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Intervention de Pierre Cohen

Réunion du 1er août 2007 à 15h00
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Cohen :

Mais je connais suffisamment les mécanismes du budget de la recherche pour rester vigilant. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Nous avons travaillé en toute honnêteté et ce qui nous semble important, c'est ce qu'on va faire des universités et de la recherche, et non pas de simples intentions électorales.

Plus grave, dans sa lettre de mission, le Président de la République vous a demandé de contribuer à la forte diminution des emplois de fonctionnaires et nous apprenons que vous optez pour la stabilité des effectifs dans les universités. Mais cette stabilité signifie que les universités seront incapables de remplir les missions que vous leur avez assignées. Les chantiers que vous avez lancés seront paralysés.

Certes, nous ne demandions pas à ce projet de loi de remettre tout à plat, mais il aurait pu être mieux ciblé. Avec quelques mois de négociation et de concertation en plus, un budget clairement établi à l'occasion du projet de loi de finances, votre texte aurait réellement relevé le défi. En l'état, nous craignons fort qu'il ne reste le seul projet de réforme des universités, ce qui ne manquera pas d'avoir de graves conséquences pour elles. Nous aimerions nous tromper, mais nous en sommes à peu près certains.

J'en viens aux points que nous aurions aimé voir figurer dans le projet de loi.

Tout d'abord, vous l'avez déjà souligné, madame la ministre, 90 000 étudiants sortent de l'université sans diplôme et sans qualification. Si nous partons du principe de base, que vous acceptez, selon lequel la seule condition sélective est d'avoir obtenu le baccalauréat, cela implique que tout bachelier doit avoir la possibilité d'entrer dans une filière de l'enseignement supérieur. Or nous connaissons tous les défauts de l'orientation. Les filières courtes à finalité professionnelle sont souvent réservées aux meilleurs élèves. La solution serait alors soit de multiplier les IUT et les BTS, soit d'améliorer l'orientation, débat que nous avons eu avec M. Goasguen, afin que les étudiants ayant les capacités d'entreprendre des études longues soient encouragés à choisir des filières qui leur correspondent.

Un enseignement long nécessite un bon encadrement, car l'on sait que le passage du lycée à l'enseignement supérieur constitue une vraie rupture que certains étudiants ont du mal à vivre. Comment parvenir à un encadrement de meilleure qualité quand on sait que le nombre d'enseignants-chercheurs restera stable, arbitrage qui a été décidé hier ?

Le deuxième point sur lequel j'émets quelques craintes concerne la vie étudiante. Le « paquet fiscal » qui vient d'être voté montre notre divergence de fond sur ce que doit être un étudiant. Je considère qu'un étudiant doit pouvoir avant tout se consacrer à ses études. (« Certes ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Or les mesures fiscales qui viennent d'être votées montrent qu'on l'incite de plus en plus à travailler. On lui offre en effet la possibilité de faire des petits travaux au sein de l'université – certes, c'est plus intéressant que de travailler chez McDonald's –, de travailler sans payer d'impôts ou encore d'emprunter. Ainsi, on s'achemine petit à petit vers une sélection par l'argent mais aussi par la discipline choisie.

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