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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 11 octobre 2007 à 15h00
Accord france-italie relatif au tunnel routier de tende — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

La question des transports ne concerne pas les seuls élus de la Savoie et des Alpes, mais l'ensemble des citoyens. Il ne s'agit pas seulement d'une convention internationale, mais également d'aménagement du territoire et d'environnement.

Vous avez indiqué tout à l'heure, monsieur le rapporteur, que le tunnel de Tende était ancien et nécessitait des aménagements. Il me souvient des combats menés, sans résultat pour l'instant faute de réponse du Gouvernement, sur une autre ligne historique : la ligne ferroviaire Pau-Canfranc, encore abandonnée aujourd'hui, qui était un point de liaison très important pour le transport combiné et pour le transport ferroviaire entre l'Espagne et la France.

Je rappellerai aussi, puisque je suis aussi un élu du Sud-Ouest, le projet de grand contournement autoroutier de Bordeaux décidé par le Premier ministre – à l'époque M. Raffarin – qui, pour ce faire, avait, lors d'un comité interministériel, tordu le cou au débat public alors en cours. Il passe aujourd'hui près de 7 500 camions par jour au-delà de Bordeaux et l'on en prévoit 12 000 en 2020… Si donc la démarche du Grenelle de l'environnement était aussi sincère que votre gouvernement veut l'afficher, il retirerait l'appel qu'il a formulé contre la décision du tribunal administratif de Bordeaux qui a condamné le Gouvernement pour ne pas avoir respecté le débat public. Quand on prétend rassembler tous ceux qui, nous dit-on, ne se parlaient pas jusqu'à présent, on prend les moyens qui s'imposent, on remet le dossier sur la table et on essaie de voir comment favoriser un rééquilibrage entre le transport des marchandises par camion et le transport des camions par le train.

Une exception française de plus : 85 % des marchandises qui traversent notre pays sont transportées par des camions. J'attends qu'on m'explique cette logique : quelle baguette magique pourrait réduire, du jour au lendemain, le transport des marchandises par camion, quand on persiste à pêcher des crevettes au Danemark pour les décortiquer au Maroc, et à cueillir des patates bintjes en Hollande pour les conditionner en Italie ? Voilà ce qui donne, entre autres, la catastrophe du tunnel du Mont Blanc ! Nous savons bien pourquoi il en est ainsi : les « économies d'échelle », la nécessité de ce que les Anglais appellent le just in time, c'est-à-dire l'arrivée des marchandises juste à temps, et la gestion des stocks dans les camions plutôt que sur des territoires précis.

Tout cela se traduit par une politique totalement folle : ainsi, avec sa filiale Geodis, la SNCF est aujourd'hui le premier transporteur routier de France ! Savez-vous, madame la secrétaire d'État, que la vitesse moyenne d'un train de marchandises en France n'est plus que de dix-huit kilomètres à l'heure ? Et pendant ce temps, la SNCF réduit le nombre de ses gares de triage – ainsi la gare d'Hourcade, dont le personnel sera très fortement restreint – et profite de la mise en place de nouvelles plateformes pour supprimer tout ce qui avait un caractère régional et pouvait faciliter le transport des marchandises par le train.

C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons que condamner aujourd'hui l'esprit que manifeste le Gouvernement dans le Grenelle de l'environnement. Quatre secteurs ont été « sanctuarisés », autrement dit ne donneront pas lieu à discussion, parmi lesquels les projets routiers et autoroutiers que le Gouvernement veut développer… Chacun sait, pour reprendre une vieille image, que si un tuyau d'eau n'amène pas forcément la pluie, les routes et les autoroutes amènent toujours plus de voitures et de camions !

Celle logique doit être combattue. C'est la raison pour laquelle je tenais, à propose de l'aménagement du tunnel de Tende et de la convention internationale dont nous débattons, rappeler ces quelques exemples.

Il n'y aura de Grenelle de l'environnement sérieux que le jour où l'on ne se contentera pas, comme cela semble s'annoncer, de petits bricolages, mais où l'on mettra en place une vraie fiscalité écologique, qui fera payer d'abord les pollueurs et rééquilibrera la concurrence entre le transport des marchandises par camion et le transport des camions sur les trains.

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