2007 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Le véritable sujet de ce débat, c'est notre irresponsabilité collective à l'égard des générations futures vis-à-vis desquelles nous avons quatre dettes : la dette fiscale de l'État avec les déficits cumulés de fonctionnement qui, avec l'endettement, pèsent toujours plus sur chaque nouveau-né français ; la dette sociale, avec le déficit abyssal de la sécurité sociale ; la dette générationnelle, avec la question du non-financement des retraites ; enfin la dette écologique, avec la surexploitation des ressources naturelles de la planète, nos émissions de gaz à effet de serre et ses conséquences sur le réchauffement de la planète.

Personnellement, je doute que le Gouvernement ait pris la mesure de l'acuité du problème de la dette fiscale et sociale. La politique économique actuelle ne semble pas encore à la hauteur de ces enjeux, qui restent pourtant une préoccupation majeure des Français.

S'agissant de la dette générationnelle, je pense en revanche qu'on est sur le bon chemin de la réforme pour sauvegarder notre système de retraite par répartition.

Pour affronter, après tant d'atermoiements la dette écologique, le Grenelle de l'environnement vient à temps, et on ne peut que s'en réjouir. La méthode retenue est bonne : on organise une concertation très large et pluraliste, on mobilise toute la société pour une analyse transversale de toutes les politiques publiques et économiques, on s'interroge sur nos comportements quotidiens, sur nos modes de production et sur nos modes de vie. Je me réjouis que le Président de la République ait pris en compte cette question et que vous ayez retenu cette méthode.

Dans ce cadre très positif que je soutiens volontiers, je concentrerai mon intervention sur deux aspects spécifiques. Si mon approche peut paraître iconoclaste, elle se veut en phase avec les attentes que j'ai perçues sur le terrain.

D'abord, ne faisons pas de la route le bouc émissaire du développement durable. Les transports par la route représentent environ 26 % des émissions de gaz à effet de serre et le rapport du groupe de travail n° l du Grenelle de l'environnement, « Lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d'énergie », montre clairement que, sur les six dernières années, les émissions de gaz à effet de serre se sont stabilisées. Les progrès permanents des constructeurs pour réduire la pollution des voitures et la poursuite de l'amélioration du parc automobile y sont certainement pour beaucoup. Du reste, il faut retenir qu'une grande part des pollutions du secteur est causée par les 10 % de véhicules les plus vieux du parc.

Nous devons donc poursuivre nos efforts dans cette direction avec notamment l'aboutissement de la directive européenne sur la réglementation pour les émissions de C02 des véhicules neufs. Il est important de tenir compte de ces éléments d'analyse tout en développant, bien entendu, les transports en commun, les transports doux en site propre et surtout la part du fret non routier dans le transport de marchandises.

Mais je voudrais faire passer un message fort aux acteurs du Grenelle de l'environnement et au Gouvernement : certains secteurs du territoire ne sont pas à la hauteur en matière d'infrastructures de transport. Par exemple, l'agglomération de Castres-Mazamet, forte de ses 100 000 habitants, deuxième agglomération de la région Midi-Pyrénées, ne dispose ni d'autoroute, ni de TGV, ni d'aéroport international.

Faut-il rappeler que la croissance de l'économie est directement liée à la mobilité des personnes et des biens et que toute décision d'arrêt de développement des infrastructures conduirait à aggraver le retard de croissance de la France ? C'est pourquoi je me bats, avec l'ensemble des élus et socio-professionnels du sud du département du Tarn, pour que l'autoroute Castres-Toulouse, projet décidé par l'État, donc en cours, soit réalisée selon le calendrier prévu, c'est-à-dire d'ici à 2013, et que le Grenelle de l'environnement n'ait pas d'impact négatif sur celui-ci. C'est d'ailleurs, je crois, la finalité du concept de développement durable que de concilier compétitivité économique, aménagement du territoire, progrès social et préservation environnementale et sanitaire. Nous savons tous dans le sud du Tarn que, sans cette autoroute, notre bassin d'emploi, qui a dû affronter la crise du textile, sera irrémédiablement enclavé, définitivement aspiré par la métropole toulousaine qui est elle-même au bord de l'asphyxie.

Certains territoires sont totalement négligés, voire abandonnés, ce qui renforce la fracture territoriale entre la ville et la campagne et accélère la désertification. À la campagne, où les transports en commun non polluants n'existent plus depuis que la SNCF a pratiquement fermé toutes ses lignes non rentables et où les lignes d'autobus sont rares et peu fréquentes, on ne peut pas se déplacer sans la voiture, qui n'est pas un choix mais une obligation.

Si l'on veut éviter les déserts français, ou encore la France utile et la France inutile, il faut remettre cette problématique, aujourd'hui totalement absente, au coeur de la réflexion des experts et des associations du Grenelle de l'environnement, qui peuvent parfois avoir quelques préjugés sur les ruraux. Je plaide donc en faveur d'une approche spécifique aux territoires ruraux, qu'il s'agisse des infrastructures, de la fiscalité environnementale et surtout de l'aménagement durable du territoire.

Le deuxième point de mon intervention portera sur les OGM. En ce domaine, il faut en finir avec l'inquisition. En ma qualité de vice-président de la mission parlementaire sur les OGM, je ferai d'abord une remarque de forme pour regretter l'absence totale de débat à l'Assemblée nationale sur ce sujet ô combien passionnel après notre rapport publié en avril 2005. C'est une forme de mépris à l'égard de la représentation nationale que de lui avoir refusé ce débat après que certains de ses membres eurent longuement travaillé pour produire un volumineux rapport jugé sage et pertinent. Cette absence de débat s'accompagne d'ailleurs, depuis 1998, d'une absence de courage politique, toutes tendances confondues, pour aborder cette question et adopter enfin la loi que nous réclame l'Union européenne. Cette pusillanimité de l'exécutif et du législatif nous a valu une véritable surenchère dans l'obscurantisme au mépris de toutes les lois. De plus, l'opacité de certaines multinationales dans les choix et pratiques a conforté le comportement des faucheurs volontaires qui violent la propriété privée en invoquant le droit à la désobéissance civique, ce qui est inacceptable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion