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Intervention de Jean-Patrick Gille

Réunion du 25 novembre 2008 à 9h30
Débat sur la crise économique et sociale et la régulation du système financier — Reprise du débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Patrick Gille :

Car, en l'instrumentalisant, comme vous êtes parvenus à le faire, elle vous permet de masquer vos propres erreurs et leurs conséquences, telles que les très mauvais chiffres du chômage du mois d'août !

Mais faites attention à ne pas être victimes de votre propre ruse et veillez à ce que votre dramatisation ne serve de prétexte à certaines entreprises pour organiser ou amplifier les plans sociaux.

À l'aune du débat budgétaire, force est de constater que les crédits attendus en ce qui concerne l'emploi ne sont pas au rendez-vous. Vous avez prévu de les baisser de 5 % chaque année, ce qui atteste manifestement de votre absence d'anticipation de la crise financière et de ses conséquences sur l'économie réelle – les licenciements et le recours massif au chômage partiel, notamment dans le secteur de l'automobile.

Quant au « plan emploi » annoncé par Nicolas Sarkozy en octobre dernier à Rethel, il relève de la plus haute improvisation. Dans la précipitation, on renoue avec le traitement social du chômage, hier vilipendé. Quant à l'extension des contrats de transition professionnelle, sur lesquels on devrait en savoir plus aujourd'hui – le Président de la République est, en ce moment, en train de s'exprimer à ce sujet – se fera-t-elle par bassin d'emploi ou par branche, comme le souhaite Pierre Méhaignerie ? Ils devront, en tout état de cause, être négociés avec les partenaires sociaux et associer financièrement les entreprises au risque de les exonérer totalement de responsabilité sur les licenciements et de générer des plans sociaux par anticipation.

Je souhaiterais également appeler l'attention de la représentation nationale sur l'absence totale de mesures en faveur des jeunes. Déjà exclus du dispositif RSA, les 16-25 ans sont les grands perdants de ce plan : pas une seule fois, le chef de l'État n'y a fait référence dans son discours ! Pourtant, il y a urgence à mettre en place un dispositif favorisant leur insertion sur le marché du travail ; sinon, nous les condamnons, à vie, à la précarité. Il ne suffit pas d'un volontarisme de façade ; encore faut-il se donner les moyens de ses ambitions. Les 50 millions d'euros annoncés en faveur des contrats d'autonomie ne sont qu'un effet d'affichage quand on sait que ce dispositif, réservé à quelques bassins d'emploi difficiles, peine à faire ses preuves.

Alors qu'au niveau international, le Président de la République en appelle à la régulation de l'économie, vous poursuivez à l'échelle nationale la dérégulation du code du travail et la déréglementation du marché du travail, avec pour conséquence la précarisation croissante de l'emploi et son cortège de travailleurs pauvres.

Retraite à soixante-dix ans, recours aux CDD sans limite dans les PME, travail du dimanche : comment ne pas voir derrière ces réformes annoncées le détricotage, maille par maille, des acquis sociaux et de notre contrat social ?

Au nom d'une prétendue quête du plein-emploi, vous avez fait adopter une succession de textes dont les résultats sont plus de flexibilité et moins de sécurité pour les salariés. La remontée des chiffres du chômage et l'atonie de la croissance n'étaient pas, au départ, liées au départ à la crise, mais à votre politique.

Hier, les huit principales centrales syndicales ont décidé le principe d'une mobilisation massive des salariés au début de l'année 2009, notamment pour l'emploi, le pouvoir d'achat et les conditions d'une relance économique.

Alors, monsieur le secrétaire d'État, seriez-vous prête dès aujourd'hui à écouter nos propositions et à travailler en collaboration avec les partenaires sociaux à l'élaboration de mesures permettant de combattre efficacement la crise et ses conséquences que subissent quotidiennement nos concitoyens ?

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