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Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la république

Séance du 8 septembre 2009 à 14h00

Résumé de la séance

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La séance

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La séance est ouverte à quatorze heures trente.

Présidence de M. Jean-Luc Warsmann, président.

La Commission examine, sur le rapport de M. Jean-Paul Garraud, le projet, adopté par le Sénat, de loi pénitentiaire (n° 1506).

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Nous attendons tous ce texte depuis un temps certain ! J'ai moi-même été désigné rapporteur il y a plus de deux ans. Dans cette introduction, je vous présenterai l'état d'esprit dans lequel j'ai mené mes travaux ainsi que les principaux amendements que je m'apprête à vous soumettre.

Le présent projet de loi pénitentiaire répond à une triple exigence.

Une exigence morale d'abord : les conditions de détention ne sont aujourd'hui pas satisfaisantes. Ce n'est pas l'administration pénitentiaire qui est en cause, elle qui a su évoluer et améliorer les conditions offertes aux détenus. La prison cristallise les reproches visant toutes les carences d'un système dont elle n'est pas seule responsable. Les défis auxquels elle est confrontée sont particulièrement lourds : l'accroissement de la population carcérale, son vieillissement et la dégradation globale de sa santé, notamment mentale.

Si les conditions générales de détention se sont améliorées au cours des années récentes, grâce aux fermetures d'établissements vieillissants et à l'ouverture ou à la réhabilitation, depuis 2002, de près de 10 000 places de détention, trop de personnes détenues sont encore incarcérées dans des cellules vétustes et surpeuplées. La prison a aujourd'hui besoin d'un second souffle. Une réponse du législateur est nécessaire, notamment pour proposer des alternatives à l'incarcération et pour mettre fin à l'encellulement collectif subi dans des cellules d'une surface inadaptée au nombre de personnes qui y sont hébergées.

Deuxième exigence : l'adaptation du cadre juridique des prisons à l'exigence juridique de respect de la hiérarchie des normes. En l'état actuel du droit, la plupart des normes régissant les droits et obligations des personnes détenues sont de nature réglementaire, alors même que l'article 34 de la Constitution donne compétence exclusive au législateur pour définir les règles relatives à l'exercice des libertés publiques. Les restrictions apportées aux droits fondamentaux induites par la privation de liberté doivent être fixées par le législateur. L'élévation de ces dispositions au niveau législatif doit être également l'occasion d'une réécriture d'ensemble assurant plus de lisibilité aux dispositions relatives au service public pénitentiaire.

La troisième exigence est d'ordre international : la loi pénitentiaire doit permettre à la France de mettre ses règles pénitentiaires en conformité avec un cadre juridique européen et international de plus en plus contraignant. Les recommandations du Conseil de l'Europe sur les règles pénitentiaires européennes, dont un certain nombre sont déjà mises en pratique par l'administration pénitentiaire, doivent encore être traduites dans notre droit.

Le texte qui nous est soumis est celui qui a été adopté par le Sénat le 9 mars dernier. Profondément enrichi grâce au remarquable travail de la commission des lois du Sénat et de son rapporteur Jean-René Lecerf, le texte comprend désormais 91 articles, contre seulement 59 dans le projet de loi initial.

J'ai fondé ma réflexion sur la question des fonctions qu'une société décide de donner à la peine d'emprisonnement.

D'abord une fonction rétributive, punitive bien évidemment. La prison sert à punir la commission d'une infraction pénale d'une certaine gravité. C'est la philosophie de la théorie des délits et des peines de Cesare Beccaria. La punition est justifiée par ce que la société considère comme des manquements graves aux valeurs et aux règles de la vie en commun, permettant la mise à l'écart des criminels et des délinquants.

Mais la prison ne se limite évidemment pas à une telle fonction : sa mission est aussi de préparer à la réinsertion des personnes détenues : c'est un des objets du titre II du texte.

Au total, le projet de loi pénitentiaire peut s'analyser d'un triple point de vue : celui des personnes détenues, celui des personnels pénitentiaires, enfin celui de la société tout entière.

S'agissant des droits des personnes détenues, je présenterai à l'article 10 un amendement tendant à améliorer la protection de la dignité de ces personnes par une obligation positive à la charge de l'administration pénitentiaire de garantir le droit à la dignité. Cette disposition, très exigeante vis-à-vis de l'administration pénitentiaire, aura des répercussions sur les conditions d'hébergement, qui devront désormais respecter la dignité des personnes détenues en vertu d'une disposition législative. Je propose d'aller plus loin que le texte retenu par le Sénat.

En matière de correspondance avec des autorités en charge de la protection des droits de l'homme, je proposerai un amendement à l'article 17 tendant à élever au niveau législatif l'interdiction absolue, pour l'administration pénitentiaire, de contrôler les correspondances échangées entre les détenus et – notamment – le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, le médiateur de la République, la Cour européenne des droits de l'homme, les autorités judiciaires, les parlementaires, etc.

Pour ce qui est du contrôle et de la connaissance des établissements pénitentiaires par les magistrats, je présenterai un amendement complétant l'article 3 bis et tendant à affirmer solennellement l'obligation, pour tous les magistrats exerçant des fonctions les amenant à prononcer ou requérir des peines d'emprisonnement ou des placements en détention provisoire, de visiter une fois par an les établissements pénitentiaires de leur ressort. Les obligations en la matière sont aujourd'hui disparates. Je souhaite qu'on les uniformise.

Je vous proposerai également de mieux affirmer la cohérence de notre politique pénale en excluant les récidivistes de l'extension à deux ans des peines aménageables. Je rappelle que la loi du 10 août 2007 sur la récidive des majeurs et des mineurs a fait de la peine d'emprisonnement un principe en matière de récidive, alors que les autres textes, notamment celui-ci, posent l'emprisonnement comme une exception. Une mise en cohérence était nécessaire.

Concernant les procédures simplifiées d'aménagement de peine, je proposerai une procédure assouplie permettant de garantir la prééminence du juge d'application des peines (JAP) mais aussi de donner la possibilité au service pénitentiaire d´insertion et de probation (SPIP) de rencontrer le condamné en premier si le JAP estime que cela est plus opérationnel. Le Sénat avait prévu une saisine conjointe, ce qui peut se comprendre mais peut se révéler déresponsabilisant et coûteux.

S'agissant du placement sous surveillance électronique (PSE) pour les quatre derniers mois de la peine, j'ai souhaité qu'il soit bien précisé qu'il ne s'agit en aucun cas d'un aménagement de peine mais d'une modalité spécifique d'exécution de la fin de peine, tout en reprécisant clairement que le champ d'application de la mesure est réservé aux personnes qui ont été condamnées à cinq ans de prison maximum. Le placement sera de droit, sauf en cas d'opposition du parquet. Le condamné pourra alors saisir le JAP pour obtenir un aménagement de peine. Certains juges d'application des peines avaient fait part de leurs réticences à l'égard de ce qu'ils considéraient comme une « grâce électronique ». Dans le dispositif que je propose, le JAP a le dernier mot s'il est saisi.

Je vous proposerai aussi de revenir sur la présomption d'urgence que le Sénat a instituée s'agissant de placement en quartier disciplinaire et en quartier d'isolement. Il ne faut pas s'y tromper : c'est au juge des référés, que le détenu peut d'ores et déjà saisir, d'apprécier de l'urgence de la situation qui lui est soumise ; ce n'est pas à la loi de le présumer.

Toujours en matière d'isolement, je vous proposerai de combler une lacune de notre droit concernant l'isolement du prévenu décidé par l'autorité judiciaire (juge d'instruction ou juge des libertés et de la détention). Un arrêt du Conseil d'État d'octobre 2008 a en effet annulé l'article réglementaire qui en fixait le régime au motif qu'il revient à la loi d'en définir les grands principes. Je vous soumettrai donc un amendement prévoyant expressément cette faculté donnée au juge d'instruction et au juge des libertés et de la détention, avec un recours devant le président de la chambre de l'instruction.

Je vous présenterai, à l'article 39, un amendement tirant toutes les conséquences d'une jurisprudence de la Cour de cassation de septembre 2008 qui tirait les leçons d'une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme s'agissant du délai d'appel du procureur général ; celui-ci dispose d'un droit d'appel de deux mois, bien plus long donc que celui des parties, qui est de dix jours. Je vous propose de fixer ce délai d'appel à vingt jours, ce qui est moins excessif et de nature à mieux répondre aux exigences d'un procès équitable, d'autant que sera aussi reconnu un droit d'appel incident au condamné et qu'il sera expressément prévu que, même en l'absence d'un tel appel, la cour d'appel pourra rendre une condamnation moins sévère.

Je vous proposerai enfin une extension technique du champ d'application des dispositions permettant le recours à la visioconférence, pour répondre notamment aux demandes figurant dans le rapport annuel de la Cour de cassation pour l'année 2008.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Dans leurs éditions d'aujourd'hui, Libération et Le Monde indiquent que la chancellerie préparerait des ordonnances relatives au fonctionnement des tribunaux en cas de pandémie de grippe H1N1. Le Syndicat de la magistrature dénonce à ce sujet la réintroduction de tribunaux d'exception. Qu'en pensez-vous, madame la garde des sceaux ?

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

J'espère mettre un terme aux obsessions antisécuritaires de M. Mamère. Voilà trois mois qu'il a été demandé à chaque ministère de préparer les mesures à prendre si l'épidémie se généralisait et empêchait un fonctionnement normal des administrations. Les mesures résultant des réflexions engagées n'ont fait l'objet d'aucun arbitrage et ne correspondent pas à l'état actuel des connaissances médicales sur ce virus. C'est un non-sujet.

La Commission passe ensuite à l'examen des articles du projet de loi.

Titre préliminaire Du sens de la peine de privation de liberté

Article 1er A : Finalités de la peine de privation de liberté :

La Commission est saisie de l'amendement CL 582 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le texte adopté au Sénat ne mentionne que la réinsertion du condamné. Cet amendement tend à y ajouter la notion d'insertion, et à substituer à l'expression : « mener une vie responsable et exempte d'infractions », l'expression : « prévenir la commission de nouvelles infractions », qui est plus juridique et plus complète.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Je partage l'intention du rapporteur, à ceci près que mon amendement CL 39 tend à supprimer l'expression : « prévenir la commission de nouvelles infractions », car cette notion est incluse dans l'expression : « préparer l'insertion ou la résinsertion ».

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Sauf erreur de ma part, la formulation : « mener une vie responsable et exempte d'infractions » est celle des règles pénitentiaires européennes.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Elle est plus philosophique mais moins juridique que ma proposition.

La Commission adopte cet amendement. En conséquence, l'amendement CL 39 de M. Michel Vaxès est sans objet.

La Commission est saisie de l'amendement CL 101 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Dans l'exposé des motifs du projet de loi, le Gouvernement fait part de son souhait de remettre de l'ordre dans le système normatif qui régit les prisons. Cet amendement tend à affirmer un principe : les détenus ont des droits ; ce ne sont pas seulement des personnes privées de liberté mais aussi, comme l'affirme la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), des personnes humaines à part entière bénéficiant de droits fondamentaux que l'on ne saurait méconnaître. Ce sont aussi des citoyens, pour lesquels la prison ne doit pas être un lieu d'éviction – même si, dans la conscience collective, il s'agit d'une sorte de lieu d'expiation ou de châtiment. On sait bien que l'efficacité d'une sanction n'a guère de rapport avec la souffrance engendrée. Voilà pourquoi il est nécessaire de rappeler que le condamné est un justiciable, qu'il bénéficie de droits procéduraux et qu'il est un usager qui peut se prévaloir de services administratifs.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je comprends la réflexion sur le fond mais c'est à l'article 10 qu'il conviendra d'en débattre.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'article 1er A ainsi modifié.

Titre premier Dispositions relatives au service public pénitentiaire et à la condition de la personne détenue

Chapitre Ier Dispositions relatives aux missions et à l'organisation du service public pénitentiaire

Article 1er : Missions du service public pénitentiaire :

La Commission est saisie de l'amendement CL 40 de M. Michel Vaxès.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Cet amendement vise à clarifier les missions du service public pénitentiaire en précisant que celui-ci doit préparer les décisions pénales. Il précise également que ces missions incluent la probation.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'importance du service public pénitentiaire n'est pas à démontrer mais il n'est pas exact de dire qu'il participe à la préparation des décisions. Seuls les magistrats et les personnels de greffe préparent les décisions judiciaires. Avis défavorable.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Je ne suis pas convaincu, d'autant qu'un amendement déposé sur un autre article par le Gouvernement aborde la question. Nous en discuterons en séance publique.

La Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 486 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Pour être exécutée de manière efficace, les missions du service public pénitentiaire doivent être uniformes. Mon amendement répond notamment aux préconisations des règles pénitentiaires européennes 25.1, 105.4 et 106.1.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'énumération proposée risque, comme souvent, d'être incomplète. Au demeurant, la question des activités est abordée à l'article 11 ter.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 583 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le Sénat a complété l'article 1er par une phrase disposant que le service public pénitentiaire « garantit à tout détenu le respect des droits fondamentaux inhérents à la personne ». Assigner au service public pénitentiaire l'obligation de garantir aux personnes détenues le respect de leurs droits fondamentaux est évidemment légitime. Cependant, l'emplacement choisi pour cet ajout nuit à la cohérence du texte. Alors que l'article traite des missions du service public pénitentiaire, cette phrase précise une des conditions dans lesquelles ces missions doivent être exercées. En outre, cette obligation figure déjà à l'article 10 du projet de loi, et je proposerai à cette occasion un amendement qui va plus loin que le texte du Sénat.

Mon amendement vise donc à supprimer la dernière phrase de l'article pour des raisons de cohérence.

La Commission adopte cet amendement.

Elle est saisie de l'amendement CL 487 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement revient sur la nécessité d'instaurer une uniformité dans le service public pénitentiaire et prévoit que le service public pénitentiaire garantit aux détenus notamment l'accès au travail, à l'enseignement ou à la formation afin de limiter l'effet désocialisant de l'incarcération.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Il semble difficile de mettre à la charge de l'administration pénitentiaire l'obligation de garantir l'accès au travail ou à la formation.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'article 1er ainsi modifié.

Article 2 : Organisation du service public pénitentiaire :

La Commission est saisie de l'amendement CL 488 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement tend à préciser que l'administration pénitentiaire et le ministère de la justice ne sont pas les seuls à être concernés par la condition des détenus. Nous proposons que les autres services de l'État et les collectivités territoriales assurent dans le cadre du service public pénitentiaire les missions qui sont les leurs sur tout le territoire national. Cette mesure s'inscrit dans la perspective tracée ce matin par Mme la ministre d'État.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La formulation proposée fait disparaître l'idée d'association des autres services de l'État, des collectivités territoriales et de la société civile à l'exécution du service public pénitentiaire. La formulation de l'article 2 actuel paraît satisfaisante pour assurer l'intervention de tous les acteurs.

La Commission rejette cet amendement.

Après avoir adopté l'amendement rédactionnel CL 584 du rapporteur, elle examine l'amendement CL 102 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il s'agit une nouvelle fois de rappeler que la mission du service public pénitentiaire est de garantir l'accès aux dispositifs de droit commun. Nous souhaitons lever l'exception juridique qui existe en prison. Quand on met une personne en prison, il faut résoudre un paradoxe considérable : préparer sa resocialisation alors qu'on la retire de la société et qu'on la soumet à des règles différentes de celles de la société. Le meilleur moyen de préparer la sortie du détenu, c'est de rapprocher la vie en détention de la vie du monde extérieur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Soit, mais votre formulation revient à mettre à la charge de l'administration pénitentiaire l'obligation de garantir le bon fonctionnement d'autres administrations. Au reste, de nombreux partenaires interviennent déjà dans les établissements pénitentiaires – éducation nationale, Pôle emploi, etc. – et il existe des points d'accès au droit. Avis défavorable.

La Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 41 de M. Michel Vaxès.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Cet amendement a pour objet de réaffirmer les missions essentielles du service public pénitentiaire, notamment la préservation de la dignité inhérente à la personne – précision supprimée par un amendement du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. La liste des fonctions non délégables visée par l'article 2 est satisfaisante et correspond à la situation actuelle.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 489 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Dans le même esprit, je propose par cet amendement d'inscrire dans la loi que les services d'insertion et de probation ne sont pas délégables.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable pour les mêmes raisons que précédemment. En outre, l'aménagement des peines relève de l'autorité judiciaire.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte ensuite l'article 2 ainsi modifié.

Article 2 bis : Contrôle du Contrôleur général des lieux de privation de liberté sur les établissements pénitentiaires :

La Commission est saisie de l'amendement CL 585 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'article 2 bis mentionne le rôle dévolu au Contrôleur général des lieux de privation de liberté en ce qui concerne les personnes détenues mais ne reprend qu'incomplètement les termes de l'article 1er de la loi du 30 octobre 2007, l'objet du contrôle précisé dans ce dernier texte n'étant pas repris dans le premier. Cet amendement tend à préciser que le contrôle a pour objet de s'assurer du respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté.

Par ailleurs, le Contrôleur général figure sur la liste fixée par arrêté du ministre de la justice des personnes pour lesquelles aucun contrôle de correspondance ne peut être exercé. Je propose une consécration législative du caractère secret de toute correspondance adressée par un détenu au Contrôleur général.

La Commission adopte cet amendement à l'unanimité.

Elle examine ensuite l'amendement CL 490 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Amendement de précision. La loi doit mentionner les collaborateurs qui assistent le Contrôleur général dans l'exercice de sa mission.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La loi du 30 octobre 2007 prévoit déjà la délégation aux collaborateurs du Contrôleur général. Je suggère le retrait de cet amendement.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Je le maintiens, ne serait-ce que pour souligner que le Contrôleur général n'a pas assez de collaborateurs.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 103 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

La mise en place d'un Contrôleur général des lieux de privation de liberté est une bonne chose mais nous regrettons l'insuffisance de ses pouvoirs. Cet amendement vise à lui permettre d'agir plus efficacement. Le domaine carcéral est l'un des plus contrôlés, mais les organismes chargés de ces contrôles n'ont pas tous les mêmes pouvoirs. Ainsi, certaines recommandations émises en avril par la CNDS – Commission nationale de déontologie de la sécurité – étant restées sans effet, cette instance a recouru au seul moyen qui était à sa disposition : la publication d'un rapport spécial (Journal officiel du 16 juillet 2009), qui est restée tout aussi inaperçue.

L'amendement vise à doter le Contrôleur général des moyens d'action dont il ne dispose pas aujourd'hui.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La question des prérogatives du Contrôleur général a déjà fait l'objet d'un débat. Le Contrôleur général ne dispose certes pas de pouvoir d'injonction, mais il dispose du pouvoir d'émettre des observations et, surtout, de rendre ces observations publiques. Par ailleurs, interrogé par le président de notre Commission sur d'éventuelles modifications, le Contrôleur général avait indiqué, lors de la présentation de son premier rapport, qu'il ne voyait pas d'amélioration à apporter à la loi du 30 octobre 2007.

Permalienministre d'état

Lorsque je l'ai reçu, le Contrôleur général ne m'a fait part d'aucune difficulté. Il vient d'ailleurs de recruter quatre personnes supplémentaires. Les critiques me semblent infondées.

La Commission rejette cet amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 104 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Lorsque nous avons demandé au Contrôleur général si le pouvoir d'injonction lui manquait, il nous a répondu que, si on le lui donnait, il ne le refuserait pas ! Cet amendement tend à anticiper ses voeux.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'article 2 bis ainsi modifié.

Article 2 ter : Évaluation du fonctionnement des établissements pénitentiaires :

La Commission est saisie de l'amendement CL 491 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Au-delà de la simple évaluation, le conseil d'évaluation doit pouvoir examiner concrètement les conditions de fonctionnement de l'établissement. La surveillance ne peut être dévolue qu'à la seule administration pénitentiaire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La création du conseil d'évaluation constitue déjà une sérieuse avancée.

Le conseil d'évaluation est déjà doté d'un certain rôle de surveillance puisqu'il pourra proposer « toutes mesures de nature à améliorer les conditions de détention ». Cependant, le terme de « surveillance » pourrait traduire une sorte de défiance vis-à-vis de l'administration pénitentiaire.

En outre, plusieurs instances jouent déjà un rôle de surveillance des établissements pénitentiaires : le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, les parlementaires, la Commission nationale de déontologie de la sécurité.

Avis défavorable.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Les instances que vous citez n'ont qu'un pouvoir consultatif. Sans parler de défiance vis-à-vis de l'administration pénitentiaire, l'interprétation que celle-ci fait de la question des suicides a soulevé des polémiques. On connaît au demeurant l'étendue des critiques émanant de l'Europe et de nombreux organismes sur le fonctionnement de nos prisons.

PermalienPhoto de Laurence Dumont

Puisque la composition de ce conseil est renvoyée au décret, ne conviendrait-il pas d'y intégrer des parlementaires ? Aujourd'hui, les parlementaires ne peuvent faire partie de la commission de surveillance que si le préfet décide de les nommer comme personnalités qualifiées.

La Commission rejette cet amendement.

La Commission est saisie de l'amendement CL 492 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

L'objet de cet amendement est de préciser que le conseil d'évaluation apprécie les conditions de fonctionnement des établissements au regard des exigences des droits de l'Homme.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Le contrôle du respect des droits fondamentaux des personnes détenues relève d'autres instances que du conseil d'évaluation de l'établissement : le Contrôleur général et la Commission nationale de déontologie de la sécurité jouent ce rôle.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Dans ce cas, à quoi sert le conseil d'évaluation ?

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

À remplir les missions qui lui sont imparties par la loi.

PermalienPhoto de Noël Mamère

La loi ne se réfère donc pas aux droits fondamentaux ?

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 493 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement vise à assurer la transparence du fonctionnement de l'établissement pénitentiaire. Je pense en outre, comme Mme Dumont, que la participation de parlementaires aux commissions de surveillance serait une garantie de transparence.

La Commission rejette cet amendement.

Après avoir adopté l'amendement rédactionnel CL 586 du rapporteur, la Commission rejette, sur avis défavorable de ce dernier, les amendements CL 105 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 495 de M. Noël Mamère.

Puis elle adopte l'article 2 ter ainsi modifié.

Article 2 quater : Délégués du Médiateur :

La Commission adopte l'article 2 quater sans modification.

Article 2 quinquies : Évaluation du taux de récidive par établissement pour peines :

La Commission est saisie de l'amendement CL 587 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La création d'un observatoire de l'exécution des décisions de justice pénale et de la récidive est importante mais l'article 2 quinquies pose trois problèmes.

D'abord, mesurer le taux de récidive par établissement n'est pas pertinent. Ensuite, les populations pénales ne sont pas toujours comparables. Enfin, il faudrait faire mieux apparaître le rôle déterminant des programmes de prévention de la récidive et des activités proposées aux détenus.

Je propose donc que l'observatoire évalue, d'une part, la récidive par catégories d'infractions et, d'autre part, les actions menées au sein des établissements pénitentiaires en vue de prévenir la récidive et de favoriser la réinsertion des personnes détenues. Je propose enfin que l'observatoire étudie non seulement la récidive, mais également la réitération.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Nous sommes favorables à cet amendement. Cela dit, quel sera le rapport entre l'observatoire ainsi crée et l'Observatoire national de la délinquance ? Envisage-t-on une fusion des deux organismes ?

