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Intervention de Pierre Méhaignerie

Réunion du 5 juin 2012 à 12h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Méhaignerie, président :

La demande de la Commission des affaires sociales était pourtant tout à fait légitime.

D'une part, notre commission a beaucoup travaillé sur la question des retraites ; j'en remercie une fois encore notre rapporteur, Denis Jacquat, ainsi qu'Yves Bur et bien d'autres collègues. Je rappellerai qu'entre février et juin 2010, nous avons procédé à trente-deux auditions de nombreux responsables, notamment pour établir des comparaisons avec les régimes de retraite des autres pays européens, et qu'à ces quarante-trois heures d'auditions se sont ajoutées près de vingt-cinq heures de débat lors de l'examen proprement dit du projet de loi. Je crois pouvoir dire qu'à l'instar de son rapporteur, M. Denis Jacquat, les membres de cette commission, tous groupes confondus, ont acquis une expertise incontestable sur ce dossier. Je tiens également à remercier de nouveau Éric Woerth, qui, au nom du Gouvernement, a su beaucoup écouter pendant cette période.

D'autre part, nous sommes légitimement inquiets des annonces quelque peu contradictoires faites depuis quelques jours par plusieurs ministres. La réforme des retraites que nous avons votée en 2010 constitue l'une des réformes les plus courageuses du quinquennat. Elle était, et elle reste, indispensable pour assurer la survie de notre modèle de retraite par répartition.

Or ce que nous annonce le Gouvernement va à rebours de tout ce qu'il faut faire et de ce que font tous nos voisins européens, sans exception. J'entends dire qu'il s'agit de mettre fin à une grave injustice créée par la loi de novembre 2010. J'observe au contraire que cette réforme était juste, parce qu'elle a pour la première fois offert la possibilité de partir plus tôt pour cause de pénibilité et parce qu'elle a élargi le dispositif « carrières longues » institué en 2003. Ce dernier point n'est pas anecdotique : cette extension revient, à l'horizon 2020, à multiplier par quatre ou cinq le nombre de salariés qui bénéficieront du dispositif et continueront donc à partir à soixante ans ou avant.

Enfin, le mode de financement annoncé confirme le tropisme qui pousse la nouvelle majorité à accroître les prélèvements, lesquels pénalisent le pouvoir d'achat des salariés et renchérissent le coût du travail pour nos entreprises, alors que la compétitivité de l'économie française doit être au coeur de nos préoccupations collectives.

Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, j'aurais apprécié que la ministre vienne devant nous présenter les différentes options possibles, le nombre de personnes concernées et le coût de la mesure, non seulement pour les régimes de base, mais également pour les régimes complémentaires.

Je vous propose, si aucun d'entre vous ne souhaite intervenir, de lever la séance en constatant que le Gouvernement n'a pas fait son travail…

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