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Intervention de Sandrine Mazetier

Réunion du 15 juillet 2008 à 15h00
Droit d'accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires publiques pendant le temps scolaire — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mazetier :

L'intervention des communes ne permet pas d'assurer en quoi que ce soit la continuité d'un service public d'éducation – du moins au sens où on l'entendait jusqu'à présent, c'est-à-dire un service centré sur l'enseignement.

Loin d'être ébranlé par ce sondage grandeur nature, par cette preuve administrée par la France tout entière de l'inutilité et de l'inopportunité de ces dispositions, vous persévérez, car être utile, répondre aux préoccupations de la communauté éducative et des parents d'élèves, ce n'est pas vraiment votre problème. C'est d'ailleurs l'une des grandes habiletés du texte que de prétendre résoudre un problème qui ne se pose pas pour occulter votre incapacité à résoudre les problèmes qui se posent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Le 15 mai dernier, au soir d'une journée de mobilisation très suivie dans l'éducation nationale, par une habile manoeuvre de diversion dont il est coutumier, le Président de la République a annoncé le vote de ce texte avant l'été. Dès lors, il n'a plus été question que de cette annonce dans les médias. On n'a plus évoqué ni l'ampleur de la mobilisation, ni les raisons invoquées par les grévistes et les manifestants. On n'a pas relevé la présence nombreuse, dans les cortèges, de professeurs des écoles qui protestaient contre la réforme des programmes du primaire et la suppression des cours le samedi matin. Aucune revendication, qu'elle soit de nature quantitative ou qualitative, n'était désormais audible. On ne retiendra rien du ras-le-bol qui s'est exprimé ce jour-là dans toute la France : seule restait l'annonce de ce fameux service minimum à l'école.

De ce point de vue, l'opération a été plus que réussie. Ce jour-là, de manière prémonitoire, Nicolas Sarkozy a vu se réaliser son rêve secret. Une grève importante était organisée dans le pays, à propos d'une institution, l'école, qui concerne tous les Français, et où se joue largement le destin du pays, mais on l'a à peine évoquée au « 20 heures ». Or dans notre société postmoderne et médiatique, la preuve ontologique de 1'existence est justement ce passage au « 20 heures », sur TF1 de préférence. Cette grève n'avait donc plus d'existence. La voilà, la motivation initiale de ce projet de loi : faire diversion, ne pas évoquer les vrais problèmes, les rendre invisibles, inaudibles, incompréhensibles.

Pour justifier ce texte qui ne présente pas le moindre intérêt, on invoque les grandes valeurs républicaines : rien moins que la liberté et l'égalité – vous n'avez pas été jusqu'à citer la fraternité, monsieur le ministre, mais on n'en était pas loin.

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