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

Pour aller dans le sens du rapporteur, il faudrait modifier la dernière phrase de l'amendement en ajoutant, après le mot : « récidive », les mots : « et la réitération ».

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

On ne peut que regretter la création, à chaque texte, de nouveaux organismes et de nouveaux « machins ». Je trouve la remarque de M. Raimbourg pertinente.

En outre, le Parlement a un côté « Pénélope » : 364 jours par an, il crée des rapports, le 365e, jour de la simplification, il essaie d'en supprimer. Nos calculs font apparaître toutefois que nous en avons supprimé moins que nous n'en avons créé depuis le début de la législature !

PermalienPhoto de Laurence Dumont

Si ce « machin » devait venir au jour, il serait utile que ses statistiques prennent en compte la notion de genre, afin de fournir une idée plus précise de la récidive chez les femmes.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

Je précise, monsieur le président, qu'il ne s'agit pas d'une initiative gouvernementale.

La Commission adopte cet amendement rectifié. En conséquence, l'amendement CL 416 de M. Éric Ciotti ainsi que les amendements CL 496 et CL 497 de M. Noël Mamère deviennent sans objet.

La Commission adopte ensuite l'article 2 quinquies ainsi modifié.

Article 2 sexies : Participation des collectivités territoriales et des associations aux instances d'évaluation et de suivi en matière pénitentiaire :

Après avoir adopté l'amendement rédactionnel CL 588 du rapporteur puis, sur avis défavorable de ce dernier, rejeté les amendements CL 106 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 498 de M. Noël Mamère, la Commission adopte l'article 2 sexies ainsi modifié.

Article 3 : Expérimentation de transfert aux régions de la compétence en matière de formation :

Suivant l'avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 107 de M. Jean-Jacques Urvoas, puis elle adopte l'amendement rédactionnel CL 589 du rapporteur.

Elle adopte ensuite l'article 3 ainsi modifié.

Article 3 bis : Visite annuelle des procureurs de la République et des juges d'instruction dans les établissements pénitentiaires du ressort de leur juridiction :

La Commission est saisie de l'amendement CL 590 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'article 3 bis a trait aux visites des établissements pénitentiaires par les magistrats. Il m'est apparu que certains magistrats amenés à prononcer des peines d'emprisonnement ou des placements en détention provisoire, comme les juges des libertés et de la détention, ne sont pas soumis à l'obligation d'une visite. La réécriture que je vous propose tend à recenser et à harmoniser ces visites. Je vous renvoie au tableau porté en annexe de mon amendement.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

L'intention est louable mais il n'y a pas de sanction en cas de non-visite. En outre, certains magistrats ne pourraient visiter tous les établissements pénitentiaires de leur ressort.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le droit existant fait déjà obligation de visiter les établissements, ce que font régulièrement les parquets. Cela dit, il a fallu que les organisations syndicales se battent pour maintenir le principe du stage pénitentiaire des auditeurs de justice lors de la réforme de l'École nationale de la magistrature.

La Commission adopte cet amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite l'amendement CL 108 de M. Jean-Jacques Urvoas tendant à compléter l'article 3 bis.

Elle adopte l'article 3 bis ainsi modifié.

Chapitre II

Dispositions relatives aux personnels penitentiaires et à la réserve civile pénitentiaire

Section I

Des conditions d'exercice des missions des personnels pénitentiaires

Article 4 : Catégories de personnels de l'administration pénitentiaire ; création d'un code de déontologie et obligation de prestation de serment :

La Commission est saisie de l'amendement CL 500 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Quiconque a visité des maisons d'arrêt ou des centres de détention a pu constater des discriminations. Il nous paraît important que la loi rappelle la nécessité d'un traitement impartial de la part du personnel pénitentiaire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Aux termes de l'article 1er de la Constitution, la France « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » L'amendement proposé ne fait que répéter cette règle générale. Elle n'apparaît donc pas nécessaire dans le texte de la loi pénitentiaire.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il s'agit tout de même d'un texte qui a pour objet de réhabiliter les droits des citoyens dans les établissements pénitentiaires. Nous avons tous constaté – et le rapport Canivet l'a souligné – que l'on n'est plus vraiment un citoyen lorsque l'on franchit la porte de la prison. Ce sont des règles non écrites qui s'appliquent, et le statut de citoyen a tendance à disparaître.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cette question est importante mais, outre l'article 1er de la Constitution, la loi offre déjà tout un arsenal pour lutter contre les discriminations.

La Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 109 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Il serait bon que la loi fixe les grandes orientations du code de déontologie. Tel est le sens de cet amendement qui vise à enrichir l'article 4.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cette rédaction, non contestable sur le fond, n'apparaît pas nécessaire. Par définition, le code de déontologie soulignera l'obligation de respecter les droits des personnes détenues. On risque en outre d'omettre d'autres droits garantis par la loi pénitentiaire, dont notamment le droit à l'intégrité physique.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le rapporteur conviendra que la loi n'est pas nécessaire pour que l'administration pénitentiaire se dote d'un code de déontologie. Mais dès lors que c'est la loi qui prévoit la mise en place d'un tel code, il n'est pas anormal qu'elle en fixe également la philosophie. C'est d'ailleurs une revendication des organisations syndicales.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Il n'est pas superfétatoire de fixer les grandes lignes de ce code, dans la mesure où il ne va pas de soi que celui-ci règle les rapports entre les personnels et les détenus.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je ne souhaite pas alourdir le texte par une énumération qui me semble inutile.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 501 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

En dépit de la création du code de déontologie, il est nécessaire d'inscrire dans le texte les principes fondamentaux qui doivent régir l'exercice des missions des personnels pénitentiaires.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable pour les mêmes raisons que précédemment, d'autant que l'amendement semble exclure du champ d'application du code les agents des sociétés de gestion déléguée.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle examine l'amendement CL 502 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

La fonction d'un enseignant en prison y est sans rapport avec celle d'un surveillant. Un même code de déontologie ne peut donc s'appliquer aux deux de la même façon. C'est pourquoi nous demandons que soient exclus « les agents habilités en application du second alinéa de l'article 2. »

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Le ministère de la justice a d'ores et déjà indiqué que le code de déontologie du service public pénitentiaire comporterait deux parties, l'une concernant les personnels pénitentiaires, l'autre les agents des sociétés de gestion déléguée.

La Commission rejette l'amendement CL 502 puis adopte l'amendement rédactionnel CL 591 du rapporteur.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 499 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement s'inscrit dans la logique du précédent. Il précise que les personnels intervenant dans les prisons et dont la profession relève de règles déontologiques particulières restent soumis à ces dernières.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. L'article 4 est parfaitement clair quant à la définition du champ d'application du code de déontologie. Il n'est pas nécessaire d'en exclure expressément les professions relevant d'autres codes.

La Commission rejette cet amendement.

Elle en vient à l'amendement CL 110 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Cet amendement précise que c'est le code de déontologie médicale qui s'applique aux personnels de santé intervenant en prison, cela notamment afin de prévenir tout conflit d'intérêt en matière de respect du secret médical.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Cet amendement est inutile. L'article 4 ne comporte aucune ambiguïté.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'article 4 ainsi modifié.

Après l'article 4

La Commission examine l'amendement CL 510 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement important répond à une demande de la Commission nationale consultative des droits de l'homme pour renforcer les compétences techniques des greffes pénitentiaires et limiter les cas de détention arbitraire, en demandant que les fonctions du greffe des établissements pénitentiaires soient assurées par les services du parquet du tribunal de grande instance de leur ressort.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis très défavorable. Cela témoignerait d'une défiance tout à fait injustifiée à l'égard des greffes pénitentiaires.

La Commission rejette cet amendement.

Article 4 bis : Missions des personnels de surveillance

La Commission examine les amendements CL 42, CL 43 de M. Michel Vaxès et CL 417 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Si les personnels pénitentiaires participent à la sécurité, ce n'est qu'une conséquence de leur mission, qui doit rester centrée sur l'exécution des peines, l'insertion et la réinsertion. D'où mes deux amendements.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Les personnels de surveillance de l'administration pénitentiaire ne sont pas des agents des forces de sécurité intérieure. Le Livre blanc de la défense de 2008 reconnaît comme seules « forces de sécurité intérieure » la police, la gendarmerie, la sécurité civile et la douane. Quant au code de la défense, tout récemment ainsi modifié par la loi du 29 juillet 2009, il attribue au ministère de l'intérieur, et non à celui de la justice, la responsabilité de la sécurité intérieure. Il serait donc incohérent de désigner ici un nouvel acteur de la sécurité intérieure.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Peut-on nier véritablement que les personnels de l'administration pénitentiaire constituent l'une des forces de sécurité intérieure ?

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

Je suis extrêmement attachée à la notion de chaîne de la sécurité à laquelle participent les acteurs de la prévention, de la réinsertion, comme ceux qui, à un moment donné, doivent contraindre – policiers, gendarmes, mais aussi personnels des établissements pénitentiaires, ces derniers ayant bien un rôle de sécurisation dans la mesure où ils ont affaire précisément aux personnes que l'autorité judiciaire a jugées les plus dangereuses pour la société. Cette reconnaissance, à laquelle les personnels sont, je le crois, attachés, est tout à fait justifiée.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Une fois n'est pas coutume, je partage l'avis d'Éric Ciotti. D'une part, les forces de sécurité intérieure sont très précisément définies. D'autre part, les personnels pénitentiaires ne se perçoivent pas comme tels, même si je sais que c'est une revendication de l'une des organisations syndicales de surveillants. La plupart d'entre eux estiment exercer une mission de justice en veillant à l'exécution des peines.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Si l'on parle vraiment de chaîne de sécurité, il faudrait la faire commencer à l'école, vu le rôle déterminant de l'éducation.

La mission principale des personnels pénitentiaires est de participer à l'exécution des peines et à la réinsertion des détenus, non d'assurer la sécurité, même s'il est évident qu'au vu notamment des conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent, il en résulte des conséquences en matière de sécurité.

PermalienPhoto de Christian Vanneste

Je comprends mal le sens de ces amendements. En effet, ce projet de loi vise, entre autres, à valoriser l'action des personnels pénitentiaires, trop souvent dévalorisée. Insister sur le fait, évident, qu'ils constituent l'un des maillons de la chaîne de sécurité et qu'ils concourent à l'établissement global de la sécurité, « première des libertés du citoyen », comme le relevait déjà Montesquieu, y contribue.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

La loi doit aussi anticiper les évolutions. Or, les personnels pénitentiaires vont progressivement recevoir de nouvelles missions en matière d'escorte et de transfèrement, tâches aujourd'hui assurées par des gendarmes.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Convaincu par les arguments du rapporteur et de la ministre, je retire mon amendement.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

A ce compte, on pourrait légitimement se demander si les juges ne sont pas aussi des agents de la sécurité publique…

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Il est incontestable que les personnels pénitentiaires exercent des missions de sécurité au sein des établissements, à leurs abords et lors des transfèrements.

Après que l'amendement CL 417 a été retiré, la Commission rejette les amendements CL 42 et CL 43.

Puis elle est saisie de l'amendement CL 505 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

L'amendement CL 505 reprend dans ce projet de loi, où le terme de dignité n'apparaît qu'une fois, l'esprit de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme qui impose aux États de s'assurer que « tout prisonnier est détenu dans des conditions compatibles avec le respect de la dignité humaine. »

L'amendement CL 503 va dans le même sens.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

C'est plutôt à l'article 10 que nous insisterons sur ce point, en effet très important. J'y proposerai moi-même un amendement qui renforcera les obligations de l'administration pénitentiaire en matière de garantie de la dignité. En outre, celle-ci incombe à l'administration pénitentiaire en tant qu'institution, non aux personnels de surveillance en tant que corps ou en tant que personnes. Si l'amendement proposé était adopté, un détenu pourrait reprocher à un gradé de l'établissement de ne pas veiller au respect de sa dignité en le maintenant avec cinq codétenus dans une cellule prévue pour deux.

La Commission rejette l'amendement.

Suivant l'avis du rapporteur, elle rejette également l'amendement CL 503 de M. Noël Mamère.

Elle examine ensuite les amendements identiques CL 44 de M. Michel Vaxès et CL 504 de M. Noël Mamère, ainsi que l'amendement CL 111 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Répondant à une préoccupation formulée à plusieurs reprises par la Commission nationale de déontologie de la sécurité, l'amendement CL 44 prévoit que le recours à la force meurtrière n'est possible qu'en cas de légitime défense, notamment en cas d'attaque d'établissement. Le projet de loi en effet ne précise pas les conditions de l'usage des armes.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cette question a été longuement discutée au Sénat où le rapporteur s'est interrogé sur la nécessité de préciser dans la loi les conditions du recours à la force, qui doit notamment être proportionné. La garde des sceaux de l'époque lui avait répondu qu'il était prématuré de déposer un amendement sur ce sujet, une réflexion étant en cours à la chancellerie. Cette réflexion n'ayant pas, à notre connaissance, abouti, nous avons déposé l'amendement CL 111 qui permettrait à notre pays de se mettre en conformité avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, laquelle demande que soit respecté le principe de proportionnalité.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable aux trois amendements. Le recours à la force, qui a en effet fait l'objet d'un long débat au Sénat, est déjà très précisément encadré.

La Commission rejette les amendements CL 44 et CL 504, ainsi que l'amendement CL 111.

Puis elle examine l'amendement CL 112 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Si l'article 4 bis est adopté, nous demandons à tout le moins que l'usage de la force à l'encontre des détenus âgés de moins de 15 ans, dont le nombre est d'ailleurs très faible, soit particulièrement encadré.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Il n'est pas nécessaire de prévoir des dispositions particulières pour les mineurs vu l'encadrement très strict dont fait déjà l'objet le recours à la force.

La Commission rejette cet amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 113 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Depuis 2006, les pistolets à impulsion électrique sont utilisés en détention. Ils l'ont été au départ sans aucune base textuelle. Depuis, deux circulaires du directeur de l'administration pénitentiaire, en date du 9 janvier 2006 et du 9 mai 2007, en ont précisé l'usage. Y était évoquée seulement une expérimentation, notamment à Fresnes, et il y était bien dit que l'on comptait avant tout sur l'effet dissuasif de ces armes, classées par le comité pour la prévention de la torture parmi les « traitements cruels, inhumains et dégradants » tels que cités à l'annexe 3 du règlement du Conseil de l'Europe du 27 juin 2005. Dans son rapport sur la France du 10 décembre 2007, ce comité s'est d'ailleurs montré « plus que réticent à l'introduction d'une telle arme en détention, vu la nature particulière des fonctions assumées par le personnel pénitentiaire. » Nous proposons donc que l'usage de ces pistolets soit purement et simplement prohibé en détention.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

Il me faut rétablir la vérité car beaucoup de contre-vérités circulent s'agissant de ces pistolets. La décharge délivrée par ceux utilisés en France est d'une intensité bien moindre que celle des appareils utilisés aux États-Unis ou au Canada. Et je serais, pour ma part, toujours plutôt favorable à l'utilisation de ces équipements-là qu'à celle d'une arme à feu.

Ensuite, comme cela avait été prévu et comme j'ai pu le constater, la simple lumière rouge qui précède la décharge est très fortement dissuasive. Or, ce que l'on cherche à éviter est bien de recourir à la force.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Puisque l'on est théoriquement dans une phase d'expérimentation, un rapport d'évaluation est-il prévu ? Par ailleurs, pourrions-nous avoir des données précises sur l'usage qui a été fait de ces pistolets, communément appelés Taser, dans les établissements pénitentiaires depuis 2006 ?

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

Taser n'est que le nom d'un fabricant ! Pour le reste, si le rapport que vous appelez de vos voeux existe, il vous sera immédiatement communiqué. Sinon, il sera établi.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Les pistolets à impulsion électrique en question sont des Taser. Contrairement à ce que vous prétendez, madame la garde des sceaux, l'intensité de la décharge délivrée est exactement la même en France qu'aux États-Unis et au Canada, à savoir 50 000 volts.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

C'est faux !

PermalienPhoto de Noël Mamère

Amnesty International aussi s'est élevée contre l'usage de ces armes dites « non létales ou à faible létalité », ce qui signifie d'ailleurs bien qu'il existe un risque létal. C'est d'ailleurs pourquoi le représentant de la marque en France a intenté un procès à plusieurs responsables politiques.

Une décision de justice récente a par ailleurs interdit que les policiers municipaux soient équipés, comme vous l'aviez souhaité alors que vous étiez ministre de l'intérieur, de tels pistolets, jugés trop dangereux. En doter les personnels pénitentiaires ne correspond pas à l'esprit que vous souhaitez défendre dans ce projet de loi. Pour dissuader les détenus de commettre de graves infractions, il est bien d'autres moyens d'intervenir en amont, notamment en les traitant mieux et en leur apportant davantage de considération.

Le cas des Taser, qu'il faut bien appeler par leur nom puisqu'il n'y a pas pour l'heure d'autre fabricant, est d'ailleurs à rapprocher de celui des flash-balls. Les prescriptions d'utilisation de ces équipements, comme le grave accident qui a eu lieu récemment à Montreuil l'a prouvé, ne sont pas toujours respectées. Pour toutes ces raisons, le recours aux Taser doit être proscrit, en particulier en prison.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les personnels pénitentiaires ne sont pas équipés de pistolets à impulsion électrique. Seules le sont les équipes régionales d'intervention de sécurité de l'administration pénitentiaire, qui interviennent uniquement en cas de mutinerie, d'insurrection...

Par ailleurs, l'usage du pistolet à impulsion électrique est encadré par la loi de la même manière que celui de la force en général.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

L'honnêteté intellectuelle exigerait, monsieur Mamère, de préciser que le Conseil d'État ne s'est pas prononcé contre l'utilisation des pistolets à impulsion électrique par les polices municipales mais a simplement souhaité que les conditions de formation des personnels les utilisant soient précisées par décret, et non par simple circulaire. Un décret, intégrant le contenu de cette circulaire, sera donc prochainement publié pour permettre aux policiers municipaux d'utiliser ces équipements.

La Commission rejette l'amendement CL 113.

Puis elle adopte l'article 4 bis sans modification.

Article 4 ter : Missions des personnels d'insertion et de probation :

Sur avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 45 de M. Michel Vaxès puis l'amendement CL 507 de M. Noël Mamère.

Elle adopte ensuite l'article 4 ter sans modification.

Article 4 quater : Droits d'expression et de manifestation des personnels de l'administration pénitentiaire

La Commission examine l'amendement CL 452 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Si l'on institue de nouveaux droits pour les détenus, il est, au moins symboliquement, important d'en créer autant pour les personnels de surveillance. Ceux-ci doivent bénéficier des mêmes garanties disciplinaires que les autres fonctionnaires. Le ministre notamment ne doit plus pouvoir sanctionner d'éventuels actes graves sans que les personnels concernés aient comparu devant la commission de discipline. Cela nous semblerait un message positif à l'endroit des personnels pénitentiaires, extrêmement dévoués, qui accomplissent leurs tâches dans des conditions très difficiles.

La Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite les amendements CL 508 et CL 509 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Ces deux amendements, le second étant de repli, visent, dans le même esprit, à ce que les personnels pénitentiaires puissent exercer un certain nombre de droits sans être poursuivis par leur administration de tutelle.

Sur avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement ces deux amendements.

Puis elle adopte l'article 4 quater sans modification.

Article 4 quinquies : Formation initiale et continue des personnels de l'administration pénitentiaire

Après avoir adopté l'amendement rédactionnel CL 592 du rapporteur, la Commission examine les amendements CL 114, CL 115, CL 116 et CL 117 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Ces quatre amendements visent à compléter la formation des personnels de l'administration pénitentiaire en les sensibilisant aux principes de laïcité et aux pratiques cultuelles, à la problématique du suicide en prison, à l'accueil et l'encadrement des mineurs, aux relations interculturelles et aux phénomènes de racisme.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Toute énumération, nécessairement limitative, risque de comporter des oublis. Ensuite, le contenu de la formation des fonctionnaires ne relève pas du domaine de la loi. Enfin, n'oublions pas que 6 000 agents de l'administration pénitentiaire suivent chaque année une formation initiale et continue extrêmement riche à l'ENAP.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il n'appartient certes pas à la loi de fixer le programme des formations. Il n'en demeure pas moins que si leur contenu y est précisé, il devient obligatoire.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Il faut former régulièrement un nombre croissant de personnels à la prévention du suicide en prison.

La Commission rejette successivement ces quatre amendements.

Puis elle adopte l'article 4 quinquies ainsi modifié.

Après l'article 4 quinquies

La Commission examine l'amendement CL 451 de M. Guénhaël Huet.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

Cet amendement vise à proposer qu'à titre expérimental, des surveillants hommes puissent travailler dans des établissements pénitentiaires ou quartiers de femmes, comme aujourd'hui déjà des surveillantes femmes travaillent dans des établissements pour hommes, avec des résultats plutôt positifs. La demande en a été formulée par certains directeurs d'établissement et par des personnels eux-mêmes. Une évaluation de l'expérimentation devrait être effectuée, à une échéance à préciser.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Tout en comprenant les motivations de cet amendement, je suis très réservé. La plus grande prudence s'impose en effet sur ce sujet. Un autre de vos amendements, qui sera examiné ultérieurement, devrait permettre d'avancer en matière de mixité. J'y serai favorable. Pour l'heure, je vous invite à retirer celui-ci.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

La présence des femmes est bénéfique dans tous les domaines. Cela dit, dans ce cas particulier, je suis moi-même assez dubitative. De surcroît, cela ne relèverait pas de la loi, l'interdiction relevant du décret. Nous devons travailler sur le sujet, éventuellement mener des expérimentations, mais sans que celles-ci ne soient prévues dans la loi.

L'amendement CL 451 est retiré.

Article 5 : Extension du champ de la protection fonctionnelle de l'État aux concubins et partenaires de PACS des personnels pénitentiaires

La Commission adopte l'article 5 sans modification.

Section 2 De la réserve civile pénitentiaire

Article 6 : Missions et composition de la réserve civile pénitentiaire :

La Commission est saisie des amendements de suppression de l'article CL 46 de M. Michel Vaxès et CL 511 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Nous sommes défavorables à la création d'une réserve civile pénitentiaire. Il y a suffisamment de gens dans le monde du travail pour ne pas recourir aux retraités. Par ailleurs, le statut de la fonction pénitentiaire prévoit le départ à l'âge de 55 ans.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je considère au contraire que la création de cette réserve civile pénitentiaire est un net progrès. Elle permet de profiter, dans le cadre de missions bien définies, de l'expérience de personnes qui sont parties tôt à la retraite. Bien sûr, il s'agit de volontaires.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cette idée, qui paraît généreuse, est en fait pernicieuse : nous parlons d'un service public qui doit être l'apanage d'un personnel formé, de fonctions régaliennes de l'État qui ne doivent pas être assumées par des retraités ou des réservistes civils. C'est le personnel pénitentiaire qui doit devenir plus nombreux, ainsi que le demandent les syndicats. Dans la maison d'arrêt de Caen, on compte un surveillant pour quatre-vingts détenus : dans ces conditions, il est difficile de détecter les tendances suicidaires ! C'est donc plutôt sur les aspects du recrutement et de la formation que nous devrions faire des efforts.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

La réserve existe déjà, bien que très limitée, et assure des fonctions de présence et de surveillance. En aucun cas elle ne se substitue au personnel pénitentiaire, dont on sait qu'il a vocation à se renforcer dans les prochaines années. Mais, à propos de missions bien délimitées, l'expérience de ces personnes peut être très utile. Leur présence n'est d'ailleurs pas perçue par le personnel pénitentiaire comme une compétition.

