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Intervention de Jean-Paul Bailly

Réunion du 21 février 2012 à 17h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Paul Bailly, président directeur général de la Poste :

Je présenterai brièvement le contexte que connaît aujourd'hui La Poste, actionnaire à 100 % de La Banque Postale, l'état de développement de cette dernière et ce qu'elle représente pour le groupe.

Le groupe La Poste est un groupe européen multiactivités, qui réalise 15 % de son chiffre d'affaires et emploie 15 000 salariés hors de France. Le courrier occupe, avec 50 % de l'activité, une place décroissante, tandis que le colis et l'express, marché porteur, représentent environ 25 % de l'activité. Quant à La Banque postale, son PNB représente également de l'ordre de 50 %. Le chiffre d'affaires global est de l'ordre de 20 milliards d'euros. Le groupe s'appuie sur le savoir-faire traditionnel des postiers dans le domaine du courrier, des colis et express, des services financiers et de la distribution – comme le montre le développement de La Poste Mobile, qui se fonde sur sa présence territoriale.

Dans un contexte assez difficile, notamment pour ce qui concerne le courrier dont les volumes d'activité décroissent de 3 % à 5 % par an depuis quatre à cinq ans, le groupe est un actionnaire qui se porte relativement bien – c'est une bonne nouvelle pour La Banque postale – du fait de la stratégie claire et constante qu'il applique depuis une dizaine d'années. Nous nous attachons à ce que la qualité de service progresse. Ainsi, le taux de distribution à J+1, qui était inférieur à 70 % en 2002, se situe aujourd'hui à 87 % selon des mesures effectuées en 2011 par un organisme extérieur. Nous avons également fait beaucoup de progrès dans la gestion des bureaux de poste, l'accueil, l'attente et la prise en charge, avec des résultats robustes – le résultat d'exploitation est de l'ordre de 700 millions d'euros depuis 2008, ce qui correspond aux besoins de notre modernisation. Cette situation est confortée par l'augmentation de capital : l'entrée de notre nouveau partenaire, la Caisse des dépôts, à hauteur de 26 %, nous permet d'innover et de nous développer sans nous endetter, en nous assurant une bonne solidité financière.

La Banque postale, filiale à 100 % du groupe La Poste, est une banque en construction qui présente de bons ratios, notamment prudentiels, mais dont les fonds propres sont, en valeur absolue, relativement modestes – inférieurs à 5 milliards d'euros – et dont le coefficient d'exploitation, de l'ordre de 85 %, est encore trop élevé, notamment pour l'Autorité de contrôle prudentiel – ACP. Lors de sa création, en avril 2006, elle ne proposait que des produits d'épargne, d'assurance-vie et de crédit immobilier avec épargne préalable, mais elle a progressivement développé le crédit immobilier classique, le crédit à la consommation, l'assurance dommages, la prévoyance et la santé, soit la totalité des services de proximité et d'offre aux ménages. Parallèlement, elle a commencé, depuis la fin de l'année dernière, à s'engager dans le financement des personnes morales et va poursuivre avec celui des collectivités territoriales. Elle assurera donc ainsi pleinement une double mission de services aux ménages et de soutien à l'économie locale.

Initialement, nous n'envisagions pas le financement des collectivités territoriales car ses conditions d'octroi ne correspondaient pas à nos valeurs et surtout parce que ce service ne figurait pas parmi les priorités de la construction progressive que nous avions engagée. Nous considérons néanmoins que ce financement des collectivités territoriales fait partie de notre légitimité et de notre rôle fondamental d'acteur du territoire.

Comme le montrent toutes les enquêtes, La Banque postale est la banque dans laquelle les Français ont le plus confiance. Elle est réputée pour son sérieux – zéro toxiques, zéro subprimes – et joue un rôle de banque refuge, comme on l'a vu en 2008 et, dans une moindre mesure, en 2011. Elle est réputée pour une gestion « de bon père de famille » et possède l'atout rassurant de sa présence territoriale et de sa grande accessibilité, tant géographique que tarifaire. Banque des postiers – elle compte parmi ses clients 80 % des postiers actifs, soit environ 200 000 personnes, et 100 000 retraités, et fait travailler environ 60 000 postiers –, elle apporte une contribution essentielle aux résultats et à l'avenir du groupe dont elle représente 25 % du chiffre d'affaires. De manière récurrente, sa contribution est aujourd'hui de l'ordre de 50 % et devrait avoisiner les deux tiers en 2015.

Nous sommes un acteur de proximité au service de l'économie locale et des collectivités territoriales. Le fait que l'État ait fait appel à nous est une preuve de confiance et nous nous engageons dans cette activité avec fierté et enthousiasme, a fortiori avec la Caisse des dépôts.

La construction de la banque et de son capital de confiance a demandé aux postiers beaucoup d'efforts, qu'ils ne voudraient en aucun cas voir ruiner. Vis-à-vis tant des postiers que de nos clients, nous nous sommes donc toujours attachés, au cours des négociations, à faire en sorte que les dispositions retenues ne nous fassent courir aucun risque réputationnel ou financier. De fait, la parution des premiers articles de presse imprécis, qui laissaient penser que La Banque postale allait reprendre Dexia, a suscité à la fois une levée de boucliers de la part de tous les syndicats de l'entreprise, qui ont diffusé des tracts affirmant que La Banque postale ne devait pas être le SAMU de Dexia, et une vive inquiétude de la part de nos clients, qui ont interpellé leurs conseillers pour leur rappeler qu'ils étaient attachés à la sécurité de l'établissement. Il nous a alors fallu envoyer dans la journée même une note aux 10 000 conseillers financiers pour leur expliquer la nature du projet et leur confirmer qu'il n'était pas question d'exposer La Banque postale ou le groupe à un risque réputationnel ou financier. Ce risque serait, du reste, inacceptable pour l'avenir du groupe, en termes notamment de pérennité financière.

Nous nous engagerons à fond, car le point d'aboutissement respecte la condition que nous avons évoquée et tenue tout au long des négociations. Mais si nous sommes enthousiastes, nous n'en sommes pas moins vigilants, car le diable peut être dans les détails.

Nous sommes également engagés à fond dans le chantier qui va permettre la construction de la nouvelle société commune à La Banque postale et à la Caisse des dépôts et des dispositifs qui permettront le refinancement, avec l'objectif de pouvoir produire les premiers crédits à la fin du mois de juin et assurer une part significative – de l'ordre de 25 % à 30 % – des besoins de financement, soit 5 à 6 milliards d'euros. Cette part de marché pourrait être atteinte assez rapidement, compte tenu de l'insuffisance actuelle de l'offre de financement.

Nous nous engageons également pour un modèle de financement renouvelé qui sera simple, totalement transparent – avec des conditions claires de refinancement et une marge clairement identifiée –, totalement adossé en liquidités et propre à améliorer notre coefficient d'exploitation.

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