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Intervention de Valérie Rosso-Debord

Réunion du 17 janvier 2008 à 15h00
Grenelle de l'insertion — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rosso-Debord :

Monsieur le président, monsieur le haut-commissaire, mes chers collègues, notre politique d'insertion doit être fondée sur la dignité reconnue à chaque personne car chacun doit trouver sa place dans notre société.

L'un des éléments forts de cette dignité, avec la santé, le logement et l'éducation, est de pouvoir vivre des revenus de son travail, ce qui procure la liberté.

L'honneur de notre société est d'avoir adapté le marché du travail pour que le handicap, la maladie ou l'accident n'empêchent pas l'activité, l'État devant garantir sur l'ensemble du territoire un égal accès de tous aux dispositifs d'inclusion sociale.

Depuis trente ans, face à la montée du chômage, on a privilégié un traitement social de ce dernier, en considérant qu'il n'y aurait plus assez d'emplois pour tout le monde. La segmentation des prises en charge a conduit à créer des catégories de gens plus ou moins éloignées de l'emploi et, pour les personnes les plus éloignées, le renoncement s'est installé.

Aujourd'hui, monsieur le haut-commissaire, vous refusez ce renoncement et vous vous attelez à une réflexion franche et pragmatique afin de voir comment garantir la réussite du parcours d'insertion et comment, au-delà de la compassion, agir de manière responsable et digne.

Pour cela, il nous faut voir la réalité en face.

On nous dit que certains titulaires de minima sociaux seraient inemployables, mot détestable. Si c'est parce que ces personnes souffrent d'un handicap reconnu par la loi du 11 février 2005, elles doivent être reconnues comme telles. Sinon, elles sont employables, et la société doit les accompagner de la manière la plus individualisée possible pour leur permettre d'accéder à un emploi ou à une activité.

On dit encore que l'insertion de ces hommes et de ces femmes ne pourrait se faire que par des contrats aidés, dans des associations ou des services publics. Nous ne réussirons pas sans l'implication du monde de l'entreprise, qui doit aussi jouer un rôle de marchepied vers une insertion durable du plus grand nombre.

Cette ambition, c'est un acteur local, proche des réalités et des personnes ayant besoin d'un accompagnement dynamique, qui doit la porter. Aux communes ou aux intercommunalités qui le désirent ou, à défaut, aux départements de proposer un maillage territorial performant. Ils devront ensuite, dans un souci d'équité, rendre compte de l'efficacité de leur action à l'État.

Un tel rassemblement des acteurs du service public de l'emploi autour des collectivités locales a commencé à se faire avec les maisons de l'emploi. Pourquoi dès lors ne pas l'amplifier pour réussir ce défi d'une politique de solidarité active ?

Cette action volontariste doit déboucher sur une offre d'insertion qui prenne en compte les réalités rencontrées sur chacun des territoires, et il n'y a pas que l'insertion professionnelle. Il nous faut mener un travail transversal intégrant aussi bien le projet dynamique pour la ville porté par le Gouvernement que la rénovation des équipements commerciaux, l'amélioration de l'accueil en crèche ou encore le désenclavement de certains territoires, qu'ils soient ruraux ou urbains.

Certes, tout cela nécessite de gros moyens, nous en sommes tous conscients, mais l'installation durable dans la précarité, gâchis humain, a aussi un coût.

Dans les entreprises, par exemple, pourquoi ne pas réduire les charges sociales sur les heures consacrées par un tuteur à l'encadrement d'une personne en voie d'insertion ou concentrer davantage sur ces personnes les crédits de formation ?

Il faut également fixer des rendez-vous réguliers d'évaluation. Nous sommes plusieurs à l'avoir dit, sans évaluation, on ne peut pas rendre compte, et, si l'on ne rend pas compte, on ne peut pas mener de politiques lisibles.

Réussir le parcours d'insertion, c'est aider jusqu'au bout ceux qui ont besoin d'un tremplin pour rejoindre le marché classique du travail et suivre, grâce à un interlocuteur unique dans la durée, ceux qui ont besoin d'un accompagnement long.

Monsieur le haut-commissaire, je vous remercie pour ce débat, en regrettant que nous n'ayons pas été plus nombreux à y participer. Vous êtes sur la bonne voie et nous vous suivrons jusqu'au bout. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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