PermalienPhoto de Laurence Dumont

Si vous les écoutiez, vous sauriez qu'un certain nombre d'organisations syndicales, et non des moindres, y sont opposées !

La Commission rejette les amendements de suppression.

Elle examine ensuite, en discussion commune, l'amendement CL 418 de M. Éric Ciotti et l'amendement CL 593 du rapporteur.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Il s'agit d'étendre les missions de la réserve civile pénitentiaire au transfèrement des détenus les moins dangereux, l'appréciation en étant laissée au garde des sceaux. Le transfèrement mobilise des effectifs considérables de policiers et de gendarmes, sans pour autant relever de leurs compétences. Il serait utile que l'administration pénitentiaire puisse l'assumer.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Autant je suis favorable à la réserve civile pénitentiaire, autant je considère que lui donner des missions de transfèrement irait trop loin. Il s'agit en effet de missions régaliennes, qui doivent être assumées par les services actifs de l'administration pénitentiaire.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Je rappelle qu'elle n'interviendrait qu'en appui, sans se substituer à l'administration.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

On ne vote pas de telles lois tous les jours. Peut-être est-il préférable de laisser une certaine souplesse au texte, afin que le ministère puisse agir au mieux ensuite.

PermalienPhoto de Christian Vanneste

Je ne vois pas en quoi le transfèrement serait une mission plus régalienne que les autres. En revanche, manifestement, il existe des tâches plus ou moins régulières et plus ou moins coûteuses. Il me semble que cette mesure serait un bon moyen d'employer les deniers publics à des missions plus utiles que ces tâches qui mobilisent beaucoup de monde pour des durées limitées.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

De toute façon, la rédaction actuelle satisfait déjà cet amendement. Dans le cadre par exemple des « nouvelles activités » auxquelles pourront participer les détenus, comme l'entretien environnemental, nous aurons des besoins d'encadrement, qui pourront être en partie assurés par des réservistes. Il n'est pas question de les détailler, sans quoi nous en oublierons certains. La loi doit rester à un certain niveau de généralité. Ensuite s'appliquent les principes d'affectation des personnels en fonction de leur formation et de leur statut.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Je suis entièrement d'accord, mais la rédaction du Sénat prévoit que la réserve effectue des missions de renforcement de la sécurité « dans les établissements et bâtiments » relevant du ministère. Les chantiers extérieurs ou les transfèrements entre deux bâtiments ne sont donc pas couverts.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Mon amendement 593, sous réserve d'une modification, permettrait de régler le problème. Je propose que l'alinéa 1 de l'article 6 soit ainsi rédigé: « Il est créé une réserve civile pénitentiaire destinée à assurer des missions de renforcement de la sécurité relevant du ministère de la justice ainsi que des missions de formation des personnels, d'étude ou de coopération internationale. La réserve civile pénitentiaire peut également être chargée d'assister les personnels des services pénitentiaires d'insertion et de probation dans l'exercice de leurs fonctions de probation. »

PermalienPhoto de Éric Ciotti

S'il apparaît clairement dans le débat que ces missions peuvent recouvrir les transfèrements, je retire l'amendement CL 418.

La Commission adopte l'amendement 593 rectifié du rapporteur.

Elle est saisie de l'amendement CL 419 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

J'y suis défavorable. Fixer la liste des membres des conseils d'évaluation des établissements ne relève pas de la loi.

L'amendement est retiré.

La Commission adopte l'article 6 ainsi modifié.

Article 7 : Conditions d'engagement au sein de la réserve civile pénitentiaire :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements de suppression de l'article CL 47 de M. Michel Vaxès et CL 512 de M. Noël Mamère.

Puis elle adopte l'amendement CL 594 du rapporteur.

Elle adopte enfin l'article 7 ainsi modifié.

Article 7 bis : Formation des agents de la réserve civile pénitentiaire :

La Commission adopte cet article sans modification.

Article 8 : Conditions d'exercice de missions au titre de la réserve civile pénitentiaire pendant le temps de travail :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements de suppression de l'article CL 48 de M. Michel Vaxès et CL 513 de M. Noël Mamère.

Puis elle adopte l'amendement CL 596 du rapporteur. En conséquence, l'article 8 est ainsi rédigé.

Article 9 : Droits et garanties des personnels de la réserve civile pénitentiaire :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements de suppression de l'article CL 49 de M. Michel Vaxès et CL 514 de M. Noël Mamère.

Puis elle adopte successivement les amendements CL 597 et CL 598 du rapporteur.

Elle adopte enfin l'article 9 ainsi modifié.

Chapitre III

Dispositions relatives aux droits des détenus

Section Dispositions générales

Intitulé du chapitre III :

La Commission adopte l'amendement rédactionnel CL 599 du rapporteur.

Avant l'article 10

Elle est saisie de l'amendement CL 119 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il s'agit d'abroger l'article 728 du code de procédure pénale. N'étant pas un esprit chagrin, je n'ironiserai pas sur le souhait que le Gouvernement exprime, dans son exposé des motifs, que la loi fixe les restrictions aux droits fondamentaux, puisque cela relève de la Constitution. Mais je rappelle que le Conseil d'État, dans un arrêt de 2008, n'exclut pas que cet article 728 soit désormais entaché d'incompétence négative. C'est une question de hiérarchie des normes : l'essence même du présent texte est de remettre du droit dans les établissements et de faire reculer l'arbitraire. Or l'article 728 est le coeur du déséquilibre actuel du droit pénitentiaire et est en cela contraire à l'état de droit. C'est d'ailleurs ce qu'écrivait le Premier président Canivet dans son rapport de 2000.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le Sénat a adopté une nouvelle rédaction de cet article 728, selon laquelle « des règlements intérieurs-types, prévus par décret en Conseil d'État, déterminent les dispositions prises pour le fonctionnement de chacune des catégories d'établissements pénitentiaires. » Grâce à ces règlements-types, les différences injustifiées de régime entre deux établissements du même type devraient disparaître et l'intervention du Conseil d'État permettra de s'assurer qu'ils respectent les libertés fondamentales et sont conformes aux normes supérieures.

La Commission rejette cet amendement.

Article 10 : Garantie des droits des personnes détenues et encadrement des restrictions dont ces droits peuvent faire l'objet :

La Commission est saisie de l'amendement CL 50 de M. Michel Vaxès.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Cet amendement précise que les restrictions aux droits fondamentaux des détenus sont exceptionnelles et proportionnées, et propose des critères de non-discrimination. Certes, cela figure déjà dans la Constitution, mais beaucoup d'autres dispositions constitutionnelles sont reprises dans le projet de loi. Celles-ci méritent de l'être.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'article 1er de la Constitution suffit à garantir les principes de non-discrimination, et l'article 10 du texte prévoit un encadrement suffisant des restrictions aux libertés.

La Commission rejette cet amendement.

Elle est saisie de l'amendement CL 120 de M. Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le rapport de 2000 de l'Assemblée nationale estimait inimaginable qu'il y ait deux qualités de normes selon qu'on soit un citoyen libre ou détenu. La garantie des droits est la même, le détenu n'étant privé que de sa liberté d'aller et venir. Cet amendement est la déclinaison de ce principe, la consécration des droits de la personne détenue et l'affirmation des obligations de l'administration. Il reprend, là encore, une des propositions du président Canivet.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Le texte définit, pour chacun des droits des détenus, les conditions dans lesquelles ils peuvent faire l'objet de restrictions.

La Commission rejette cet amendement.

Elle est saisie de l'amendement CL 121 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Cet amendement précise que les détenus ont les mêmes droits que les personnes libres, sauf restrictions. C'est donc le principe, même s'il supporte des exceptions. Cela permet de mettre de l'ordre dans l'univers carcéral.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 515 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il a le même objet que les précédents. Les restrictions apportées aux droits fondamentaux ne sont pas du ressort de la circulaire ou du règlement, mais de la loi. C'est une bonne manière de répondre aux suggestions du rapport Canivet.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'amendement CL 600 du rapporteur. En conséquence, les amendements CL 122 et CL 127de M. Jean-Jacques Urvoas deviennent sans objet.

La Commission est saisie de l'amendement CL 124 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il s'agit d'ajouter la notion de handicap, qui n'apparaît quasiment pas dans le texte.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte cet amendement.

Elle en vient à l'amendement CL 123 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Je propose ici de supprimer la notion de personnalité, dont nous ne sommes jamais parvenus à obtenir une définition.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Mais elle est liée à la notion de dangerosité, qui est indispensable.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte ensuite l'amendement CL 601 du rapporteur.

Puis elle rejette successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 125 et CL 126 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte enfin l'article 10, ainsi modifié.

Après l'article 10 :

La Commission est saisie de l'amendement CL 128 de Mme Aurélie Filippetti.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement tend à transcrire la règle pénitentiaire européenne selon laquelle l'administration pénitentiaire doit respecter les besoins des femmes aux niveaux physique, professionnel, social et psychologique pour tous les aspects de la détention.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Alors faudrait-il des définitions pour tout ce qui distingue les droits des femmes de ceux des hommes…

La Commission rejette cet amendement.

Article 10 bis : Information du détenu sur ses droits et obligations et sur les règles applicables à l'établissement :

La Commission est saisie de l'amendement CL 129 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

C'est une précision déjà satisfaite à l'article 10.

La Commission rejette cet amendement.

Après avis favorable du rapporteur, elle adopte l'amendement de précision CL 132 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle examine ensuite l'amendement CL 133 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Le règlement intérieur est consultable dans l'établissement. La remise du seul livret d'accueil est suffisante.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle est saisie de l'amendement CL 131 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Certains détenus ne parlent pas le français, et d'autres sont illettrés. Il faut donc organiser des cours dès que cela est possible, mais, en attendant, la procédure de saisine du chef d'établissement doit pouvoir être orale.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Ce n'est pas du domaine de la loi. En outre, la formule « réponses satisfaisantes » est trop floue.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte l'article 10 bis ainsi modifié.

Après l'article 10 bis :

La Commission est saisie de l'amendement CL 134 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cet amendement est redondant avec les dispositions concernant la remise du livret d'accueil. Avis défavorable.

La Commission rejette cet amendement.

Elle examine ensuite les amendements CL 135 et CL 136 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Les restrictions qui étaient liées aux impératifs de sécurité et au bon fonctionnement des établissements ont été justifiées pendant longtemps par l'impossibilité pour un détenu de contester une décision de l'administration le concernant. La jurisprudence du Conseil d'État a fait évoluer la situation. Je propose donc d'encadrer le droit juridictionnel des détenus par la loi et de leur donner des possibilités de recours, qui doivent passer en audience dans un délai d'un mois pour l'amendement CL 135. L'amendement de repli CL 136 porte ce délai à deux mois.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

La jurisprudence administrative a beaucoup évolué en la matière. Depuis l'arrêt Marie de 1995, toute mesure faisant grief peut faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir. Sont donc désormais soumis au contrôle du juge administratif les sanctions disciplinaires, changements d'affectation, rotations de sécurité, déclassements d'emploi ou décisions de fouille corporelle intégrale. Cette situation me semble tout à fait satisfaisante.

La Commission rejette successivement les deux amendements.

Article 11 : Liberté de communication des détenus avec leurs avocats :

La Commission est saisie, en discussion commune, des amendements CL 139 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 602 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Ces deux amendements reprennent la même idée : si une règle est commune à tous les détenus, autant le dire simplement. Mais ma rédaction me semble préférable.

La Commission adopte à l'unanimité l'amendement CL 602.

Elle en vient à l'amendement CL 140 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement prévoit que la prise de rendez-vous pour les parloirs avocats peut s'effectuer par téléphone. C'est une recommandation du COR, le comité d'orientation restreint, qui n'a pas été reprise dans le projet de loi.

PermalienMichèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés

Certainement pas. En revanche, c'est une bonne mesure, que je peux m'engager à prendre par voie réglementaire.

L'amendement CL 140 est retiré.

La Commission est saisie de l'amendement CL 517 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il s'agit de rappeler que le détenu bénéficie de l'aide juridictionnelle.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

D'abord, je rappelle le rôle des délégués du Médiateur. Ensuite, cette indication n'ajoute rien au droit existant : les détenus peuvent déjà bénéficier de l'aide juridictionnelle.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

C'est justement parce que cet amendement n'apporte rien qu'il a passé le filtre de l'article 40 !

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte l'article 11 ainsi modifié.

Article 11 bis : Liberté d'opinion, de conscience et de religion :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 146 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle est saisie de l'amendement CL 142 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement, de même que les amendements CL 143, 144, 145, 147, 148, 149 et 150, porte sur la liberté d'opinion et de culte dans les établissements pénitentiaires. Ils ne font que reprendre des notions de l'avant-projet de loi pénitentiaire présenté par Mme Dati devant les organisations syndicales, notions qui ont disparu dans le présent texte, et qui suivaient là encore les recommandations du COR. Ces dispositions veulent faciliter l'exercice de leur religion par les détenus et le travail des aumôniers. Pour assurer l'égalité de tous devant les religions, elles mettent un terme aux limitations de l'exercice des cultes, conformément à certaines observations de la Commission nationale consultative des droits de l'homme.

Nous proposons en particulier – en écartant bien sûr tout prosélytisme – de subordonner le travail des aumôniers en détention à l'obtention d'un agrément, de garantir, lorsque la demande existe, la mise à disposition d'un local et d'assurer le respect par l'administration pénitentiaire du régime alimentaire auquel s'astreindrait un détenu en raison de sa foi.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. En revanche, je présenterai un amendement CL 603 sur ce sujet, qui prévoit que les détenus peuvent exercer librement le culte de leur choix.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Mais le texte prévoit immédiatement des possibilités de restriction à l'exercice des cultes !

La Commission rejette l'amendement CL 142.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 53 de M. Michel Vaxès et CL 144 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'amendement CL 603 du rapporteur.

Puis elle rejette successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 145 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 518 de M. Noël Mamère.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 25 de M. Philippe Goujon.

PermalienPhoto de Philippe Goujon

Sans porter atteinte à la liberté du culte, il faut observer que les fondamentalistes, notamment islamistes, recrutent dans les prisons des détenus qui trouvent parfois dans ces conversions « de confort » le moyen d'acquérir des protections.

Face à l'ampleur croissante de ce phénomène, attestée notamment par les rapports élaborés par l'administration pénitentiaire en 2008 et par les renseignements généraux en 2005 et touchant des centaines de détenus, il convient de prendre des mesures préventives et de donner à l'action des pouvoirs publics un socle législatif.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'article 11 bis répond à votre souci : il prévoit dans une formulation générale que les détenus peuvent exercer leur culte selon les conditions adaptées à l'organisation des lieux, sans autres limites que celles imposées par la sécurité et le bon ordre de l'établissement.

Se pose en outre la question de la définition du fondamentalisme religieux, en particulier si l'on se souvient que la République ne reconnaît aucun culte.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Pour l'administration, cet amendement est doublement satisfait. La lutte contre le fondamentalisme est en effet l'une des missions essentielles de l'administration pénitentiaire et un bureau – celui de la sécurité pénitentiaire – est entièrement consacré à cet objectif, en lien constant avec le ministère de l'intérieur.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Cette situation n'est pas très différente de ce qu'on observe autour de certaines mosquées salafistes. Je rappelle, monsieur le rapporteur, que, lorsque vous l'avez reçu, l'aumônier général musulman des prisons était très conscient du problème et a insisté sur la formation d'aumôniers de qualité travaillant en lien étroit avec l'administration.

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

Le prosélytisme en prison ne vise nullement à troubler le bon ordre de l'établissement, mais à profiter des conditions particulières de la détention pour créer de bons petits soldats en vue du moment de la sortie de prison. Peut-être conviendrait-il donc de poursuivre la réflexion sur cette question, par exemple au titre de l'article 88.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Ce sujet est très suivi par tous les ministères européens. Durant la présidence française de l'Union européenne, j'ai fait éditer, dans le cadre de mes anciennes fonctions, un guide permettant de détecter les actions de prosélytisme et de recrutement en prison, afin de pouvoir assurer un suivi ultérieur. En revanche, la formulation de cet objectif dans le texte de loi pourrait être contraire à l'efficacité recherchée. Sur ce terrain sensible, la prudence est de mise.

PermalienPhoto de Philippe Goujon

La situation en détention est très différente de celle qui prévaut à l'extérieur et exige des mesures spécifiques. Je retire cependant l'amendement.

L'amendement CL 25 est retiré.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 143, CL 147, CL 148, CL 149 et CL 150 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'article 11 bis ainsi modifié.

Après l'article 11 bis :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 54 de M. Michel Vaxès.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 153 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

L'amendement tend à garantir aux détenus la liberté d'association, qui, bien qu'elle ait une valeur constitutionnelle, a très peu de place dans la pratique carcérale. Cette thématique, qui figurait dans l'avant-projet, a en effet disparu du texte qui nous est soumis.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle rejette ensuite successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 154, CL 157, CL 158, CL 160 et CL 161 du même auteur.

Section 1 bis De l'obligation d'activité

Article 11 ter : Obligation d'activité des condamnés et enseignement des savoirs fondamentaux aux condamnés ne les maîtrisant pas :

La Commission est saisie de l'amendement CL 167 de M. Jean-Jacques Urvoas, tendant à supprimer l'article 11 ter.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Les détenus disposent de l'ensemble des droits du citoyen, sauf celui de se mouvoir librement. Dès lors, il ne saurait être question de leur imposer, au nom d'un paternalisme d'un autre âge, une quelconque activité – disposition coercitive qui irait à l'encontre du principe de dignité que le projet de loi entend promouvoir par ailleurs.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Puis elle rejette successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 55 de M. Michel Vaxès et CL 520 de M. Noël Mamère.

Elle examine ensuite l'amendement CL 168 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

L'article 11 ter, ajouté par le Sénat, vise à juste titre à combattre l'oisiveté en prison. Cependant, dans sa forme actuelle, le texte soulève certaines difficultés. L'amendement tend à en inverser la logique en reprenant celle que proposait Mme Christine Boutin dans un texte publié en octobre 2005 dans Le Monde : une obligation de moyens pour l'administration et une obligation d'occupation pour la personne détenue, qu'elle soit condamnée ou prévenue, comme le prévoient par ailleurs les règles pénitentiaires européennes.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Il est certes essentiel de lutter contre l'oisiveté en prison, mais une rédaction en termes généraux est préférable à l'énumération d'activités qui figure dans l'amendement proposé.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Si l'avis défavorable du rapporteur tient à l'énumération, peut-être aurait-il fallu passer moins vite sur l'amendement CL 55, qui était précisément libellé en termes généraux.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 519 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

L'amendement tend à préciser les deux grandes activités possibles en vue de la réinsertion : le travail et la formation.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle rejette ensuite, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 162 et CL 163 de M. Jean-Jacques Urvoas, puis adopte l'amendement CL 166 du même auteur, avant de rejeter son amendement CL 169.

Elle examine ensuite l'amendement CL 171 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il est regrettable que ne soit pas prise en compte la situation des personnes détenues qui ne maîtrisent pas notre langue. Nous avons déposé plusieurs amendements sur ce thème.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il est également regrettable que des amendements visant à permettre d'expliquer dans leur langue leurs conditions de détention à des détenus ne maîtrisant pas le français aient été rejetés au titre de l'article 40 de la Constitution. C'est d'ailleurs l'état d'esprit qui prévaut pour les centres de rétention, où les personnes retenues ont beaucoup de difficulté à trouver des traducteurs.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Pour ce qui concerne l'application de l'article 40, j'ai remis au président Migaud une liste d'amendements susceptibles d'en faire l'objet afin de recueillir son avis et il me l'a retournée très rapidement, ce qui nous a permis de prévenir au plus vite les auteurs des 68 amendements concernés.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

L'administration a entrepris un travail très approfondi sur les activités permettant de lutter contre l'oisiveté et sur l'acquisition des fondamentaux. Il est prématuré d'annoncer des résultats, mais la volonté politique existe.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Dans les quartiers disciplinaires, la lecture de livres ou de magazines est la seule permission accordée.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Selon le dernier chiffre connu, fourni en 2006 par la commission de suivi sur l'enseignement en détention, 12,9 % des détenus sont illettrés et 12,8 % ont des difficultés de lecture. Un quart des détenus ont quitté l'école avant l'âge de 16 ans, ce qui explique bien des difficultés.

PermalienPhoto de Laurence Dumont

Sur le principe, pourquoi l'obligation d'activité ne s'imposerait-elle qu'aux détenus plutôt qu'à l'ensemble de la population ? Quant aux détenus ne maîtrisant pas les enseignements fondamentaux, tout enseignant sait qu'on ne peut obliger quiconque à apprendre. Par ailleurs, les personnes détenues d'origine étrangère sont souvent celles pour qui l'indigence est la plus grande, ce qui s'opposera, dans la pratique, à la possibilité de travailler.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement, puis l'amendement CL 172 du même auteur.

Elle adopte ensuite l'amendement CL 604 du rapporteur, rendant sans objet l'amendement CL 164 de M. Jean-Jacques Urvoas. Puis elle rejette successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 165, CL 173 et CL 174 de M. Jean-Jacques Urvoas, lequel retire ensuite son amendement CL 175. Elle rejette alors, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 521 de M. Noël Mamère.

Elle adopte l'article 11 ter ainsi modifié.

Article additionnel après l'article 11 ter : Mixité des activités :

La Commission est saisie de l'amendement CL 448 de M. Guénhaël Huet.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

L'amendement tend à faciliter l'activité des personnes détenues en prévoyant, dans un cadre précis et réglementé, la possibilité de la mixité d'activités.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte cet amendement.

Article 11 quater : Consultation des détenus sur les activités qui leur sont proposées :

La Commission est saisie de l'amendement CL 522 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

L'article 23 de l'avant-projet de loi prévoyait un champ de consultation beaucoup plus large des détenus, qui ne portait pas seulement sur la question de leur activité, mais également sur leurs conditions de détention. L'amendement tend à revenir à cette disposition et à conformer le dispositif à la règle pénitentiaire européenne n° 50. Cela me semble correspondre à l'esprit et aux orientations présentés ce matin par Mme la ministre.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Il me semble préférable que les consultations soient facultatives plutôt qu'obligatoires. Avis défavorable.

La Commission rejette cet amendement.

