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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 17 février 2012 à 9h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Après l'article 2, amendement 683

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Une étude réalisée par Olivier Godechot, chercheur à l'EHESS et professeur à l'école d'économie de Paris, a récemment mis en lumière la dynamique inégalitaire qui a vu les revenus du centième des Français les plus riches capter l'essentiel des augmentations de salaires. Cette dynamique est à l'oeuvre depuis près de trente ans, mais elle s'est amplifiée de manière catastrophique ces dernières années.

Entre 1980 et 2007, le salaire moyen de l'immense majorité des salariés, les 90 % les moins bien payés, a progressé de 0,82 % par an net de l'inflation. Le travail n'a rapporté que 26 % de pouvoir d'achat supplémentaire. Tout en haut, le salaire moyen des 0,01 % les mieux rémunérés a été multiplié par 3,4, soit une progression annuelle de 5,7 %. En 2007, ces 1 692 bienheureux « carburaient » chacun à 1,8 million d'euros en moyenne.

Cette étude a aussi et surtout montré que l'essentiel, 57 %, de la progression des très hauts salaires a été le fait des traders. En France, en 2007, on en comptait 626 parmi les 1 692 Français les plus riches. Ensemble cette petite poignée de salariés de luxe s'est accaparée 0,25 % du total des salaires versés dans le privé en 2007, soit 1,2 milliard d'euros.

La crème de la crème, les cent salariés de la finance les mieux payés gagnaient en moyenne 4,65 millions d'euros chacun, soit dix fois plus qu'en 1997. En une année, ces traders gagnaient donc 284 années de SMIC, presque sept vies de smicard, à raison de quarante-deux années de travail.

La fortune des plus gros patrimoines, qui excèdent 60 millions d'euros, a également explosé.

C'est dire que l'impôt de solidarité sur la fortune n'a rien perdu de sa pertinence, tout au contraire. Il est plus nécessaire que jamais quand la priorité est de faire jouer la solidarité nationale en demandant aux plus riches un effort supplémentaire, comme le fit Roosevelt aux États Unis après la crise de 1929, et comme le demandent eux-mêmes aujourd'hui certains milliardaires américains.

C'est dans cet esprit que notre amendement propose la majoration de 15 et 30 % des tranches du barème de l'ISF.

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