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Intervention de Alain Rodet

Réunion du 28 février 2012 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Rodet :

Madame la présidente, madame la ministre, chers collègues, ce collectif budgétaire pour 2012 renvoie une image dégradée du débat économique et financier dans notre pays. Il signifie surtout et d'abord que le projet de loi de finances initiale pour 2012 n'était ni rigoureux ni sincère.

En effet, à la veille de grandes échéances, le texte apparaît bien décalé, même si, dans l'exposé des motifs, il se présente comme une solution anticrise pour répondre aux grands défis que nous devons affronter.

Je ne reviendrai pas sur les dispositions du projet, en particulier sur son article 1er, que nos collègues viennent d'évoquer très largement. Mon propos se limitera à mettre en question cette vieille idéologie qui entend accréditer l'idée que la dépense publique, c'est le mal absolu ! On se croirait en pleine primaire républicaine. Qui est Rick Santorum ? Qui est Newt Gingrich ?

À la lumière des événements économiques que nous vivons depuis trois ans et demi, il n'est pas inutile de faire un rapide retour en arrière.

Échapper à la sphère publique serait la solution idéale et vertueuse pour mettre un pays sur la voie de la croissance et de la compétitivité.

Doit-on parler de Dexia, issue du Crédit local de France, ancienne filiale de la Caisse des dépôts et consignations ? Cette privatisation, réalisée il y a un peu moins de vingt ans, a produit la catastrophe majeure dont nous ne sommes pas encore sortis.

On pourrait évoquer également l'évolution d'autres groupes bancaires ayant quitté le secteur public. Comment peut-on faire preuve d'autant de dogmatisme, d'aveuglement même, en stigmatisant le secteur public, quand on peine à sortir d'une crise alimentée par les comportements d'une finance privée devenue folle et que l'État a dû maintenir sous perfusion pour éviter une banqueroute ?

L'exemple irlandais, ou bien encore la nationalisation, en Grande-Bretagne, de The Royal Bank of Scotland par le gouvernement britannique, nous ramène aux réalités.

Ce projet de loi masque mal le désarroi de la majorité et du Gouvernement. Au cours de cette nouvelle lecture, nous avons constaté le caractère contracyclique du texte, et la présentation idyllique des mesures qu'il contient par les ministres et le rapporteur général sonne faux. Nous avons l'impression que vous êtes aujourd'hui en train de tirer des chèques en blanc sur l'avenir.

Pour terminer, nous pourrions vous donner un conseil : ce n'est pas à trois mètres de l'obstacle que l'on doit ferrer son cheval ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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