La Commission est alors saisie de l'amendement CL 178 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

La consultation des détenus doit être une obligation pour l'administration. Le texte aurait pu, à cet égard, s'inspirer de la règle pénitentiaire européenne. En outre, l'Institut Montaigne, dans un rapport intitulé Comment rendre la prison utile ?, envisageait de nouveaux modes de dialogue entre l'administration et les détenus – car ce dialogue est indispensable – et le Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées, ou Genepi, réalise un travail précieux dans ce domaine. Ces procédures sont d'ailleurs en vigueur en Espagne et en Suède.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement, puis l'amendement CL 176 du même auteur.

Elle rejette ensuite successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 56 de M. Michel Vaxès et CL 177 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite successivement les amendements rédactionnels CL 605 et CL 606 du rapporteur.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement l'amendement CL 179 de M. Jean-Jacques Urvoas et les amendements CL 523 et CL 524 de M. Noël Mamère.

Elle adopte alors l'article 11 quater ainsi modifié.

Section 2 Des droits civiques et sociaux

Article 12 : Domiciliation auprès de l'établissement pénitentiaire pour l'exercice des droits civiques :

La Commission adopte l'amendement CL 607 du rapporteur, rendant ainsi sans objet les amendements CL 180, CL 181, CL 182, CL 183 et CL 184 de M. Jean-Jacques Urvoas, ainsi que l'amendement CL 525 de M. Noël Mamère.

En conséquence, l'article 12 est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 12 (art. L.7 du code électoral) : Abrogation d'une peine de privation de plein droit des droits civiques :

La Commission adopte, après avis favorable du rapporteur, l'amendement CL 185 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Article 12 bis : Domiciliation auprès de l'établissement pénitentiaire en vue de l'accès aux droits sociaux :

La Commission adopte l'amendement CL 608 du rapporteur.

L'article 12 bis est ainsi supprimé.

Article 12 ter : Domiciliation auprès de l'établissement pénitentiaire en vue de faciliter les démarches administratives :

La Commission adopte l'amendement CL 609 du rapporteur tendant à la suppression de l'article 12 ter, rendant ainsi sans objet les amendements CL 57 de M. Michel Vaxès, CL 188 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 526 de M. Noël Mamère.

L'article 12 ter est ainsi supprimé.

Article 13 : Aide en nature ou en numéraire pour les détenus les plus démunis :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 527 de M. Noël Mamère, ainsi que l'amendement CL 190 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'amendement CL 610 du rapporteur.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 193 et CL 194 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite les amendements identiques CL 611 du rapporteur et CL 197 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission est ensuite saisie de l'amendement CL 198 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable, compte tenu de la formulation de cet amendement, qui pourra cependant être présenté de nouveau au titre de l'article 88.

La Commission rejette cet amendement, puis successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 191 et CL 199 du même auteur.

Elle adopte l'article 13 ainsi modifié.

Après l'article 13

La Commission est saisie de l'amendement CL 24 de M. Philippe Goujon.

PermalienPhoto de Philippe Goujon

Cet amendement se fonde sur le rapport de 2004 de la Cour des comptes, qui regrettait que le nombre et la variété des produits cantinables varient considérablement d'un établissement pénitentiaire à l'autre.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : une telle mesure n'est pas du domaine de la loi.

L'amendement est retiré.

Article 13 bis : Taux horaire minimal et indexation sur le salaire minimum de croissance de la rémunération du travail des personnes détenues

La Commission adopte l'article 13 bis sans modification.

Article 14 : Acte d'engagement et insertion par l'activité économique

La Commission examine l'amendement CL 207 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement vise à revenir au droit commun en prévoyant la signature d'un véritable contrat de travail entre le détenu et l'administration pénitentiaire, qui relèverait du droit administratif. En effet, dans l'état actuel du texte, rien n'est dit sur le contenu de l'engagement contractuel.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : je suis opposé à la signature d'un contrat de travail. L'acte d'engagement est une avancée suffisante.

La Commission rejette l'amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 420 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Il précise que les détenus peuvent choisir leur activité professionnelle.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : cet amendement ne correspond pas à la réalité du travail pénitentiaire, dans la mesure où l'offre n'y est pas suffisamment variée, surtout en période de crise.

L'amendement est retiré.

La Commission examine l'amendement CL 532 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il s'agit de transcrire dans la loi pénitentiaire une disposition de la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, qui donnait le droit au détenu de recevoir des informations sur les droits sociaux dont il peut bénéficier.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Il est vrai que l'on rencontre dans nos circonscriptions des personnes qui sortent de prison sans ressources, faute d'avoir engagé à temps les démarches nécessaires.

PermalienPhoto de Noël Mamère

C'est précisément pourquoi, monsieur le président, nous avions présenté un amendement – qui a été rejeté – visant à domicilier le détenu dans le centre social correspondant à son établissement pénitentiaire, de manière à ce qu'il bénéficie plus rapidement du RMI.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : informer le détenu sur ses droits sociaux fait déjà partie des missions des conseillers d'insertion et de probation.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 530 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Le présent amendement tend à permettre aux détenus de bénéficier des dispositions relatives à l'insertion économique.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable, d'autant que l'amendement évoque les « droits à congés », ce qui semble difficile à mettre en oeuvre pour des détenus !

La Commission rejette l'amendement.

Elle adopte l'amendement rédactionnel CL 612 du rapporteur, puis, après avis défavorable de celui-ci, rejette l'amendement CL 205 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 208 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

La notion d'acte d'engagement existe déjà à travers les circulaires du plan d'amélioration des conditions de travail et d'emploi, dont l'application n'a pas été totalement négative, dans la mesure où elles ont procuré un support d'engagement professionnel.

Toutefois, ce dispositif reste insuffisant, notamment parce qu'il ne confère pas de protection aux détenus. C'est pourquoi l'amendement CL 208 prévoit la présence d'une structure d'insertion dès l'établissement de l'acte d'engagement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'acte d'engagement est désormais consacré par la loi. Votre amendement alourdit inutilement le dispositif. Avis défavorable.

La Commission rejette l'amendement CL 208.

Elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 531 de M. Noël Mamère.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 533 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Le présent amendement tend à appliquer la règle pénitentiaire européenne suivant laquelle « des dispositions doivent être prises pour indemniser les détenus victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles dans des conditions non moins favorables que celles prévues par le droit interne pour les travailleurs hors de prison. » Il s'agit d'une mesure de bon sens et de justice.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

L'idée est séduisante. Toutefois, il convient d'étudier les conséquences qu'aurait une telle mesure. Il ne faudrait pas qu'elle entraîne la requalification de l'acte d'engagement en contrat de travail !

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Nous approfondirons la question et nous en rediscuterons dans le cadre de la procédure prévue à l'article 88 du Règlement.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 534 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Le présent amendement ouvre la possibilité, pour les détenus, de travailler pour leur propre compte ou pour le compte d'associations s'étant donné pour but la réinsertion sociale et professionnelle des détenus.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : l'amendement est déjà satisfait par l'article D 101 du code de procédure pénale.

La Commission rejette l'amendement CL 534.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 535 de M. Noël Mamère.

Après avis favorable du rapporteur, elle adopte l'amendement CL 536 de M. Noël Mamère.

Elle adopte l'article 14 ainsi modifié.

Après l'article 14

La Commission examine tout d'abord l'amendement CL 210 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Comme vient de le noter M. le rapporteur, l'article D. 101 du code de procédure pénale autorise déjà les détenus à travailler pour leur propre compte. Toutefois, l'avant-projet de loi souhaitait rappeler ce droit en raison de certaines difficultés d'application, certains détenus y ayant recours dans le cadre de mesures de semi-liberté, de placement à l'extérieur ou de surveillance électronique – conditions dans lesquelles, soit dit en passant, un détenu peut bénéficier d'un contrat de travail de droit commun.

Le présent amendement tend à reprendre cette disposition en précisant que le chef d'établissement ne peut s'y opposer qu'en cas de risque pour la sécurité publique.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 210.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 211 et CL 212 de M. Jean-Jacques Urvoas, ainsi que l'amendement CL 213 de Mme Michèle Delaunay.

Article 14 bis : Possibilité, dans le cadre des attributions de marchés publics, de donner priorité donnée aux productions des établissements pénitentiaires

La Commission adopte l'amendement CL 613 du rapporteur visant à supprimer l'article.

En conséquence, l'article 14 bis est ainsi supprimé.

Section 3 De la vie privée et familiale et des relations avec l'extérieur

Avant l'article 15

La Commission rejette, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 59 de M. Michel Vaxès et CL 214 de Mme Michèle Delaunay.

Elle examine ensuite l'amendement CL 216 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le projet de loi ne traite pas des affectations et des transfèrements, qui ont pourtant des conséquences importantes sur la vie des détenus ; ils provoquent souvent la rupture des liens familiaux et l'interruption des activités éducatives et professionnelles, ce qui entrave la réinsertion. Ces aspects sont d'ailleurs abordés par plusieurs règles pénitentiaires européennes.

En conséquence, nous avons déposé huit amendements sur le sujet. En particulier, il ne nous paraît pas admissible que les transfèrements soient régulièrement utilisés à titre coercitif. Le Comité de prévention contre la torture s'était d'ailleurs élevé, dans un courrier adressé au garde des sceaux en 2003, contre les « rotations de sécurité » – parfois exercées sans préavis –, qu'il avait qualifiées de « traitements inhumains et dégradants ».

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Il importe d'encourager le maintien des liens familiaux, mais il paraît excessif de faire reposer les décisions d'affectation prioritairement sur la situation familiale des détenus.

La Commission rejette l'amendement.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement l'amendement CL 217 de M. Jean-Jacques Urvoas, les amendements CL 218, CL 219, CL 220 de Mme Marietta Karamanli, ainsi que les amendements CL 221, CL 222 et CL 223 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Article 15 : Droit au maintien des relations familiales

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 224 et CL 225 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle examine ensuite l'amendement CL 226 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Les sanctions disciplinaires mises en oeuvre par l'administration pénitentiaire ne doivent pas concerner les relations du détenu avec sa famille. Les capacités de réinsertion des détenus sont en effet étroitement liées au maintien de leurs liens familiaux.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement.

Elle adopte l'amendement rédactionnel CL 614 du rapporteur.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 543 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Beaucoup de détenus étant en rupture avec leur famille, cet amendement tend à remplacer la mention « membres de la famille » par la référence aux « proches du détenu ».

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : l'article 15 du projet de loi prévoit déjà que les prévenus peuvent recevoir la visite des « membres de leur famille ou d'autres personnes », ce qui inclut les « proches ».

La Commission rejette l'amendement.

De même, elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 60 de M. Michel Vaxès et CL 227 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte les amendements rédactionnels identiques CL 615 du rapporteur et CL 228 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 229 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 542 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Le présent amendement vise à permettre aux détenus en fin de peine de bénéficier de permissions de sortir plus nombreuses, afin de faciliter leur réadaptation.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine l'amendement CL 446 de M. Guénhaël Huet.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

Le présent amendement tend à préciser que le choix du lieu de détention doit être compatible avec l'exercice du droit de visite par la famille. Bien que de portée générale, cette disposition est plus particulièrement destinée aux femmes détenues, eu égard à l'inégale répartition des centres de détention pour femmes sur l'ensemble du territoire national.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : ce critère, certes important, ne peut déterminer à lui seul l'affectation d'un détenu.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine l'amendement CL 231 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement pose le principe d'un droit à la délivrance d'un permis de visite pour tout membre de la famille d'un condamné. Il vise en outre à détailler les motifs pour lesquels ce droit de visite peut être encadré ou suspendu, ainsi que les modalités de telles procédures.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : les conditions actuelles de délivrance des permis de visite sont satisfaisantes.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine l'amendement CL 232 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Amendement de repli : son objet est de satisfaire aux exigences résultant de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine l'amendement CL 539 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il s'agit d'appliquer l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement.

Elle rejette, sur avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 61 de M. Michel Vaxès.

Elle examine l'amendement CL 233 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement conditionne le refus de délivrance d'un permis de visite à l'accord préalable de l'autorité judiciaire.

La Commission rejette l'amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 62 de M. Michel Vaxès et CL 234 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'amendement rédactionnel CL 616 du rapporteur.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 235 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement tend à garantir que le détenu est informé sans délai de la décision le concernant.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : ces décisions lui sont déjà notifiées automatiquement.

La Commission rejette l'amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 240, CL 236, CL 237, CL 238, CL 239 de Mme Marietta Karamanli, ainsi que les amendements CL 541 de M. Noël Mamère et CL 244 de M. Dominique Raimbourg.

Elle examine ensuite l'amendement CL 540 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il est nécessaire que l'autorité judiciaire motive par écrit les refus de permis de visite, afin que le droit de visite des parents et des proches soit respecté.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : cette mesure est déjà applicable en vertu de l'article 145-4 du code de procédure pénale.

La Commission rejette l'amendement.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 63 de M. Michel Vaxès et les amendements CL 241, CL 242, CL 243, CL 245, CL 246 de Mme Marietta Karamanli.

Après avis favorable du rapporteur, elle adopte l'amendement CL 447 de M. Guénhaël Huet.

La Commission adopte ensuite l'article 15 ainsi modifié.

Article 15 bis : Unités de vie familiale et parloirs familiaux

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 247 et CL 248 de M. Jean-Jacques Urvoas, et l'amendement CL 544 de M. Noël Mamère.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 250 de Mme Marietta Karamanli.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Le présent amendement tend à éviter l'engorgement des parloirs.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 251 de Mme Marietta Karamanli.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

L'avant-projet de loi pénitentiaire prévoyait l'instauration de parloirs sans surveillance, afin de favoriser l'intimité familiale. Cette disposition a été abandonnée par la suite. Le présent amendement tend à la réintégrer dans le texte.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement.

Elle examine ensuite l'amendement CL 545 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Cet amendement vise lui aussi à préserver l'intimité des détenus.

La Commission rejette l'amendement.

Puis elle adopte l'amendement CL 617 du rapporteur.

Elle adopte l'article 15 bis ainsi ainsi modifié.

Après l'article 15 bis

La Commission examine tout d'abord l'amendement CL 253 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Visitant les établissements pénitentiaires, j'ai été très surpris de constater que les détenus n'étaient pas nécessairement informés lorsqu'un décès survenait dans leur famille. Le présent amendement prévoit que le service pénitentiaire d'insertion et de probation a l'obligation de le faire.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Je connais plusieurs cas de détenus ayant appris le décès de membres de leur famille bien longtemps après, alors que l'administration était en possession du dossier.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Que je sache, l'administration pénitentiaire s'efforce de respecter le droit à l'information des détenus. Quoi qu'il en soit, cette mesure ne relève pas de la loi.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Nous évoquerons la question en séance publique.

La Commission rejette l'amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette également l'amendement CL 254 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle examine ensuite l'amendement CL 255 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Le présent amendement tend à réglementer la délivrance des permissions de sortir, afin de la mettre en conformité avec la règle des deux ans adoptée par ce texte pour l'aménagement de la peine et autoriser des permissions de sortir sans conditions de durée minimale de séjour dans l'établissement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Les durées des permissions de sortir sont fixées en tenant compte également de la situation pénale du détenu.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

L'amendement prévoit que la permission de sortir peut « être accordée sans conditions de délai pour les condamnés à une peine inférieure ou égale à deux ans », ce qui correspond au seuil de la peine aménageable.

La Commission rejette l'amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette également l'amendement CL 256 de M. Dominique Raimbourg.

La Commission examine ensuite l'amendement CL 257 de Mme Aurélie Filippetti.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement vise à intégrer dans notre droit une recommandation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe du 30 juin 2000 prévoyant que le recours à la détention pour les femmes enceintes et les mères de jeunes enfants ne doit être envisagé qu'en dernier ressort.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : l'article 32 du présent projet de loi consacre déjà le principe de l'emprisonnement en dernier recours en matière correctionnelle.

La Commission rejette l'amendement.

Article additionnel après l'article 15 bis : Possibilité pour les personnes détenues de conclure un pacte civil de solidarité :

Elle examine ensuite l'amendement CL 258 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement tend à autoriser les détenus à conclure un pacte civil de solidarité.

La Commission adopte l'amendement.

Après l'article 15 bis

Elle examine ensuite l'amendement CL 259 de M. Jean-Jacques Urvoas, qui fait l'objet du sous-amendement CL 696 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

L'amendement CL 259 tend à autoriser les visiteurs de prison à rencontrer l'ensemble des détenus, y compris ceux placés en cellule disciplinaire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je suis favorable sur le principe. Toutefois, il paraît nécessaire de prévoir des exceptions, en cas de risque d'atteinte au maintien de l'ordre et de la sécurité de l'établissement. Par ailleurs, le deuxième alinéa doit être supprimé : la question des horaires de visite ne relève pas de la loi. Tel est l'objet du sous-amendement CL 696.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous souhaitons construire la prison de demain, non entériner la prison d'aujourd'hui. L'amendement ainsi sous-amendé ne changera rien à la situation !

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Pour l'heure, aucun visiteur de prison n'est admis en quartier disciplinaire : il s'agit donc d'une avancée.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Qui reste toutefois conditionnée au maintien de l'ordre et de la sécurité de l'établissement… Cette formule autorise l'arbitraire !

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Dans ce cas, je retire le sous-amendement CL 696 et j'émets un avis défavorable sur l'amendement CL 259.

La Commission rejette l'amendement CL 259.

Article additionnel après l'article 15 bis : Accompagnement social des mères détenues

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 444 de M. Guénhaël Huet.

Article 16 : Accès au téléphone

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 64 de M. Michel Vaxès.

Puis, elle adopte l'amendement rédactionnel CL 618 du rapporteur.

Elle rejette successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 260 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 547 de M. Noël Mamère, ainsi que les amendements CL 262, CL 261, CL 263 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission adopte l'amendement rédactionnel CL 619 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 264 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis, elle examine l'amendement CL 265 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement vise à autoriser les détenus affectés en centre de semi-liberté à conserver leur téléphone portable, puisqu'ils l'ont pendant toute la journée.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : une telle mesure n'est pas du domaine de la loi. Toutefois, le Gouvernement pourrait demander à l'administration pénitentiaire une expérimentation en ce domaine.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

J'en suis d'accord.

La Commission rejette l'amendement.

Elle adopte l'article 16 ainsi modifié.

Article 17 : Correspondance

La Commission est saisie de deux amendements identiques, CL 266 et CL 548, présentés respectivement par M. Jean-Jacques Urvoas et M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Les problèmes d'acheminement du courrier en milieu carcéral sont récurrents. Pour les prévenus, l'envoi du courrier à l'autorité judiciaire en ralentit nettement la distribution.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : les délais de transmission du courrier ne sont pas du domaine de la loi.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Nous interviendrons sur le plan réglementaire.

Les deux amendements sont retirés.

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette ensuite successivement les amendements CL 267 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 65 de M. Michel Vaxès.

Puis elle adopte l'amendement rédactionnel CL 620 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 550 de M. Noël Mamère.

La Commission examine alors l'amendement CL 268 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le droit actuel limite les possibilités de rétention de courrier aux cas de « menaces précises contre la sécurité des personnes ou celle des établissements ». Les critères retenus dans le projet de loi sont plus larges et restreignent un peu plus la liberté de correspondance. Par cet amendement, nous suggérons donc d'en rester aux dispositions en vigueur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les critères prévus sont suffisamment précis pour éviter les abus. Limiter les contrôles aux menaces contre la sécurité me semble plutôt restrictif. Avis défavorable. Il faut notamment prévoir le cas de détenus recevant des nouvelles de leurs amis sur l'évolution de leurs activités coupables.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Un certain nombre de jeunes sont en effet membres de groupes. La rédaction proposée permet de prendre en compte les situations où la correspondance a pour conséquence de maintenir le lien avec le groupe, alors que l'un des objectifs de la détention est de le défaire. Recevoir simplement des lettres qui feront pression sur lui peut déstabiliser le jeune.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Même si j'entends bien ces arguments, je n'ai entendu personne estimer que la législation actuelle était laxiste : elle est déjà au-delà des limites de l'acceptable. Vous aurez du mal à justifier votre politique par des témoignages entendus dans les auditions.

La Commission rejette l'amendement CL 268.

Elle en vient à l'amendement CL 269.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

En France, lorsque l'administration pénitentiaire contrôle le courrier d'un détenu, elle le fait hors de sa présence. Cet amendement propose d'importer la pratique en vigueur au Danemark ou en Espagne, où le détenu est présent lors de l'ouverture de son courrier. Cette disposition permettrait d'éviter des difficultés postérieures dans la détention.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Notre amendement CL 550, qui a été rejeté, avait le même objet.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Il relève de la déontologie des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire de contrôler ces courriers sans abus, dans le but fixé par la loi. Prévoir la présence systématique du détenu ne me paraît pas justifiée.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous savons tous ce que représentent ces deux moments importants dans la détention que sont la cantine et le courrier. Ces prestations sont souvent dispensées par des détenus, qui sont des auxiliaires. Il est légitime que l'administration contrôle le courrier ; personne ici ne le conteste. Cependant, en exerçant ce contrôle hors de la vue du détenu, elle crée une suspicion – vous avez entendu comme moi des détenus la formuler spontanément – qui n'a pas lieu d'être ; la présence du détenu y mettra fin.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Nous nous heurtons à une difficulté matérielle. Nos prisons comptent un peu plus de 63 000 détenus. La moyenne de deux lettres par jour et par détenu aboutit à un total de 126 000 lettres. A deux ou trois minutes de lecture par lettre, c'est 150 équivalents temps plein, sans compter l'intervention éventuelle du juge d'instruction. Votre analyse psychologique est juste, mais, dans ces conditions, comment mettre votre proposition en application ? La loi ne saurait comporter de dispositions inapplicables.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Un changement de politique pénale du Gouvernement qui réduirait le nombre de détenus serait de nature à résoudre ce problème… Justifier que les détenus ne soient pas présents à l'ouverture de leur courrier par la surpopulation carcérale n'est pas recevable. Le contrôle du courrier hors de la présence du détenu crée le sentiment de l'arbitraire.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il ne faudrait plus de détenus, plus de prisons… Intéressante vision de la société.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Vous étiez membre du Gouvernement lorsque la France a présidé l'Union européenne. Vous avez eu alors tout le loisir – vous l'avez encore aujourd'hui – d'analyser les politiques pénales et pénitentiaires menées dans d'autres pays de l'Union. Dans l'exposé des motifs de son amendement, notre collègue Jean-Jacques Urvoas cite des exemples. Nous voulons non pas la suppression des prisons mais une autre politique pénitentiaire et pénale.

La commission rejette l'amendement CL 269.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite l'amendement CL 270 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis elle adopte l'amendement CL 621 du rapporteur.

Les amendements CL 271 et CL 272 de M. Jean-Jacques Urvoas ainsi que les amendements CL 549 et CL 551 de M. Noël Mamère deviennent sans objet.

La Commission est saisie de l'amendement CL 273 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Par cet amendement, je suggère que les décisions de l'administration pénitentiaire de retenir le courrier d'un détenu puissent faire l'objet d'un recours. Leur caractère administratif serait ainsi validé.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Ces décisions sont bien des décisions administratives.

L'amendement CL 273 est retiré.

La Commission adopte ensuite l'article 17 ainsi modifié.

Après l'article 17 :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement CL 274 de M. Jean-Jacques Urvoas après l'article 17.

Article 18 : Droit à l'image :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement CL 277 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'amendement rédactionnel CL 622 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur elle rejette l'amendement CL 553 de M. Noël Mamère.

Puis elle adopte l'amendement rédactionnel CL 623 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 554 de M. Noël Mamère.

Elle adopte l'amendement rédactionnel CL 624 du rapporteur.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 552 de M. Noël Mamère.

La Commission adopte alors l'article 18 ainsi modifié.

Article 18 bis : Droit à la confidentialité des documents personnels et conservation obligatoire au greffe des documents mentionnant le motif d'écrou :

La Commission adopte l'amendement rédactionnel CL 625 du rapporteur.

Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 66 de M. Michel Vaxès puis les amendements CL 278 et CL 279 de M. Jean-Jacques Urvoas.

L'amendement CL 281 de M. Jean-Jacques Urvoas est devenu sans objet.

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette successivement les amendements CL 282 de M. Serge Blisko et CL 280 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission adopte ensuite l'article18 bis ainsi modifié.

Section 4 De l'accès à l'information

Article 19 : Accès à l'information

La Commission adopte l'amendement CL 626 du rapporteur.

Elle examine ensuite les amendements identiques CL 283 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 555 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

La seconde phrase de l'article 19 dispose que « l'autorité administrative peut interdire l'accès des détenus aux publications contenant des menaces graves contre la sécurité des personnes et des établissements ou des propos ou signes injurieux ou diffamatoires à l'encontre des agents ou collaborateurs du service public pénitentiaire ainsi que des personnes détenues ». Au regard de l'article 10 de la convention européenne des droits de l'Homme et du citoyen, c'est un recul par rapport à la situation existante. La France subira des condamnations sur la base de ce texte.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il est nécessaire de pouvoir interdire des documents tels que des appels au djihad.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les restrictions instituées par l'article 19 sont proportionnées et me semblent satisfaisantes.

PermalienPhoto de Noël Mamère

C'est un recul au regard de l'article 10 de la convention européenne des droits de l'Homme, pour des motifs qui ne m'apparaissent pas très bien établis.

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette les amendements CL 283 et CL 555.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite successivement les amendements CL 287 et CL 288 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 286 de M. Jean-Michel Clément, CL 558 de M. Noël Mamère, puis les amendements CL 285 et 284 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission est saisie de l'amendement CL 289 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous touchons à un élément important de la vie en détention, la télévision. Chacun ici sait que c'est la source principale d'occupation des détenus, notamment ceux des maisons d'arrêt.

Il avait déjà été difficile de faire entrer les télévisions en détention. A ma connaissance, c'est Robert Badinter qui l'avait permis, à la faveur de l'organisation par la France d'une coupe d'Europe de football.

Nous vous proposons non seulement que les cellules soient équipées d'un poste de télévision – c'est déjà le cas – mais que cet équipement soit gratuit. Il s'agit d'être fidèle aux décisions prises en 1985 et entérinées par l'administration pénitentiaire. L'engagement avait été pris que les télévisions seraient gratuites dès l'année suivante, les crédits manquant l'année de la décision. Depuis, la fourniture des télévisions a été confiée à des prestataires. Je ne comprends cependant pas pourquoi, entre deux établissements situés à 60 km de distance, le prix de la location peut passer du simple au double. Quelles qu'en soient les raisons, un moment arrive où le principe d'égalité doit être appliqué.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Je ne comprends pas non plus ces différences de prix, et j'ai demandé une enquête à ce sujet. Cela dit, l'amendement me semble poser un problème de recevabilité financière. Pour le reste, beaucoup de progrès sont possibles, à condition de ne pas créer de mouvement de rejet dans l'opinion publique ; n'oublions pas que l'accès à la télévision dans les hôpitaux est payant ; il ne me paraît donc pas raisonnable d'aller jusqu'à la gratuité.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Je suis prêt à assumer un débat public sur la gratuité des télévisions en prison.

Je voudrais néanmoins évoquer une avancée, qui m'a été signalée par le directeur de l'administration pénitentiaire. Je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas possible aux détenus d'acheter leur poste de télévision. La location finit par faire payer aux détenus condamnés à de longues peines le prix de plusieurs télévisions ! J'ai appris la semaine dernière la prochaine publication d'une circulaire permettant à ces condamnés d'acheter leur poste. C'est un point positif ; il faut désormais aller vers l'harmonisation du prix de la location.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

L'accès à la télévision est gratuit pour les détenus sans ressources.

PermalienPhoto de Noël Mamère

J'appuie les propos de notre collègue Jean-Jacques Urvoas. Dans les maisons d'arrêt, la non gratuité, notamment celle de la télévision, pénalise encore plus les indigents.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Je viens de vous répondre sur ce point...

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement CL 289.

La Commission adopte ensuite l'article 19 ainsi modifié.

Section 4 bis De la sécurité

Article 19 bis : Obligation de garantir la sécurité de la personne détenue :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette successivement les amendements CL 556 de M. Noël Mamère, CL 292 de M. Serge Blisko et CL 293 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis elle adopte l'amendement rédactionnel CL 627 du rapporteur.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 26 de M. Philippe Goujon.

PermalienPhoto de Philippe Goujon

Je pensais que, eu égard à la violence en milieu carcéral, un effort particulier pouvait être consenti en faveur des détenus victimes d'un acte de violence.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cet amendement ne risque-t-il pas d'engendrer des effets pervers, tels que des automutilations ou des violences commises à la demande d'un détenu souhaitant bénéficier d'avantages particuliers ?

La Commission adopte l'amendement CL 26.

Elle examine ensuite l'amendement CL 297.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il s'agit de créer non pas un observatoire, mais un simple rapport. Un tel instrument est toujours utile pour connaître ce qui se passe en détention.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Beaucoup d'instances s'occupent déjà des violences commises en prison. En cas de violence, l'administration pénitentiaire établit un rapport et une enquête judiciaire peut être ouverte. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté élabore aussi des rapports. La Commission nationale de déontologie de la sécurité est un autre intervenant de ce domaine. A mon sens, un rapport supplémentaire n'est pas utile.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Pour agir, la CNDS doit faire l'objet d'une saisine ; le Contrôleur général rapporte sur les établissements qu'il visite ou sur lesquels il est saisi. Il n'y a là nulle exhaustivité. Un peu de transparence ne nuira à personne.

La Commission rejette l'amendement CL 297.

La Commission est saisie de l'amendement CL 557 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Nous proposons d'introduire dans la loi pénitentiaire la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme sur la nécessité, en cas d'atteinte à l'intégrité physique d'un détenu, d'une enquête indépendante et approfondie. Dans l'exposé des motifs, nous faisons référence à des jurisprudences de cette Cour.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le raisonnement est insidieux ; il laisse très clairement supposer que les enquêtes faites à l'occasion de violences commises en prison sont partiales. Je suis opposé à l'amendement.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Pourquoi ne pas dire aussi que les enquêtes d'EDF sur l'énergie nucléaire ou celles de Monsanto sur les OGM sont impartiales ?

La Commission rejette l'amendement CL 557.

Elle adopte ensuite l'article 19 bis ainsi modifié.

Après l'article 19 bis :

La Commission examine l'amendement CL 421 de M Eric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Cet amendement vise à mieux garantir la sécurité des personnes écrouées, à mieux prendre en compte les spécificités de chaque prisonnier, et à responsabiliser l'administration pénitentiaire. Pour cela, il donne à celle-ci la charge de veiller à séparer les prévenus en détention provisoire, non jugés et qui demeurent donc présumés innocents, et les condamnés dont la culpabilité est avérée, de façon à éviter que la prison ne devienne l'école du crime. Je propose aussi de mieux rationaliser le placement des prisonniers en fonction de leur dangerosité.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cette disposition n'est pas du domaine de la loi. L'amendement pourrait-il être retiré ?

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Cette exigence est déjà satisfaite. La séparation des prévenus et des condamnés est déjà mise en oeuvre. Il en est de même du classement des détenus en fonction de leur dangerosité : l'administration prend en compte cette donnée lors des procédures d'orientation des détenus.

L'amendement CL 421 est retiré.

Section 5 De la santé

Avant l'article 20 A :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement CL 298 de Mme Michèle Delaunay.

Article 20 A : Droit des personnes détenues au secret médical et au secret de la consultation :

La Commission adopte l'amendement rédactionnel CL 628 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 20 A ainsi modifié.

Article 20 : Prise en charge des soins par le service public hospitalier et principes relatifs à la prise en charge de la santé des personnes détenues :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement CL 559 de M. Noël Mamère.

Elle adopte ensuite successivement les amendements rédactionnels CL 629 et CL 630, puis l'amendement CL 631 du rapporteur.

Les amendements CL 299 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 300 de Mme Michèle Delaunay et CL 302 de M. Serge Blisko deviennent sans objet.

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette alors successivement les amendements CL 303, CL 304, CL 306 et CL 307 de M. Serge Blisko.

La Commission est ensuite saisie de l'amendement CL 308 de Mme Michèle Delaunay.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

L'amendement prévoit que l'administration pénitentiaire « garantit une prise en charge effective du handicap ». Est-il possible de voter un tel amendement ?

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'administration pénitentiaire est soumise à des obligations de prise en compte du handicap. En revanche, la prise en charge de celui-ci ne relève pas de sa compétence exclusive. Pour ce motif, je suis défavorable à l'amendement.

La Commission rejette l'amendement CL 308.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite l'amendement CL 560 de M. Noël Mamère.

Puis la Commission adopte l'article 20 ainsi modifié.

Après l'article 20 :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette successivement les amendements portant articles additionnels CL 309 de M. Serge Blisko et CL 311 de Mme Marietta Karamanli.

Article additionnel après l'article 20 : Prise en charge sanitaire et médicale des femmes détenues.

Elle examine ensuite l'amendement CL 450 de M. Guenhaël Huet.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'adaptation de la prise en charge sanitaire et médicale aux besoins des femmes détenues relève non pas de la loi pénitentiaire mais de l'organisation du service public hospitalier.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

Lors de visites dans des établissements pénitentiaires, nous avons constaté que, pour accéder à un suivi sanitaire, notamment dans les services médico-psychiatriques régionaux (SMPR) – qui sont des services hospitaliers implantés dans les établissements pénitentiaires – les femmes devaient faire face à un certain nombre de difficultés. Cet amendement a pour objet d'affirmer leur droit à ce suivi sanitaire.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

L'amendement dispose qu'« une prise en charge adaptée à leurs besoins doit être assurée dans chaque quartier ou établissement pénitentiaire accueillant des femmes détenues ».

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Personne ne saurait être opposé à une telle disposition. Mais elle figure déjà dans la loi de 1994. La proposition est donc redondante. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Commission.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Cet amendement est très important. L'accès au SMPR est une hospitalisation.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Je soutiens l'amendement. Dans la maison d'arrêt d'Amiens, le SMPR a disparu au profit de la construction de nouvelles cellules.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte, à l'unanimité, l'amendement CL 450.

Article 20 bis : Limitation des actes pouvant être demandés aux médecins et personnels soignants intervenant en milieu carcéral

La Commission est saisie de deux amendements de suppression de l'article, CL 698 du Gouvernement et CL 632 du rapporteur.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Alors que l'objectif du Sénat était que, pour des raisons évidentes de déontologie, les médecins chargés des investigations corporelles ne soient pas les mêmes que ceux chargés habituellement des soins dans l'établissement, sa rédaction a involontairement pour conséquence d'exclure les médecins de certaines missions autres que les soins, telles que des visites de contrôle des quartiers disciplinaires ou la participation à certaines commissions. Les amendements déposés prévoient de conserver spécifiquement l'objectif dans la loi, sans empêcher les médecins de participer à d'autres missions dans l'établissement.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte les amendements identiques CL 698 et 632. L'article 20 bis est ainsi supprimé, et l'amendement 312 de M. Jean-Jacques Urvoas devient sans objet.

Après l'article 20 bis :

Après avis défavorable du rapporteur, la commission rejette successivement les amendements portant articles additionnels CL 313, CL 314, CL 315 et CL 316 de M. Serge Blisko.

Article 21 : Permis de visite spécifique pour l'accompagnement médical de la personne détenue dans des conditions de confidentialité :

La Commission adopte l'amendement rédactionnel CL 633 du rapporteur.

Elle adopte ensuite l'article 21 ainsi modifié.

Après l'article 21 :

La Commission examine l'amendement CL 317 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Pour préserver la relation de soin entre le médecin et son patient, il est essentiel de séparer la fonction de soin de celle d'expertise ou d'auxiliaire de l'administration pénitentiaire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Ce sont les règles de droit commun relatives au choix et au rôle du médecin traitant qui s'appliquent. L'une d'entre elles est que le patient choisit librement son médecin traitant. Lors d'une prise en charge dans un établissement pénitentiaire, le médecin consulté l'est en qualité de médecin du service public hospitalier, et n'est donc pas choisi par le patient. Il ne saurait être question qu'il soit désigné d'office comme médecin traitant.

La Commission rejette cet amendement.

Article 22 : Droit pour un détenu en situation de handicap à désigner un aidant

La Commission adopte l'amendement CL 634 du rapporteur et l'article 22 est ainsi rédigé. L'amendement CL 318 de M. Jean-Jacques Urvoas devient sans objet.

Article 22 bis : Poursuite des traitements médicaux prescrits avant l'incarcération ; responsabilité de l'administration pénitentiaire en cas d'interruption de traitement

La Commission adopte l'amendement de suppression CL 635 du rapporteur, l'article 22 bis étant ainsi supprimé.

Après l'article 22 bis

Sur avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 321 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Je ne vois aucune raison de s'opposer à cet amendement qui prévoit seulement que l'examen médical d'une personne détenue doit pouvoir s'effectuer en toute confidentialité.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'amendement est satisfait par l'article 20 A qui prévoit que l'administration pénitentiaire garantit le secret de la consultation.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Ce n'est pas exactement synonyme.

Article additionnel après l'article 22 bis : Conditions de déroulement des accouchements et examens gynécologiques des femmes détenues

La Commission examine l'amendement CL 322 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Nous en avons tous entendu parler, il est arrivé que des détenues accouchent menottées, ce qui a été unanimement condamné tant par les autorités médicales que par les juridictions internationales. Cet amendement vise à ce que la dignité des femmes soit respectée lors de l'accouchement comme des examens gynécologiques.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Les situations auxquelles vous avez fait allusion n'auraient pas dû se produire. Depuis lors, une circulaire a été publiée, et cela n'arrive plus.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Nous préférerions que les dispositions de la circulaire soient reprises dans la loi.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Une circulaire du 18 novembre 2004 prévoit en effet que les détenues enceintes ne doivent en aucun cas être menottées pendant l'accouchement. Il paraît en revanche difficile d'exclure toute surveillance adaptée lors des examens gynécologiques.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

L'examen doit être pratiqué sur une personne sans entrave, ce qui n'exclut pas qu'un gardien soit présent devant la pièce où l'examen a lieu.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Si vous acceptiez de supprimer la deuxième phrase de l'amendement qui prévoit que les extractions, à ces occasions, doivent se dérouler sans que les détenues soient menottées, nous pourrions l'accepter. Le rapporteur en serait d'accord.

La Commission adopte l'amendement CL 322 ainsi rectifié.

Après l'article 22 bis

Sur avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 323.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Pourrait-on connaître les raisons de cet avis défavorable ? Nous souhaitions faire entrer le droit dans les prisons…

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cet amendement ne fait qu'affirmer une situation juridique incontestable. Les dispositions légales de droit commun relatives à l'interruption volontaire de grossesse s'appliquent en détention. Il est donc inutile de le rappeler.

PermalienPhoto de Michèle Delaunay

Vous avez bien tout à l'heure refusé un amendement précisant que le code de la santé publique s'appliquait en prison !

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

On ne peut dans chaque loi répéter que les dispositions applicables s'appliquent, au risque d'induire, comme cela s'est produit, de surprenants, voire dangereux, raisonnements a contrario.

Sur avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette ensuite les amendements CL 324 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 325 et CL 326 de M. Serge Blisko, CL 328 et CL 329 de Mme Michèle Delaunay, CL 330 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 331 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

J'aurais souhaité savoir pourquoi le rapporteur était défavorable à l'amendement CL 330 qui ne fait que reprendre une jurisprudence du Conseil d'État.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Cet amendement n'est pas compatible avec l'article 19 bis relatif à la garantie de l'intégrité physique des détenus, précédemment adopté. Par ailleurs, il contient des précisions si détaillées qu'elles ne paraissent pas relever du domaine de la loi.

La Commission examine ensuite l'amendement CL 332 de M. Serge Blisko.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Si j'étais plutôt favorable au premier alinéa de cet amendement, je suis beaucoup plus réticent sur les détails qui suivent concernant notamment la composition de ce comité de suivi de la prévention du suicide en milieu carcéral. Tel que rédigé, l'amendement n'est pas acceptable.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

On ne va tout de même pas créer un comité de suivi après avoir créé un observatoire !

La Commission rejette cet amendement.

Sur avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite les amendements CL 333, CL 334, CL 336, CL 337, CL 338, CL 339 de M. Serge Blisko, l'amendement CL 341 de M. Jean-Jacques Urvoas, l'amendement CL 343 de M. Serge Blisko.

Article 22 ter : Visite médicale obligatoire avant la libération de toute personne détenue

La Commission adopte l'amendement CL 636 du rapporteur et l'article 22 ter est ainsi rédigé.

Article 22 quater : Dossier médical électronique unique du détenu

La Commission adopte l'amendement de suppression CL 637 du rapporteur, l'article 22 quater étant ainsi supprimé, l'amendement CL 345 devenant sans objet.

Article additionnel après l'article 22 quater : Compétence des agences régionales de santé en matière de soins en détention

Sur avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 2 de M. Etienne Blanc.

Article additionnel après l'article 22 quater : Définition des objectifs et moyens dédiés à l'offre de soins en milieu pénitentiaire dans les schémas régionaux d'organisation des soins

Sur avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 3 de M. Etienne Blanc.

Après l'article 22 quater

Sur avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 346 et CL 347 de M. Serge Blisko.

Section 6 Des biens

Article 23 : Biens abandonnés par les détenus à leur libération :

La Commission est saisie de l'amendement CL 348 de M. Jean-Michel Clément et de l'amendement CL 561 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

L'amendement CL 348 vise à mieux garantir le droit de propriété des détenus, notamment lors des transferts.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le cas des biens abandonnés par les détenus au moment de leur libération se présente très rarement, concernant essentiellement les étrangers en situation irrégulière faisant l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière. Par ailleurs, les mesures proposées, par leur détail, relèvent davantage du domaine réglementaire.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Nous ne faisons que nous ranger à l'avis du Conseil d'État.

La Commission rejette successivement ces deux amendements.

La Commission maintient la suppression de l'article 23.

Après l'article 23

La Commission examine l'amendement CL 454 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Cet amendement donne la possibilité aux détenus de saisir le juge des tutelles afin de désigner un mandataire pour gérer leurs biens et accomplir certaines opérations de la vie courante, comme récupérer un véhicule en fourrière, ou régler des charges de copropriété qui, faute d'être effectuées, peuvent les placer dans des situations délicates.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les détenus ne sont pas incapables au sens juridique et ne relèvent donc pas de la compétence du juge des tutelles.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Ils ne sont pas incapables mais ils sont dans l'impossibilité matérielle d'accomplir certaines opérations.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Ils peuvent faire appel à un proche, une personne extérieure en utilisant le mandat de droit commun.

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

La question soulevée est opportune, mais la réponse apportée n'est pas la bonne.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Aujourd'hui, ce sont les services d'insertion et de probation qui se chargent de ces démarches. Peut-être faut-il améliorer l'information à ce sujet, mais c'est en tout cas à ce niveau-là qu'il faut agir.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Cette solution ne me convainc pas, car les services d'insertion et de probation ont déjà, me semble-t-il, bien des choses à faire. Mieux vaut que le détenu désigne le mandataire de son choix pour régler ces problèmes matériels relevant de sa vie privée. Je souhaite que l'on revoie cette question au titre de l'article 88.

L'amendement est retiré.

Section 7 De la surveillance

Avant l'article 24

La Commission est saisie de l'amendement CL 349 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Ce matin, Mme la garde des sceaux a promis que les établissements pénitentiaires seraient modernisés, et notamment dotés d'équipements permettant d'éviter les humiliantes fouilles à corps. Cet amendement invite le Gouvernement à élaborer un plan d'équipement des prisons en moyens de détection électronique. Il serait rassurant que des engagements soient pris en ce domaine.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Sur cette question, nous en sommes encore à un stade très expérimental et tout n'est pas encore au point. Je ne crois pas de bonne méthode d'essayer d'avancer au détour d'un amendement.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Des portiques de détection sont utilisés tous les jours dans les aéroports !

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Les portiques en prison ne doivent pas seulement détecter les armes. Certains pays en utilisent déjà. Nous y travaillons, mais tout cela est lourd.

La Commission rejette cet amendement.

Article 24 : Encadrement des fouilles

La Commission examine l'amendement CL 69 de M. Michel Vaxès.

PermalienPhoto de Michel Vaxès

Cet amendement vise lui aussi à limiter et mieux encadrer les fouilles.

Sur avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 350 de M. Jean-Michel Clément.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

En 1994, le Conseil constitutionnel a estimé que la sauvegarde de la dignité humaine était un principe auquel il ne pouvait être dérogé. Notre pays a fait l'objet de nombreuses condamnations quant aux fouilles, hélas multiples, pratiquées dans ses prisons, et tous les rapports du Comité de prévention contre la torture évoquent cette question. L'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme Frérot contre France de juin 2007 impose d'ailleurs au Gouvernement français de remédier aux fouilles corporelles « fréquentes, excessives et non justifiées par les impératifs de sécurité. » Aujourd'hui, c'est une simple circulaire du 14 mars 1986 qui régit le déroulement des fouilles. Tous ceux qui ont eu l'occasion d'y assister ont eu honte. J'ai vu de mes propres yeux un local, ouvert sur un couloir où des gens circulaient, alors même que des fouilles à corps y étaient pratiquées, ce qui est d'ailleurs contraire à la circulaire de 1986. Tant que la pratique ne sera pas encadrée par la loi, de tels comportements risquent de se reproduire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. L'équilibre global de l'article 24 est satisfaisant. Je déposerai tout à l'heure un amendement relatif aux fouilles générales et le Gouvernement en présentera un autre, relatif aux fouilles corporelles internes.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Nous travaillons sur le sujet et expérimentons d'ores et déjà, notamment à la Souricière, des dispositifs électroniques de détection permettant que les détenus n'aient pas à se déshabiller, en nous inspirant d'expériences étrangères. Mais cela suppose des investissements lourds, d'autant qu'il faut souvent adapter spécifiquement les locaux les plus anciens, tous très différents. Ce n'est certes pas une raison pour ne rien faire et dès que possible, un décret en Conseil d'État sera pris. Ce que vous proposez d'inscrire dans la loi ne changerait rien car il faudra du temps. Mais soyez assuré que nous avons la volonté d'agir.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Je ne mets pas en doute la bonne volonté du Gouvernement mais chaque fois, y compris en 2000, que le Sénat et l'Assemblée nationale ont travaillé sur la question des prisons, le ministre de l'époque opposait les mêmes arguments et parlait « d'expérimentations ».

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il ne s'est pas rien passé depuis neuf ans.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Sur cette question, si ! Il suffit de voir les condamnations prononcées à l'encontre de notre pays.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il y a eu des contrôles et des progrès incontestables ont été enregistrés dans les comportements, même si les pratiques, avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui, peuvent être encore améliorées, comme d'autres pays y sont parvenus. Telle est bien notre intention, mais convenez que cela ne sera pas possible en un jour. Ce n'est d'ailleurs pas seulement une question de moyens financiers mais aussi techniques.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il est difficile de croire à la sincérité du Gouvernement. Notre commission d'enquête de 2000 sur les prisons avait, à l'unanimité, estimé que la pratique des fouilles était « dégradante et humiliante », comme en ont également jugé des instances européennes. Depuis sept ans qu'elle est au pouvoir, cette majorité affirme son souci d'améliorer la situation. Mais il existe bel et bien une volonté, sous la pression de votre électorat et d'une partie de vos élus, d'humilier les détenus par ces fouilles, qui se multiplient et sont même parfois utilisées pour les « mater ». Nous estimons, pour notre part, qu'il faut bannir au plus vite les fouilles à corps, contraires à la convention européenne des droits de l'Homme et à nos principes fondamentaux.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Je ne peux pas laisser dire qu'il y aurait une quelconque volonté du Gouvernement « d'humilier les détenus ». Votre propos est excessif. Notre Gouvernement sera le premier, avec le décret en Conseil d'État, à intervenir, à agir en ce domaine. Nous y travaillons d'ores et déjà très concrètement : des crédits sont prévus, des technologies expérimentées, des évaluations de ce qui se fait à l'étranger conduites… Certes, tout n'a pas été réglé depuis 2000 mais ce n'est pas au détour d'un amendement que ce pourra l'être.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Il serait très facile de trouver les moyens nécessaires. Supprimez le bouclier fiscal et affectez les sommes à l'amélioration des conditions de vie des détenus.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Notre amendement permettrait d'encadrer les fouilles jusqu'à ce que les moyens plus modernes, promis par le Gouvernement, puissent être utilisés.

La Commission rejette l'amendement CL 350 ainsi que, sur avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 356 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 563 de M. Noël Mamère et CL 351 de M. Jean-Michel Clément.

Après avoir adopté les amendements rédactionnels CL 638 et CL 639 du rapporteur, elle rejette, sur avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 357 et CL 358 de M. Jean-Jacques Urvoas. Puis elle adopte l'amendement CL 640 du rapporteur. Elle rejette, sur avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 359 de M. Jean-Jacques Urvoas. Elle adopte l'amendement CL 641 du rapporteur.

Elle examine ensuite l'amendement CL 360 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement prévoit que les fouilles intégrales, qui ne sont possibles que si les fouilles par palpation ou les moyens de détection électroniques sont insuffisants, « doivent être spécialement motivées ». Pourquoi serait-il difficile d'inscrire ce principe dans la loi ? Je crois en la volonté du ministre d'améliorer la situation. Mais il faut y avoir assisté pour se rendre compte de ce qu'est véritablement une fouille. J'ai ainsi été très choqué un jour que l'on fouille un détenu juste après que je l'ai rencontré.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les fouilles résultent certes d'une décision administrative mais elles ne font pas l'objet d'un document écrit. Exiger qu'elles soient motivées par écrit me paraît disproportionné.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

« Disproportionné » ! Comment pouvez-vous dire cela par rapport à ce que vit le détenu ?

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Nous avons adopté à l'instant un amendement sur les fouilles générales. Quant aux fouilles corporelles intégrales, elles sont strictement encadrées par le texte.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il est certainement très maladroit d'avoir fouillé un détenu après la visite d'un parlementaire mais on imagine que cela entrait dans un protocole prévu. Pour ce qui est de ces fouilles multiples et trop fréquentes, il faut progresser et des améliorations sont incontestablement possibles. A la Souricière, on est ainsi passé de six fouilles à quatre, après la visite du Médiateur de la République, et notre objectif est d'arriver rapidement à deux, ce que devraient permettre les nouvelles technologies. Mais il y a parfois de véritables raisons de pratiquer des fouilles, par exemple en cas de soupçon de trafics, et ces fouilles-là ne pourront être supprimées.

PermalienPhoto de George Pau-Langevin

Pourquoi refuser notre demande, extrêmement modeste, que les fouilles soient motivées. Il suffira aux agents de noter dans un registre pourquoi ils ont jugé utile à tel moment de fouiller tel détenu : on ne peut pas dire que cette procédure serait trop lourde. Dès lors que nous sommes tous d'accord pour juger humiliantes les fouilles aussi bien pour celui qui les subit que pour celui qui y procède, il est urgent de les réglementer efficacement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le deuxième alinéa de l'article 24 est parfaitement clair. Les fouilles intégrales ne peuvent être qu'exceptionnelles.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

On cite souvent l'Espagne en exemple mais dans ce pays, les parloirs sont séparés, ce qui limite beaucoup le risque des trafics que les fouilles visent à prévenir. D'où l'on voit qu'il nous faudra restructurer profondément nos établissements, et cela ne pourra se faire en un jour, en dépit de la montée en puissance des investissements. Alourdir les procédures administratives n'améliorerait rien.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous ne réexaminerons pas avant longtemps une loi pénitentiaire. Si cela était inscrit une fois pour toutes dans la loi, nous n'aurions plus à y revenir.

La Commission rejette l'amendement CL 360.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 697 du Gouvernement. En conséquence, l'amendement CL 642 du rapporteur n'a plus d'objet.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement l'amendement CL 352 de M. Jean-Michel Clément, le CL 361 de M. Jean-Jacques Urvoas et le CL 562 de M. Noël Mamère.

Puis la Commission adopte l'article 24 ainsi modifié.

Après l'article 24 :

La Commission est saisie de l'amendement CL 353 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Les fouilles des cellules font l'objet des articles D. 270 et D. 272 du code de procédure pénale. Nous suggérons d'en encadrer strictement par la loi le régime juridique, en le calquant sur celui des perquisitions.

La Commission rejette cet amendement.

Elle rejette ensuite successivement, sur avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 354, CL 355 et CL 362 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Section 8 Des détenus mineurs

Article additionnel avant l'article 25 : Intitulé de la section 8

La Commission adopte l'amendement CL 643 du rapporteur.

Avant l'article 25 :

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 70 de M. Michel Vaxès et CL 363 de M. Dominique Raimbourg.

Article 25 : Respect des droits fondamentaux reconnus à l'enfant :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 364 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'article 25 sans modification.

Après l'article 25 :

La Commission est saisie de l'amendement CL 365 de Mme Marietta Karamanli.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il existe très peu de quartiers pour les jeunes filles mineures. Elles sont détenues avec des femmes majeures, ce qui est un problème marginal mais bien réel. La réglementation n'est donc pas respectée dans leur cas.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Des efforts importants sont faits par l'administration pénitentiaire pour garantir l'absence de contacts entre mineures et majeures. Inscrire cette disposition dans la loi n'apportera aucun remède pratique.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Dans la pratique, les détenues mineures sont souvent très peu nombreuses et l'application de cette règle reviendrait à les isoler complètement. Le mieux peut être l'ennemi du bien.

La Commission rejette cet amendement.

Elle rejette également successivement, sur avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 366 et CL 367 de Mme Marietta Karamanli et CL 368 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Article 26 : Obligation pour les mineurs de 16 à 18 ans de suivre une activité à caractère éducatif :

La Commission rejette l'amendement CL 369 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle est saisie ensuite de l'amendement CL 370 de Mme Marietta Karamanli.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Il s'agit de la scolarité des détenus mineurs. C'est l'occasion de saluer l'association GENEPI, qui intervient dans quatre-vingts établissements et qui m'a transmis les chiffres suivants : le taux de scolarisation dans les EPM serait de 94 %, avec vingt heures de cours par semaine, alors que les détenus des quartiers pour mineurs des établissements pénitentiaires ne suivraient que cinq heures de cours par semaine. Nous proposons donc de réécrire l'article 26 pour imposer à l'administration une obligation de scolarisation.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Les EPM disposent de deux à trois personnes pour encadrer chaque mineur. C'est un effort considérable. Avis défavorable.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il y a effectivement vingt heures de cours par semaine dans les EPM, avec dix enseignants pour soixante mineurs, contre dix heures dans les quartiers pour mineurs des autres établissements pénitentiaires. Peut-être les cinq heures que vous évoquez prennent-elles en compte la présence de jeunes en rupture scolaire totale.

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

Tel qu'il est rédigé, cet amendement n'aurait aucune utilité. En revanche, il est bon d'affirmer unanimement que les EPM constituent un grand progrès et qu'ils peuvent encore être améliorés. L'incarcération des mineurs, lorsqu'elle est nécessaire, doit toujours s'accompagner d'un maximum d'efforts en matière de scolarisation ou de préparation à la vie professionnelle pour l'insertion future de ces mineurs dans la vie sociale.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte l'amendement rédactionnel CL 644 du rapporteur.

Elle rejette en revanche, sur avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 371 de Mme Aurélie Filippetti.

Elle adopte enfin l'article 26 ainsi modifié.

Après l'article 26 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement l'amendement CL 71 de M. Michel Vaxès et l'amendement CL 373 de Mme Aurélie Filippetti.

Elle est saisie ensuite de l'amendement CL 374 de Mme Marietta Karamanli.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Voilà un amendement qui est passé au travers du tamis de l'article 40, alors qu'un amendement semblable pour les détenus majeurs a été rejeté !

Suivant l'avis défavorable du rapporteur la Commission rejette cet amendement.

Elle rejette également, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 375 de M. Jean-Michel Clément.

Puis elle examine l'amendement CL 376 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Cet amendement est peut-être quelque peu redondant, mais il ressort des travaux de la commission Varinard que l'on manque d'éléments sur l'incarcération des mineurs et sur le lien avec les procédures de suivi à l'extérieur. Cet amendement vise à mettre en place des commissions départementales de l'incarcération des mineurs, destinées à trouver des solutions pérennes aux problèmes spécifiques posés par cette population. Nous pourrons peut-être améliorer la rédaction du texte de sorte que le comité d'évaluation, dans chaque établissement, se préoccupe de la sortie des mineurs.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Il faudra y associer la protection judiciaire de la jeunesse !

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement.

Elle en vient à l'amendement CL 423 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le dispositif proposé ne relève pas du domaine de la loi.

L'amendement est retiré.

Article 27 : Renvoi à un décret en Conseil d'État pour les modalités d'application du chapitre relatif aux droits des détenus :

La Commission adopte cet article sans modification.

Après l'article 27 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 72 de M. Michel Vaxès.

Elle est saisie de l'amendement CL 377 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous proposons de consacrer une section entière du texte aux détenus étrangers, qui représentent 20 % de la population carcérale et dont le rapport du Sénat en 2000 relevait qu'ils étaient particulièrement défavorisés en prison. Nous avons déposé un certain nombre d'amendements visant à étalonner leurs droits sur ceux des détenus nationaux. Nous proposons, entre autres, d'introduire l'obligation pour l'administration d'informer les détenus dans une langue qu'ils comprennent, de les informer de leur lieu d'incarcération et de leur assurer le droit de prendre contact avec la représentation diplomatique de leur pays. Il serait étonnant que la loi pénitentiaire ne dise rien de cette question qui concerne un si grand nombre de détenus.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. La loi pénitentiaire pose les droits des détenus sans faire de distinction entre ceux-ci. Les détenus étrangers ont exactement les mêmes droits que tous les autres. Dans la pratique, cela pose certes quelques difficultés particulières, dont l'administration s'occupe activement, mais il n'y a pas lieu de faire de distinction dans la loi.

PermalienPhoto de George Pau-Langevin

Mais il y a lieu de prendre en compte des situations objectivement différentes : un détenu français n'a pas de problème de titre de séjour ! Les détenus étrangers sont confrontés à des problèmes spécifiques auxquels il faut répondre.

La Commission rejette cet amendement.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 73 à CL 76 de M. Michel Vaxès.

Elle rejette également, toujours sur avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 378 à CL 386 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis elle est saisie de l'amendement CL 449 de M. Guénhaël Huet.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le respect des droits particuliers des femmes est un souci légitime, mais l'inscrire dans la loi ne paraît pas nécessaire. En outre, la rédaction parle de besoins « physique, professionnel, social et psychologique », mais toutes les femmes ont-elles les mêmes? Beaucoup de choses relèvent plus de l'individu que du genre masculin ou féminin. Je ne vois pas comment ces besoins pourraient être définis.

L'amendement est retiré.

Chapitre IV Dispositions diverses

Article 28 : Obligation de communication par les collectivités territoriales des informations utiles au suivi de l'exécution des décisions pénales ; participation des collectivités territoriales à l'évaluation du fonctionnement des établissements pénitentiaires :

La Commission maintient la suppression de cet article.

Article 29 : Changement de nom de l'Agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice :

La Commission adopte l'amendement CL 645 du rapporteur. En conséquence, l'article 29 est ainsi rédigé.

Article 30 : Abrogation de l'article 1er de la loi du 22 juin 1987 définissant les missions du service public pénitentiaire :

La Commission adopte cet article sans modification.

Titre II Dispositions relatives au prononcé des peines, aux alternatives à la détention provisoire, aux aménagements des peines privatives de liberté et à la détention

Chapitre Ier Dispositions modifiant le code pénal

Article 31 : Annonce des modifications du code pénal :

La Commission adopte cet article sans modification.

Section 1 Des aménagements de peine

Article 32 [art. 132-24 du code pénal] : Affirmation du caractère subsidiaire de l'emprisonnement ferme et de la nécessité de prévoir son aménagement :

La Commission est saisie de l'amendement de suppression de l'article CL 424 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Par cet article, la peine d'emprisonnement devient une exception. Il pose en effet des conditions cumulatives qui en rendent le prononcé quasiment impossible. Il est à la fois inutile, car les juges n'abusent pas de l'emprisonnement, et dangereux, parce qu'il envoie un message regrettable aux victimes et un signe de clémence aux délinquants.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Je préfère une distinction entre les primo-délinquants, pour lesquels une peine d'emprisonnement restera l'exception, et les récidivistes.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Nous ne soutenons pas cet amendement. Le sénateur Lecerf, en proposant cet article, avait souhaité insister sur le fait que l'emprisonnement était l'ultime recours. Il n'envoie pas un message laxiste, mais rappelle que la hausse du taux d'incarcération n'a aucun rapport avec la baisse du taux de délinquance.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Il existe une hiérarchie des peines, qui constituent des marches successives. Chacune d'entre elles a son importance. Il n'est pas utile de se dépêcher de les gravir : l'important est d'assurer une réponse rapide et effective à tous les actes de délinquance.

C'est l'inexécution des peines qui est un scandale. Il n'est pas admissible que des travaux d'intérêt général pour primo-délinquants ne soient pas exécutés, dans la mesure où cette sanction a un sens pour un certain profil de délinquants. En revanche, d'autres primo-délinquants qui auront commis une infraction grave commenceront par la prison ferme : c'est au magistrat d'adapter la sanction.

Lors de la dernière législature, nous avons fait beaucoup pour redonner de la réalité à chaque peine – je pense aux lois Perben. Moi-même, j'avais été chargé d'une mission sur le sujet. J'avais notamment défendu les jours-amende, une peine très pédagogique : si vous êtes condamné à cinquante jours-amende à 30 euros, chaque tranche de 30 euros qui n'est pas payée sera transformée en jour de prison. C'est le niveau qui suit l'amende, avant le sursis puis la peine ferme.

Nous avions aussi pensé sortir, lors de cette dernière législature, du scandale des peines de prison non exécutées. Il faut absolument y parvenir.

Nous avions également beaucoup simplifié les procédures sanctionnant l'inexécution des peines autres que la prison : il y a quatre ou cinq ans par exemple, lorsque des travaux d'intérêt général n'étaient pas exécutés, cela constituait une nouvelle infraction qui allait, après divers rapports du service pénitentiaire d'insertion et de probation ou du juge d'application des peines, devant le parquet ; lorsque celui-ci poursuivait, il y avait une audience – c'est un officier de police judiciaire qui remettait la convocation –, et, deux ans plus tard, le juge vous reprochait sévèrement de ne pas avoir accompli la peine… Nous avons supprimé tout cela pour obtenir une meilleure efficacité.

Pour le reste, je ne crois pas qu'on puisse prendre l'article 32 pour une invitation à ne pas prononcer de prison ferme !

La Commission rejette l'amendement CL 424.

Elle est saisie de l'amendement CL 425 du même auteur.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

C'est un amendement de repli qui rend les critères de l'article alternatifs au lieu de cumulatifs.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le présent article ne rend en aucune manière l'aménagement des peines automatique ! Il maintient des exceptions. L'avis est donc défavorable.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

L'aménagement de peine n'est pas un cadeau fait par la société au condamné : le juge l'a de toute façon condamné à être privé de liberté. L'aménagement de peine est la manière dont la société va organiser cette privation en fonction de la personnalité et de la dangerosité du condamné, et aussi de la bonne utilisation des deniers publics : il n'est pas utile de dépenser 60 ou 80 euros par jour pour des personnes pour lesquelles 10 ou 15 euros suffiraient !

Il est évident qu'un trafiquant de stupéfiants ne va pas être placé sous surveillance électronique chez lui, où il pourrait continuer tranquillement son commerce, pas plus qu'un mari qui bat sa femme. En revanche, « visser » chez lui quelqu'un qui commet des violences au bal du samedi soir ou dans les stades de foot est une assez bonne sanction, qui coûte moins cher à la société.

Contrairement à l'Allemagne, où elle concerne 15 % des détenus, la semi-liberté est très peu développée en France. Pourtant, un coupable d'escroquerie ne constitue pas une menace dans la rue. Autant le placer en semi-liberté : il travaillera et la société lui prendra une grande partie de ses revenus pour indemniser ses victimes !

Un certain nombre de détenus sont aujourd'hui en maison d'arrêt faute d'autre solution. Certes, le placement sous surveillance électronique se développe, mais il est limité et ne convient pas à tous les profils. Quant à la semi-liberté, j'aimerais beaucoup qu'elle ne soit pas uniquement liée au travail, mais aussi à la formation. Grâce à elle, des jeunes qui trouvent du travail peuvent échapper à la maison d'arrêt – mais cela ne marche que dans certains bassins d'emploi, certainement pas dans le mien. Il serait donc intelligent de faire de même pour la formation professionnelle, qui augmente les chances des jeunes de travailler normalement à la fin de leur peine ; c'est la logique même. Mais cela n'a rien d'un cadeau : les mesures de sécurité ne sont simplement pas nécessaires pour les personnes qui ne posent pas de problèmes de sécurité. Lorsque des alcooliques sont placés en maison d'arrêt, ce n'est pas la meilleure solution. Il vaudrait mieux dépenser un peu moins en miradors et plus en soins.

La Commission rejette l'amendement CL 425.

Elle examine ensuite l'amendement CL 646 du rapporteur.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Il s'agit d'un amendement de cohérence avec la loi du 10 août 2007 sur la récidive.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Je suis d'accord pour considérer que ceux qui réitèrent des infractions doivent être traités de façon de plus en plus sévère mais, dans le cas d'espèce, la prise en compte de la récidive ne me paraît pas fondée. D'abord, elle est déjà prise en considération au moment de la condamnation. Elle ne doit donc pas avoir d'influence pour l'aménagement de la peine. Ensuite, la qualification de récidiviste est souvent une loterie : beaucoup de gens y échappent parce que leur casier judiciaire n'est pas à jour ou que les jugements ne sont pas tapés, mais pas d'autres. Enfin, ce sont précisément les récidivistes – qui sont principalement des voleurs et des gens qui conduisent sous l'empire de l'alcool, mais la même remarque serait valable pour les délinquants sexuels – qui ont le plus besoin de suivi, lequel est forcément lié à un aménagement de la peine.

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

La loi de 2007 a permis d'élargir la notion de récidive. Elle ne va pas jusqu'à la réitération, mais elle a déjà bien avancé. Il ne sera pas inutile de continuer ce mouvement, tout en progressant par ailleurs sur les questions du casier judiciaire ou de la vitesse de rédaction des actes.

La Commission adopte cet amendement.

Elle adopte également l'amendement de précision CL 647 du rapporteur.

Elle est saisie de l'amendement CL 426 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Cet amendement de repli vise à supprimer, à l'alinéa 2 de l'article, les termes « en dernier recours » qui constituent un véritable appel à la clémence pour les délinquants.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. La formulation adoptée par le Sénat est conforme aux règles pénitentiaires européennes ainsi qu'aux préconisations du comité d'orientation restreint.

La Commission rejette cet amendement.

Elle est saisie de l'amendement CL 4 de M. Jacques Alain Bénisti.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

L'aménagement de la peine ne doit pas être obligatoire.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Il ne l'est pas ! Le texte prévoit certes que la peine « doit » être aménagée, mais seulement si la personnalité et la situation du condamné le permettent et sauf en cas d'impossibilité matérielle.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

C'est justement pourquoi il serait préférable de remplacer « doit » par « peut ».

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte l'article 32 ainsi modifié.

Article 33 [art. 132-25, 132-26, 132-26-1 et 132-27 du code pénal] Extension des possibilités d'aménagement ab initio des peines d'emprisonnement correctionnel :

La Commission est saisie de l'amendement de suppression de l'article CL 427 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Le relèvement du seuil pour l'aménagement de la peine voulu par le Sénat présente des risques majeurs pour la sécurité. Les syndicats de police s'y opposent avec beaucoup de fermeté.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Je proposerai par amendements d'une part que l'extension à deux ans ne puisse s'appliquer aux récidivistes et d'autre part l'obligation pour le condamné d'être réellement impliqué dans son projet d'insertion.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Je ne suis pas sûr que ce relèvement de un à deux ans soit bien obligatoire. En tout état de cause, il ne concerne pas grand monde. Mais il faut savoir qu'il est difficile de supporter une mesure d'aménagement sur une longue durée : un bracelet électronique pour deux ans par exemple ne me semble pas bien réaliste. Mieux vaudrait retravailler sur la procédure de fin de peine, ainsi que sur l' « élastique » qui fait retourner en maison d'arrêt les personnes qui ne respectent pas leurs conditions de surveillance électronique. Peut-être Éric Ciotti va-t-il un peu fort en proposant de supprimer tout l'article, mais l'initiative du Sénat me semble excessive.

PermalienPhoto de Serge Blisko

Gardons-nous des débats simplistes. À en croire certaines tribunes dans la presse ou certains libelles que nous recevons, les personnes condamnées à deux ans d'emprisonnement pourraient systématiquement y échapper. L'article 33 du texte, dans la version du Sénat, fait l'objet d'un faux procès. Le port d'un bracelet électronique pendant un an est intenable, et toutes les missions d'évaluation sur le contrôle électronique ont montré que l'acceptabilité de ces systèmes décroissait avec le temps. Il n'est donc nullement question de libérer des assassins.

Je tiens par ailleurs à rendre hommage, au nom du groupe SRC, aux juges d'application des peines, qui président à la réinsertion et ont à coeur de trouver un équilibre entre la protection de la société et la rédemption d'un individu.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte ensuite les amendements CL 648 de coordination et CL 649 de précision du rapporteur.

La Commission est alors saisie de l'amendement CL 428 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

La notion de « projet sérieux d'insertion ou de réinsertion » me paraît floue et imprécise et risque d'être invoquée par tous les délinquants qui souhaitent bénéficier de la semi-liberté. Je propose de la supprimer.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. J'ajoute par amendement une condition supplémentaire relative à l'implication du condamné dans le projet d'insertion – condition dont il conviendra de vérifier la réalisation.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Même avis que le rapporteur. Quant aux projets de réinsertion, il peut s'agir d'activités associatives ou humanitaires, d'un bilan de compétences, ou de la création d'une entreprise. La personne concernée doit être réellement impliquée dans un projet.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Il faut insister sur la formation, car un jeune qui vient de passer six mois en maison d'arrêt et en sort sans qualification ne sera employable que s'il acquiert une qualification, au titre d'un couplage entre la semi-liberté et une formation. Dans le cadre de la mission dont j'ai été chargé durant la précédente législature, le président de l'AFPA était prêt à accueillir dans les ateliers AFPA des personnes porteuses de bracelets électroniques. Ces personnes coûtaient moins cher à la société et acquéraient une formation, ce qui augmentait les chances de les voir, après l'incarcération, reprendre un travail.

La Commission adopte cet amendement. En conséquence, l'amendement CL 650 du rapporteur devient sans objet.

La Commission adopte ensuite l'amendement de coordination CL 651 du rapporteur.

Puis elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 78 de M. Michel Vaxès.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL30 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Je défendrai par la même occasion les amendements CL 31 et CL 33.

Il convient de rétablir la possibilité, lorsqu'une juridiction émet un mandat d'arrêt, de proposer l'exécution provisoire d'une mesure d'aménagement – qui pourra être un régime de placement immédiat en semi-liberté ou en chantier extérieur. Il s'agit d'un dispositif adapté pour les cas des courtes peines prononcées à l'issue d'une comparution immédiate. Dans certains cas, en effet, par exemple de conduite sous l'emprise de l'alcool, il n'est souhaitable ni de laisser libre l'automobiliste qui comparaît pour la troisième ou quatrième fois, ni de le désocialiser en lui faisant perdre son emploi du fait de l'incarcération. L'amendement propose donc un mécanisme de placement immédiat, avec faculté de délégation au chef du centre de semi-liberté ou, selon le cas, au juge d'application des peines, qui doit statuer dans un délai de deux jours.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable, car cet amendement est satisfait par l'insertion de ces dispositions à l'article 471 du code de procédure pénale par l'article 55 du projet de loi.

La Commission rejette cet amendement, puis les amendements CL 31 et CL 33 du même auteur.

Elle adopte ensuite l'amendement de coordination CL 652 et l'amendement de précision rédactionnelle CL 653, tous deux du rapporteur.

Puis elle est saisie de l'amendement CL 445 de M. Guénahël Huet.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

L'amendement tend à permettre la mise sous surveillance électronique des femmes qui sont condamnées alors qu'elles sont enceintes.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Ce dispositif pourrait provoquer des effets pervers, tels que l'utilisation de femmes enceintes pour commettre des infractions. Avis défavorable.

PermalienPhoto de Guénhaël Huet

La mesure ne serait pas systématique et il reviendrait au juge de décider de son application.

La Commission rejette cet amendement.

L'amendement CL 654 du rapporteur est devenu sans objet, en conséquence de l'adoption de l'amendement CL 428.

La Commission adopte ensuite l'amendement de coordination CL 655 du rapporteur. Puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 32 de M. Dominique Raimbourg. Elle adopte enfin l'amendement de coordination CL 656 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 33 ainsi modifié.

Article 33 bis : Possibilité pour le JAP d'aménager une peine dès l'entrée en détention, sans attendre l'expiration des délais de recours :

La Commission adopte l'amendement CL 657 du rapporteur, tendant à la suppression de l'article 33 bis dont les dispositions sont inscrites à l'article 38. En conséquence, l'article 33 bis est supprimé.

Section 2 Du travail d'intérêt général

Article 34 A [art. 131-8 du code pénal] : Extension de l'amplitude horaire du travail d'intérêt général prononcé à titre de peine alternative à l'emprisonnement :

La Commission adopte l'article 34 A sans modification.

Article 34 [art. 131-22 du code pénal] : Exécution d'un TIG pendant une assignation à résidence avec surveillance électronique ou un aménagement de peine :

La Commission adopte l'article 34 sans modification.

Article 35 [art. 132-54, 132-55 et 132-57 du code pénal] : Sursis assorti de l'obligation d'accomplir un TIG - Extension de l'amplitude horaire – Harmonisation des délais d'exécution :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 471 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'amendement CL 658 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 35 ainsi modifié.

Après l'article 35 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 469 et CL 470 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Chapitre II Dispositions modifiant le code de procédure pénale

Article 36 : Annonce des modifications du code de procédure pénale :

La Commission adopte l'article 36 sans modification.

Après l'article 36 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 79, CL 80, CL 81 de M. Michel Vaxès.

Section 1 De l'assignation à résidence avec surveillance électronique

Article 37 (art. 137, 142-5 à 142-13 [nouveaux] du code de procédure pénale) : Assignation à résidence avec surveillance électronique :

— art. 142-5 du code de procédure pénale : Conditions et teneur de la mesure d'assignation à résidence :

La Commission est saisie de l'amendement CL 456 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

L'assignation à résidence avec bracelet électronique vise à créer un cas nouveau de contrôle se substituant à la détention provisoire. Il convient d'aligner le régime de l'assignation à résidence sous bracelet électronique applicable à une personne mise en examen sur celui de la détention provisoire, laquelle ne peut être prononcée que si la personne mise en examen encourt une peine d'une durée égale ou supérieure à trois ans.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

L'assignation à résidence sous surveillance électronique est conçue comme un intermédiaire entre le contrôle judiciaire et la détention provisoire. Le quantième de 2 ans est donc cohérent. Avis défavorable.

La Commission rejette cet amendement.

Puis elle adopte l'amendement rédactionnel CL 659 du rapporteur.

— art. 142-10 du code de procédure pénale : Réparation du préjudice subi :

La Commission adopte l'amendement de précision CL 660 du rapporteur.

— art. 142-11 du code de procédure pénale : Imputation de l'assignation à résidence sur la peine privative de liberté :

La Commission adopte l'amendement de précision CL 661 du rapporteur.

art. 142–13 du code de procédure pénale : Décret d'application :

La Commission adopte l'amendement de précision CL 662 du rapporteur.

Puis elle adopte l'amendement 37 ainsi modifié.

Après l'article 37 :

La Commission est saisie de l'amendement CL 455 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Nous avons appris par le SPIP de Fleury-Mérogis que certaines personnes sont parfois placées en détention pour le week-end afin de pouvoir être présentées le lundi au tribunal, qui les libérera. Aussi difficile soit-il d'organiser les comparutions immédiates durant le week-end, cette forme de détention est contre-productive.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Tout placement en détention provisoire doit être motivé, quel que soit le jour où il intervient.

La Commission rejette cet amendement, puis, après avis défavorable du rapporteur, elle rejette également l'amendement CL 457 du même auteur.

Section 2 Des aménagements de peine

Sous-section 1 Du prononcé des aménagements de peine

Article 38 (art. 707 du code de procédure pénale) : Principe de la nécessité des aménagements de peine :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 472 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 5 de M. Jacques Alain Bénisti et CL 429 de M. Éric Ciotti.

Elle adopte ensuite l'amendement d'harmonisation rédactionnelle CL 663 du rapporteur. Elle adopte ensuite l'amendement CL 664 du rapporteur, qui réécrit le dispositif que le Sénat avait introduit à l'article 33 bis.

Puis elle adopte l'article 38 ainsi modifié.

Article 39 (art. 708 du code de procédure pénale) : Délai d'exécution des peines prononcées :

La Commission adopte l'amendement CL 665 du rapporteur relatif au délai d'appel du procureur général.

Puis elle adopte l'article 39 ainsi modifié.

Après l'article 39 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 473 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Article 40 (art. 712-6 du code de procédure pénale) : Possibilité de renvoi au tribunal de l'application des peines des affaires complexes soumises au juge de l'application des peines :

La Commission adopte, après avis favorable du rapporteur, l'amendement CL 430 de M. Éric Ciotti. Elle adopte ensuite l'amendement CL 666 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 40 ainsi modifié.

Article 41 (art. 712-8 du code de procédure pénale) : Pouvoirs de l'administration pénitentiaire en matière d'aménagements de peine :

La Commission rejette l'amendement CL 474 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite les amendements de précision CL 667 et CL 668 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 475 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis la Commission adopte l'article 41 ainsi modifié.

Après l'article 41 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 476 et CL 477 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Article 42 (art. 712-19 du code de procédure pénale) : Incarcération provisoire d'un condamné n'ayant pas respecté les obligations découlant d'une mesure de surveillance judiciaire :

La Commission adopte l'article 42 sans modification.

Article 43 (art. 712-22 [nouveau] et 712-23 du code de procédure pénale) : Relèvement d'une interdiction professionnelle et dispense d'inscription d'une condamnation au bulletin n° 2 du casier judiciaire :

La Commission adopte l'article 43 sans modification.

Article 44 (art. 720-1, 720-1-1 et 712-22 du code de procédure pénale) : Suspension et fractionnement des peines en cours d'exécution – Suspension de peine pour raison médiale :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 431, CL 432 et CL 433 de M. Éric Ciotti.

Elle adopte ensuite l'amendement de conséquence CL 669 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 44 ainsi modifié.

Article 45 (art. 720-5 du code de procédure pénale) : Libération conditionnelle à l'issue de la période de sûreté :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements CL 434 de M. Éric Ciotti et CL 478 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte ensuite l'amendement rédactionnel CL 670 du rapporteur

Puis elle adopte l'article 45 ainsi modifié.

Article 46 (art. 723, 723-1 et 723-7 du code de procédure pénale) : Octroi par le juge de l'application des peines de la semi-liberté, du placement à l'extérieur et du placement sous surveillance électronique :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 435 de M. Éric Ciotti.

Puis elle est saisie de l'amendement CL 13 de M. Claude Bodin.

PermalienPhoto de Claude Bodin

Les dispositions de l'article 46 reviennent à autoriser la non-exécution d'une peine de deux ans d'emprisonnement prononcée par les tribunaux. Par souci de lisibilité du système judiciaire et par respect pour l'autorité de la chose jugée, il convient de ramener à six mois la durée d'emprisonnement qu'un juge d'application des peines a le droit de « convertir ». Rappelons que l'article 33 autorise la juridiction de jugement à prononcer des aménagements de peine ; si celle-ci ne l'a pas décidé, c'est qu'ils n'étaient pas adéquats.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Il est quasiment impossible de définir ab initio les conditions d'aménagement de peine, faute de temps ou parce qu'il faudrait appeler l'employeur de la personne jugée pour connaître ses horaires de travail – démarche qui risque de lui faire perdre son emploi. Il faut donc commencer par fixer le quantum de peine de privation de liberté, avant de voir comment le détenu l'exécute. Ce raisonnement en deux temps permet en outre de mieux vérifier les informations fournies.

La Commission rejette cet amendement, puis, après avis défavorable du rapporteur, rejette l'amendement CL 19 du même auteur et l'amendement CL 436 de M. Éric Ciotti.

Elle examine ensuite l'amendement CL 17 de M. Claude Bodin.

PermalienPhoto de Claude Bodin

L'aménagement d'une peine de prison ferme prononcée par un tribunal ne saurait être applicable aux personnes qui représentent une menace pour l'intégrité physique de nos concitoyens. Les crimes et délits énoncés dans l'amendement sont ceux que mentionne l'article 132-41 du code pénal pour limiter les possibilités de prononcer un sursis avec mise à l'épreuve.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable. Ma position reste d'exclure les récidivistes.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Même avis, avec les mêmes arguments.

La Commission rejette cet amendement.

Elle adopte ensuite l'amendement de coordination CL 671 du rapporteur. En conséquence, l'amendement CL 437 de M. Éric Ciotti devient sans objet.

La Commission adopte les amendements de coordination CL 672 et CL 673 du rapporteur.

Puis elle rejette, après défavorable du rapporteur, les amendements CL 479, CL 480 et CL 481 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission adopte l'article 46 ainsi modifié.

Article 47 (art. 729 du code de procédure pénale) : Octroi de la libération conditionnelle :

La Commission est saisie de l'amendement CL 6 de M. Jacques Alain Bénisti.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

Cet amendement est très important pour le personnel pénitentiaire. L'article 47 vise à élargir les conditions d'octroi de la libération conditionnelle, en supprimant la condition selon laquelle un condamné doit manifester des efforts sérieux de réadaptation sociale pour en bénéficier. Cette condition, essentielle, doit être maintenue parallèlement aux autres.

Un tel amendement est d'autant plus important que la rédaction actuelle de l'article 47 prive l'administration pénitentiaire d'un outil efficace pour maintenir l'ordre dans le milieu carcéral. Si le comportement du détenu n'est plus un critère permettant d'apprécier l'opportunité d'une libération conditionnelle, il sera moins incité à respecter les règles de détention et l'administration pénitentiaire devra recourir plus encore qu'aujourd'hui à des sanctions disciplinaires, ce qui est contraire à l'esprit même du projet de loi.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le vote d'un amendement de M. Ciotti a fait tomber les dispositions que je proposais en vue de l'implication particulière dans un projet sérieux. Elles semblent revenir sous une autre forme…Peut-être conviendra-t-il de revoir tout cela en article 88. Pour l'heure, en tout cas, avis favorable.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de l'Assemblée.

La Commission adopte cet amendement.

Elle rejette ensuite, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 34 de M. Dominique Raimbourg.

Puis elle adopte l'amendement CL 674 du rapporteur.

La Commission en vient à l'amendement CL 36 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

L'amendement propose un mécanisme de libération conditionnelle automatique – sauf avis contraire du juge, afin de protéger les victimes en limitant les sorties sèches. Il existera donc un système d'exécution de la peine hors de la prison, assorti d'un dispositif de surveillance. Cet amendement important marque un passage : la culture de l'enfermement cohabitera désormais avec une culture de la surveillance.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette cet amendement, puis les amendements CL 82 et CL 83 de M. Michel Vaxès.

Puis elle examine l'amendement CL 438 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Il s'agit de porter à 75 ans l'âge minimal requis pour obtenir une libération conditionnelle sans condition de peine effectuée.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 438 de M. Éric Ciotti.

Puis elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 84 de M. Michel Vaxès et CL 439 de M. Éric Ciotti.

La Commission adopte alors l'article 47 ainsi modifié.

Après l'article 47

La Commission est saisie de l'amendement CL 1 de M. Guy Teissier.

PermalienPhoto de Guy Teissier

L'adoption de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence a bouleversé le sens de la libération conditionnelle, qui était jusqu'alors une faveur discrétionnaire du ministre de la justice et est aujourd'hui examinée par trois magistrats, dans le ressort de chaque cour d'appel, au cours d'une sorte de débat contradictoire.

En outre, l'article D. 47-6-9 du code de procédure pénale permet au juge délégué aux victimes de recueillir et de transmettre au juge d'application des peines les demandes de victimes qui souhaitent être informées – ou non – de l'exécution de la peine et de la libération du condamné. Il n'est cependant pas équitable que la victime, qui est la première personne concernée, doive être informée par voie administrative sans pouvoir participer à ces débats. Cela serait particulièrement souhaitable, par exemple, en cas de risque de représailles.

L'amendement proposé tend donc à offrir à la partie civile la possibilité d'être associée au débat des juridictions de libération conditionnelle. Ce dispositif existe déjà en Belgique, et la France s'honorerait en adoptant une mesure garantissant plus d'équité. De fait, la non-représentation de la partie victime est inéquitable et porte atteinte à la vertu transcendante de la justice.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable.

Sur la forme, l'article 722-1 du code de procédure pénale modifié par l'amendement a été abrogé par la loi du 9 mars 2004.

Sur le fond, l'amendement est déjà en grande part satisfait. L'article 712-7 du code de procédure pénale donne aux victimes la possibilité d'exposer leur point de vue sur les demandes d'aménagement de peine en matière criminelle, notamment le relèvement de la période de sûreté, la libération conditionnelle et la suspension de peine. Quant à l'article D.49-67, il prévoit que les victimes peuvent demander à être tenues informées de toute libération conditionnelle.

PermalienPhoto de Guy Teissier

Précisément : la victime est informée, mais n'est pas partie prenante. Il s'agit d'un droit discrétionnaire accordé au juge délégué aux victimes, qui peut être tenu informé par le juge de l'application des peines. En aucun cas la victime n'est associée.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Le Gouvernement partage l'avis du rapporteur. Si nous souhaitons la meilleure prise en compte possible du droit des victimes tout au long du procès pénal, y compris après la condamnation, et notamment en cas de mesure de libération conditionnelle – tout particulièrement quand il s'agit de criminels –, nous estimons que le droit positif répond déjà à l'essentiel des préoccupations de M. Teissier.

Votre amendement propose de modifier des dispositions sur la libération conditionnelle issues de la loi Guigou de juin 2000 relative à la présomption d'innocence. Or, ces dispositions ont déjà été abrogées par la loi Perben II. En outre, des compléments ont été apportés par loi de 2005 sur la récidive : les juridictions d'application des peines doivent prendre en compte les intérêts de la victime avant toute mesure d'aménagement ; pour toutes les peines supérieures à dix ans, l'avocat de la partie civile peut assister aux audiences de libération conditionnelle et faire part de ses observations ; et dans tous les cas, la victime peut demander à être informée des mesures d'aménagement à venir ou, au contraire, bénéficier de son droit à l'oubli.

Après l'entrée en vigueur de la loi, Mme la garde des sceaux appellera à nouveau l'attention des juridictions sur la nécessité de respecter scrupuleusement les dispositions. Est-il dans l'intérêt de la victime d'aller encore plus loin ?

PermalienPhoto de Guy Teissier

Il va de soi que les victimes n'interviendraient qu'à leur demande.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Quoi qu'il en soit, l'amendement ne peut être adopté en sa forme actuelle. Il mériterait d'être retravaillé en vue de la séance publique.

L'amendement est retiré.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 35 de M. Dominique Raimbourg et CL 482 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Sous-section 2 Des procédures simplifiées d'aménagement des peines

Article 48 (section VII et VIII, art. 723-13-1 [nouveau] à 723-28 du code de procédure pénale) : Procédures simplifiées d'aménagement des peines

Section VI Des procédures simplifiées d'aménagement des peines

— art. 723-14 du code de procédure pénale : Dispositions communes

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 18 de M. Claude Bodin.

Paragraphe 1 Dispositions applicables aux condamnés libres

— art. 723-15 du code de procédure pénale : Convocation devant le JAP et le SPIP

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 85 de M. Michel Vaxès, ainsi que les amendements CL 14 et CL 20 de M. Claude Bodin.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CL 440 de M. Éric Ciotti.

PermalienPhoto de Éric Ciotti

Le présent amendement vise à supprimer le caractère automatique de l'aménagement de la peine.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

L'aménagement de la peine n'a pas de caractère automatique !

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine l'amendement CL 7 de M. Jacques-Alain Bénisti.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

Il convient de laisser au juge de l'application des peines sa totale faculté de décision. L'aménagement de la peine ne doit être qu'une possibilité.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Avis défavorable : l'aménagement de la peine n'est ni automatique, ni obligatoire ; l'article prévoit des exceptions et des dérogations.

La Commission rejette l'amendement.

Puis, elle est saisie de deux amendements, CL 8 et CL 22, pouvant être soumis à discussion commune, présentés par M. Jacques-Alain Bénisti et M. Philippe Goujon.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

« Dans la mesure du possible » est une formulation trop floue. Je propose de la remplacer par : « si leur personnalité et leur situation le permettent ».

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je préfère l'amendement CL 22, qui ajoute ces mots au projet.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

Dans ce cas, je retire mon amendement et m'associe à celui de Philippe Goujon.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement CL 22.

Elle examine ensuite l'amendement CL 9 de M. Jacques-Alain Bénisti.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

Le présent amendement vise à restreindre les possibilités de conversion des peines d'emprisonnement en des peines d'une sévérité minimale. Si la semi-liberté, le placement sous surveillance électronique ou le placement à l'extérieur peuvent être considérés comme des peines, il n'en va pas de même de la libération conditionnelle, du fractionnement ou de la suspension de peine. Quant au TIG ou au jour-amende, ils constituent des peines non comparables à la peine d'emprisonnement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

C'est au juge de l'application des peines qu'il appartient d'apprécier la situation et de prendre une décision. Pour ma part, je souhaite qu'il dispose de la palette d'outils la plus large possible, l'objectif étant de choisir le meilleur aménagement de la peine afin d'éviter toute récidive et de favoriser la réinsertion du condamné. Avis défavorable.

PermalienPhoto de Jean-Luc Warsmann

Nous avions déjà eu ce débat au cours de la précédente législature. Il était apparu qu'il valait mieux laisser au juge de l'application des peines la possibilité de convertir une peine si l'on voulait être sûr qu'elle soit bien exécutée.

La Commission rejette l'amendement.

Puis, elle examine l'amendement CL 675 du rapporteur, qui fait l'objet du sous-amendement CL 695 de M. Guy Geoffroy.

PermalienPhoto de Guy Geoffroy

Il convient d'étendre l'exclusion prévue par l'amendement CL 675 à l'encontre des récidivistes aux peines prononcées pour infraction sexuelle, lesquelles font déjà l'objet de règles spécifiques.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Le Gouvernement y est favorable.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

J'émets pour ma part un avis défavorable au sous-amendement. En ajoutant les infractions sexuelles, on commence une énumération, qui risque d'être sans fin : les agressions de personnes âgées ou très vulnérables peuvent être tout aussi graves !

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Je partage les réticences du rapporteur : il ne faudrait pas instaurer une concurrence entre victimes. Pourquoi les victimes de coups violents ne mériteraient pas autant d'attention que les victimes d'agressions sexuelles ?

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

La première condamnation pour une agression sexuelle est plus importante…

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

La mesure vise les personnes condamnées à des peines de moins de deux ans d'emprisonnement : il ne s'agit pas de meurtres de mineurs avec viol, mais de faits beaucoup moins graves ! Ne diabolisons pas la délinquance sexuelle, et laissons aux tribunaux leur liberté d'appréciation.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Il ne s'agit pas de la banaliser, mais de rappeler qu'une même qualification pénale recouvre des faits de gravité très diverse. Nous risquons d'ouvrir une porte que nous ne pourrons pas refermer.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

La porte est déjà ouverte : depuis la loi Guigou, les infractions sexuelles disposent d'un statut spécifique.

La Commission rejette le sous-amendement CL 695 et adopte l'amendement CL 675.

Elle adopte ensuite successivement les amendements CL 676, CL 677 et CL 678 du rapporteur.

— art. 723-15-1 nouveau du code de procédure pénale : Aménagement ou conversion de la peine

La Commission adopte l'amendement CL 679 du rapporteur

— art. 723-16 du code de procédure pénale : Mise à exécution de la peine par le ministère public sans attendre la décision du juge de l'application des peines

La Commission adopte les amendements identiques CL 680 du rapporteur et CL 37 de M. Dominique Raimbourg.

Paragraphe 2 Dispositions applicables aux condamnés incarcérés

La Commission adopte l'amendement CL 681 du rapporteur.

— art. 723-19 du code de procédure pénale : Champ d'application

M. Claude Bodin retire l'amendement CL 15.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 21 de M. Claude Bodin.

Puis, elle examine l'amendement CL 10 de M. Jacques-Alain Bénisti.

PermalienPhoto de Jacques Alain Bénisti

Le code de procédure pénale ne saurait instituer un droit à la non-exécution de la peine prononcée.

La Commission rejette l'amendement.

Elle examine ensuite en discussion commune les amendements CL 682 du rapporteur, CL 11 de M. Jacques-Alain Bénisti, CL 16 de M. Claude Bodin et CL 23 de M. Philippe Goujon.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je suis favorable à la rédaction de l'amendement CL 23, et je rectifie celle du CL 682 en ce sens.

Les amendements CL 11 et CL 16 sont retirés.

La Commission adopte les amendements identiques CL 682 rectifié et CL 23.

Elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 12 de M. Jacques-Alain Bénisti. Elle adopte ensuite l'amendement de coordination CL 683 du rapporteur.

— art. 723-20 du code de procédure pénale : Saisine du juge de l'application des peines

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 483 de M. Jean-Jacques Urvoas.

— art. 723-21 du code de procédure pénale : Placement sous surveillance électronique des condamnés dont la durée de détention restant à subir est inférieure ou égale à quatre mois

La Commission adopte l'amendement CL 684 du rapporteur.

Elle rejette, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 86 de M. Michel Vaxès.

La Commission adopte l'article 48 ainsi modifié.

Article 48 bis [art. 723-29 du code de procédure pénale] : Compétence exclusive du tribunal de l'application des peines pour ordonner une mesure de surveillance judiciaire

La Commission adopte l'article 48 bis sans modification.

Section 3 Des régimes de détention

Article 49 A (art. 728 du code de procédure pénale) : Règlements intérieurs-types pour chaque catégorie d'établissements pénitentiaires

La Commission est saisie de deux amendements identiques, CL 88 et CL 566, tendant à supprimer l'article, respectivement présentés par M. Michel Vaxès et M. Noël Mamère.

Suivant l'avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette ces deux amendements.

Puis, elle adopte l'article 49 A sans modification.

Article 49 (art. 715-1 [nouveau] et 716 du code de procédure pénale) : Principe de l'encellulement individuel des prévenus

La Commission est saisie de l'amendement CL 701 du Gouvernement.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Le présent amendement vise à redéfinir le régime d'encellulement des personnes détenues, suivant les orientations présentées ce matin par Mme la garde des sceaux.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Cet amendement appelle de notre part une condamnation ferme et définitive.

Si, de l'avis de nombreux observateurs, le texte du Sénat comporte des avancées par rapport au projet du Gouvernement, c'est précisément sur la question de l'encellulement individuel. Ce principe, absolu, ne doit tolérer aucune dérogation.

Vous soutenez que certains détenus préféreraient être placés en cellule collective ; en deux ans de visites d'établissements pénitentiaires, je n'ai jamais entendu exprimer cette opinion !

Si le Gouvernement revient sur le principe de l'encellulement individuel, cela se saura et, dès demain, les protestations seront nombreuses – et justifiées.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Je soutiens la position de mon collègue Jean-Jacques Urvoas. Cet amendement marque un recul de la prison républicaine – pour reprendre vos termes. Il s'agit d'un arrangement avec une réalité que tout le monde s'accorde à trouver insupportable : à savoir, la surpopulation carcérale, avec un taux d'occupation pouvant atteindre 125 %.

Vous renoncez au principe républicain de l'encellulement individuel pour n'en faire qu'une possibilité, au motif que certains détenus préféreraient ne pas être seuls !

Si l'on appliquait en France, comme cela fut le cas jusque vers 2000, le principe de l'encellulement individuel, et que l'on pratiquait, comme en Espagne, un numerus clausus, on pourrait envisager une politique pénitentiaire privilégiant les peines de substitution et la réinsertion à l'enfermement.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Dans certaines maisons d'arrêt, le taux d'occupation atteint 200 % : quand il y aura le même nombre de détenus que de places, on pourra envisager des dérogations au principe de l'encellulement individuel ! Mettre cette question en avant aujourd'hui n'est qu'une façon d'éviter de se donner les moyens d'atteindre cet objectif.

Construire de nouvelles places de prison ne saurait être une réponse, car on aura tendance à incarcérer davantage. La seule solution, c'est de limiter le nombre de détenus au nombre de places disponibles – rien n'empêchant, par la suite, de faire varier ce dernier.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Je suis en désaccord avec la manière dont les choses ont été présentées.

Affirmer le principe du libre choix, ce n'est pas s'adapter à la réalité, mais refuser que l'on impose à un détenu un encellulement qui ne soit pas conforme à ses souhaits.

Bien sûr, personne ne désire être enfermé dans une cellule de cinq personnes, ou dormir par terre sur un matelas. L'alternative, c'est être seul ou à deux. On estime à quelque 45 000 le nombre de détenus qui souhaitent une cellule individuelle : il ne s'agit donc pas, monsieur Urvoas, de la totalité d'entre eux, mais des deux tiers.

Contrairement à 2000, quand le principe de l'encellulement individuel a été adopté tout en sachant qu'il était inapplicable, le dispositif mis en place permettra de consacrer, à court terme, le principe du libre choix, dans la mesure où la France disposera en 2012 d'un total de 45 000 cellules individuelles.

Même les règles pénitentiaires européennes, après avoir défini le principe d'une personne par cellule, admettent désormais l'utilité de prévoir certaines dérogations. Dans les pays les plus modernes, il y a débat : on prend désormais en considération l'intérêt éventuel d'être deux par cellule.

Il ne s'agit donc pas d'un discours de circonstance, mais d'une position de principe, que nous n'aurons pas peur de défendre publiquement.

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement.

En conséquence, les amendements CL 387 et CL 388 de M. Serge Blisko, l'amendement CL 390 de M. Jean-Jacques Urvoas et l'amendement CL 28 de Mme Marietta Karamanli deviennent sans objet.

La Commission adopte l'article 49 ainsi modifié.

Article 50 [art. 717 du code de procédure pénale] : Assouplissement des conditions de maintien d'un condamné en maison d'arrêt

La Commission adopte l'article 50 sans modification.

Article 51 [art. 717-1 du code de procédure pénale] : Parcours d'exécution de peine - Différenciation des régimes de détention

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 89 de M. Michel Vaxès, visant à supprimer l'article.

Elle rejette également, après avis défavorable du rapporteur, l'amendement CL 568 de M. Noël Mamère.

Elle adopte l'amendement CL 685 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 569 et CL 570 de M. Noël Mamère, CL 391 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 567 de M. Noël Mamère et CL 392 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission examine ensuite deux amendements identiques CL 393 de M. Jean-Jacques Urvoas et CL 571 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

Le présent amendement tend à supprimer le cinquième alinéa de l'article, qui légalise ce que le Gouvernement appelait, dans son exposé des motifs, « les parcours individualisés ».

De prime abord, la notion de « régimes différenciés de détention » peut paraître séduisante, tous les détenus n'étant pas incarcérés pour les mêmes raisons. Pourtant, autant nous sommes attachés à l'individualisation de la peine, autant nous ne pouvons être favorables à l'individualisation des conditions de son exercice.

Tout d'abord, il n'appartient pas à l'administration pénitentiaire de trier et de classer les détenus en fonction de leur supposée « dangerosité ». Nous avons eu un long débat sur ce sujet lors de la discussion du projet de loi relatif à la rétention de sûreté : jamais nous n'avons obtenu de définition précise de ce qu'était la « dangerosité » d'une personne. S'il existe une notion arbitraire, c'est bien celle-là.

Nous craignons, comme le commissaire européen Thomas Hammarberg et le contrôleur général des lieux de privation de liberté, que les régimes différenciés ne débouchent sur une ségrégation.

Le Gouvernement nous répond que les règles pénitentiaires européennes les mentionnent ; certes, mais c'est pour les encadrer, précisément parce que le Conseil de l'Europe déplore que certains pays cèdent à cette tentation.

Permettez-moi de vous rappeler les termes de la préconisation n° 14 du Comité d'orientation restreint – qui, composé de personnalités éclairées, avait été réuni à la demande de Mme Dati : « Affirmer et mettre en application le principe général que toute personne incarcérée doit bénéficier du même régime de détention, la restriction de certains droits imposée aux prévenus ne pouvant résulter que d'une décision de l'autorité judiciaire. » Il s'agit d'une hostilité déclarée aux régimes différenciés !

L'aboutissement de ceux-ci, ce sont les quartiers de haute sécurité. Vous mettez le doigt dans un engrenage qui débouchera sur la différenciation des droits des détenus et la séparation arbitraire du bon grain et de l'ivraie. Nous ne vous suivrons pas dans cette voie.

PermalienPhoto de Noël Mamère

J'ai ce matin exprimé les mêmes critiques que notre collègue Jean-Jacques Urvoas sur cet article 51 qui, finalement, légalise le tri et la différenciation. C'est la porte ouverte à des formes de ségrégation et de discrimination – telles que les QHS que notre collègue vient d'évoquer – inacceptables au regard du principe du traitement égalitaire devant la loi de tous les détenus. Nous soutenons donc cet amendement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Mon désaccord avec la présentation des régimes différenciés qui vient d'être faite par nos deux collègues est total.

Nier les régimes différenciés revient à nier le parcours d'exécution des peines, et donc la personnalisation et l'individualisation de celles-ci. Le dispositif proposé repose sur l'identification, dans un parcours d'exécution des peines, des modalités d'exécution les plus adaptées pour permettre à chaque détenu de bénéficier des mesures d'aménagement qui lui permettront d'être réintégré dans les meilleures conditions au sein du circuit social. Nier toute individualisation de la peine, au prétexte qu'elle pourrait être un outil de ségrégation ou être l'origine d'excès, c'est nier l'ensemble du dispositif. Le régime différencié est un outil indispensable. D'autres pays européens l'utilisent. En Angleterre, pays de l'habeas corpus, les détenus sont classés par étage en fonction de leur dangerosité – nous n'avons pas l'intention d'aller jusque-là.

Je rappelle aussi que l'article 51, tel qu'il est issu de son examen par le Sénat, prévoit que : « le régime de détention des détenus est déterminé en prenant en compte leur personnalité, leur santé, leur dangerosité et leurs efforts en matière de réinsertion sociale. Le placement d'une personne détenue sous un régime de détention plus sévère ne saurait porter atteinte aux droits des détenus visés à l'article 10 de la loi pénitentiaire. » La loi répond ainsi à vos inquiétudes sur une utilisation abusive éventuelle des régimes différenciés en termes de sécurité. Ces régimes ne sont pas une sorte d'arme donnée à l'administration pénitentiaire pour satisfaire quelque volonté obscure. Ils ont absolument justifiés par le parcours d'exécution des peines.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Les articles qui vont suivre donnent beaucoup de pouvoirs aux services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) face aux juges de l'application des peines. Ceux-ci vont se trouver dépouillés de leurs principales responsabilités ; alors qu'ils décidaient jusqu'ici de l'aménagement des peines, ils vont devoir se contenter de valider ce qui aura été décidé par les SPIP, composés de personnels de l'administration pénitentiaire.

Nous ne pouvons pas laisser dire que nous remettons en cause l'individualisation des peines. En revanche, cette remise en cause est bien l'un des fondements de la loi que vous nous proposez. Monsieur le rapporteur, les peines plancher, instituées par la majorité dont vous faites partie, constituent bien une remise en cause de cette individualisation ! La plupart de vos ex-collègues magistrats, vous le savez, se sont élevés contre le principe des peines plancher, qui contribuent à engorger un peu plus nos prisons. Vous renoncez au principe républicain de l'encellulement individuel, nous ne remettons pas en cause l'individualisation des peines.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Ces questions ont été longuement évoquées ce matin. La comparaison avec les peines plancher n'est pas pertinente ; ces dernières, du reste, et l'on s'en rend bien compte aujourd'hui, ne remettent pas en cause la capacité des magistrats à individualiser leurs décisions ; ils ne se privent pas de le faire, en utilisant les arguments que la loi met à leur disposition.

Vous faites un procès à la différenciation. Mais le texte issu du Sénat rappelle les droits qui doivent absolument être préservés. Evoquer les quartiers de haute sécurité, excusez-moi de ma franchise, est de l'ordre du fantasme. Comment imaginer que nous-mêmes, ou encore que les personnels de l'administration pénitentiaire soient dans cet état d'esprit ? Pour qui connaît leur état d'esprit et leur travail quotidien au profit du traitement individualisé des détenus, ces analyses ne sont pas convenables.

PermalienPhoto de Jean-Jacques Urvoas

L'évolution possible vers le régime des QHS, monsieur le ministre, est, sinon un fantasme, au moins une crainte. Depuis deux ans que je découvre le milieu pénitentiaire, je constate, notamment à travers les documents, nouveaux ou plus anciens, que je lis, que rien n'y est jamais neuf. Les mêmes idées sont toujours recyclées. Je vous ferai parvenir demain l'analyse par la direction de l'administration pénitentiaire de ce qu'étaient les QHS. Vous verrez s'il ne s'agit pas de régimes différenciés.

PermalienJean-Marie Bockel, secrétaire d'état à la justice

Les QHS étaient par définition des régimes différenciés. Mais l'idée que nous pourrions insidieusement y revenir relève du fantasme ; à l'époque, je m'étais battu contre les QHS.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Je voulais précisément rappeler à monsieur le secrétaire d'Etat, à qui nous ne faisons pas de procès d'intention, qu'il appartenait alors à une majorité qui a judicieusement mis fin aux QHS.

Je n'ai jamais remis en cause la qualité du travail des SPIP ni leurs compétences professionnelles ; nous les connaissons par expérience. En revanche, je me bats pour le respect d'un principe de droit, celui du retour du juge, du juge d'application des peines. Les SPIP sont dans un lien de dépendance envers l'administration pénitentiaire. Vous cautionnez la primauté de l'administration pénitentiaire sur le juge. Au nom de principes de droit, au premier rang desquels l'individualisation des peines, le rôle du juge d'application des peines doit être de prendre la décision et non pas de valider une décision de l'administration pénitentiaire.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements identiques CL 39 et CL 571.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette ensuite successivement l'amendement CL 572 de M. Noël Mamère, les amendements CL 394, CL 395, CL 396 et CL 397 de M. Jean-Jacques Urvoas, l'amendement CL 90 de M. Michel Vaxès, l'amendement CL 573 de M. Noël Mamère, et les amendements CL 398 et CL 399 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Puis la Commission adopte l'article 51 ainsi modifié.

Article 52 (art. 712-2 du code de procédure pénale) : Assouplissement du principe de l'encellulement individuel pour les condamnés :

Après avis favorable du rapporteur, la Commission adopte l'amendement de suppression CL 700 du Gouvernement.

L'article 52 est ainsi supprimé.

Après l'article 52 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 462 de M. Dominique Raimbourg.

Article 53 [art. 726 du code de procédure pénale] : Régime disciplinaire :

La Commission est saisie de l'amendement CL 401 de M. Jean-Jacques Urvoas.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Je souhaite vous présenter ensemble nos amendements CL 401, Cl 402, CL 403, CL 459, CL 460, CL 461 et CL 463.

Par ces amendements, nous proposons un autre régime disciplinaire. Les sanctions alternatives seraient élargies. Les durées de placement sous régime disciplinaire seraient de 7, 14 et 21 jours, suivant les trois degrés de sanctions. Ce régime ne serait pas aggravé en cas de violences sur les personnes ; nous considérons que celles-ci doivent donner lieu à des poursuites pénales. Enfin, en cas de poursuites pénales débouchant sur une condamnation ferme, nous souhaitons que le temps passé en quartier disciplinaire soit décompté du temps d'emprisonnement.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Je suis opposé à l'amendement CL 401, comme à l'ensemble des amendements qui viennent d'être présentés. Les durées de placement en cellule disciplinaire sont fixées dans le projet de loi. Elles ont du reste été abaissées par le Sénat. Pour moi, les détenus qui se rendent coupables de violences physiques aux personnes doivent aussi faire l'objet d'un passage plus long en cellule disciplinaire spécifique.

La Commission rejette l'amendement CL 401.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 402 et CL 403 de M. Jean-Jacques Urvoas, puis l'amendement CL 91 de M. Michel Vaxès.

Elle examine ensuite l'amendement CL 574 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Mes propos viennent à l'appui de ceux de nos collègues Urvoas et Raimbourg. Le Sénat a ramené à 20 jours le temps maximum de placement en cellule disciplinaire. Vous revenez cependant sur cette décision en imaginant des cas où ce maximum pourrait s'élever à 30 jours.

Nous demandons que la loi applique la recommandation de la commission nationale consultative des droits de l'Homme, c'est-à-dire qu'y soit mentionné que la mise en cellule disciplinaire doit avoir un caractère exceptionnel et n'être mise en oeuvre que faute d'autre solution. Nous proposons également que la configuration des cellules disciplinaires soit identique à celle des autres cellules, comme en Espagne par exemple.

Le dispositif proposé par le projet de loi nous paraît là encore pour ainsi dire électoraliste, destiné à montrer qu'il faut sans relâche punir, comme si les détenus – qui ont bien une dette à payer – étaient condamnés à ne pas pouvoir s'amender, et à aggraver leurs mauvaises conditions de détention par celles des quartiers disciplinaires, pour des durées non conformes à celles adoptées par de nombreux pays européens.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 574.

Elle rejette ensuite successivement, après avis défavorable du rapporteur, les amendements CL 575 de M. Noël Mamère, CL 459 de M. Dominique Raimbourg, CL 92 et CL 93 de M. Michel Vaxès, CL 460 de M. Dominique Raimbourg, CL 94 de M. Michel Vaxès, CL 461 de M. Dominique Raimbourg, CL 441 et CL 442 de M. Eric Ciotti, CL 458 de M. Dominique Raimbourg et CL 464 de M. Michel Vaxès.

La Commission examine alors l'amendement CL 576 de M. Noël Mamère.

PermalienPhoto de Noël Mamère

Pour répondre aux dispositions de l'article 6 de la convention européenne des droits de l'Homme, la France serait bien inspirée de créer une instance disciplinaire indépendante des personnels ayant affaire aux détenus. Cet amendement vise à introduire dans le projet de loi une disposition en ce sens, réclamée par la Cour européenne des droits de l'Homme.

PermalienPhoto de Jean-Paul Garraud

Le projet de loi prévoit que la commission disciplinaire doit comporter au moins un membre extérieur à l'administration pénitentiaire. Détailler, comme le fait l'amendement, le champ de recrutement de ce membre relève du domaine réglementaire. Je suis défavorable à l'amendement.

La Commission rejette l'amendement CL 576.

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette ensuite successivement les amendements CL 577 et CL 578 de M. Noël Mamère, puis les amendements CL 404 et CL 405 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'amendement CL 686 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 406 et CL 407 de M. Jean-Jacques Urvoas, puis l'amendement CL 463 de M. Dominique Raimbourg,

La Commission adopte alors l'article 53 ainsi modifié.

Après l'article 53 :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 408 et CL 409 de M. Jean-Jacques Urvoas portant articles additionnels.

Article 53 bis : Isolement administratif :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette successivement les amendements CL 410 de M. Jean-Jacques Urvoas, CL 579 de M. Noël Mamère, CL 411, CL 412 et CL 413 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'amendement de précision CL 687 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 414 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'amendement de conséquence CL 688 du rapporteur.

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette l'amendement CL 415 de M. Jean-Jacques Urvoas.

La Commission adopte alors l'article 53 bis ainsi modifié.

Section 4 Dispositions diverses et de coordination

Avant l'article 54 :

La Commission examine l'amendement CL 581 de M. Dominique Raimbourg.

PermalienPhoto de Dominique Raimbourg

Cet amendement traite du numerus clausus. J'insiste sur son importance.

La Commission rejette l'amendement CL 581.

Article 54 : Coordinations liées à l'institution de l'assignation à résidence avec surveillance électronique :

La Commission adopte successivement les amendements CL 689 et CL 690 du rapporteur.

Puis elle adopte l'article 54 ainsi modifié.

Article 55 [art. 471, 474, 702-1, 710, 712-4, 733-1, 747-2 et 775-1 du code de procédure pénale] : Exécution par provision de la peine de jours-amende et des mesures d'aménagement de peine – Coordinations – Décisions à juge unique – Substitution d'une peine de jours-amende au travail d'intérêt général :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette l'amendement CL 484 de M. Jean-Jacques Urvoas.

Elle adopte l'amendement de coordination CL 692 du rapporteur.

La Commission adopte alors l'article 55 ainsi modifié.

Article 56 [art. 709-2, 716-5, 719 et 727 du code de procédure pénale] : Dispositions diverses :

La Commission adopte l'amendement de coordination CL 693 du rapporteur et l'article 56 ainsi modifié.

Article 57 [art. 804, 844-1 nouveau, 868-2 nouveau, 877, 926-1 nouveau, 934-1 et 934-2 nouveaux du code de procédure pénale] : Application dans les collectivités d'outre-mer et en Nouvelle-Calédonie :

La commission adopte l'article 57 sans modification.

Article additionnel après l'article 57 : coordination

La Commission adopte l'amendement CL 694 du rapporteur opérant des coordinations avec les articles 3 bis et 16 du projet de loi.

Après l'article 57 :

Après avis défavorable du rapporteur, elle rejette successivement les amendements CL 465, CL 466 et CL 467 de M. Michel Vaxès.

Article 58 A (art. 5 de la loi du 5 mars 2007) : Incitations financières à proposer des travaux d'intérêt général :

La Commission adopte l'article 58 A sans modification.

Article 58 : Modalités d'application outre-mer :

La Commission adopte l'article 58 sans modification.

Article 59 : Moratoire de cinq ans pour l'application des dispositions relatives à l'encellulement individuel des détenus :

Après avis défavorable du rapporteur, la Commission rejette les amendements de suppression CL 468 de M. Michel Vaxès et CL 580 de M. Noël Mamère.

Après avis favorable du rapporteur, elle adopte l'amendement CL 699 du Gouvernement.

La Commission adopte ensuite l'article 59 ainsi modifié.

La Commission adopte alors l'ensemble du projet de loi ainsi modifié.

La séance est levée à vingt heures vingt.