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Intervention de Catherine Coutelle

Réunion du 8 février 2012 à 21h30
Formation des maîtres — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Coutelle :

L'article 1er de la proposition de loi supprimant la référence aux IUFM dans la formation des maîtres, c'est donc l'occasion de faire le bilan de l'action du Gouvernement.

Vous laissez l'enseignement dans une situation dramatique, puisque la France régresse dans tous les classements et que l'école est devenue plus inégalitaire si l'on en croit l'évaluation Pisa – le programme international pour le suivi des acquis des élèves. Les élèves issus des classes populaires sont moins nombreux dans les universités et les grandes écoles, résultat qui contraste avec celui des pays scandinaves ou de l'Allemagne. Quand cette dernière, que vous donnez tant en exemple, a régressé dans les évaluations Pisa, elle a élevé le niveau de la formation des maîtres ; c'était donc vraiment une évolution en sens inverse de la nôtre.

Tout le monde s'accorde à considérer que, pour lutter contre la crise et le chômage, il est nécessaire d'accroître la formation initiale, voire la formation tout au long de la vie. Seuls les enseignants échapperaient à cette règle : voilà qui est un peu étonnant !

Enseigner – plusieurs l'ont dit – est un métier qui s'apprend. Je vous imagine, les uns et les autres, après un master, passer toute une journée dans une classe d'école maternelle, tenir une classe de CP et apprendre à lire aux élèves ! Vraiment, je vous invite, mes chers collègues, à essayer. Allez donc dans un collège. Je vous mets au défi – M. Couanau s'imagine très bien la situation pour avoir été lui-même un directeur des écoles – de tenir ne serait-ce qu'une journée !

Monsieur le ministre, même si cela ne vous plaît pas, le calendrier est particulièrement cruel pour votre texte puisque la Cour des comptes dresse dans son rapport annuel un bilan sans appel de votre réforme. Il est même sanglant ! Celle-ci « soulève aujourd'hui des questions de fond sur l'organisation de la formation initiale, sur l'attractivité du métier d'enseignant et sur l'adéquation de ce nouveau dispositif aux grands objectifs assignés au système éducatif », qui ne sont pas atteints. Elle évoque une « carence des outils de suivi et de pilotage ». C'est un double échec grave, qui prive la France du levier indispensable à l'amélioration de ses performances.

Vous nous avez donné des chiffres, monsieur le ministre, mais vous avez pris ceux qui vous arrangeaient, c'est-à-dire ceux de 2011 et de 2012, oubliant ceux de 2010. Or, il y avait alors 160 000 candidats aux concours. Ils n'étaient plus que 97 000 en 2011, vous l'avez dit, et, s'ils sont à peu près 100 000 en 2012, il en manque encore quand même 60 000 ! C'est une dramatique chute des inscriptions aux concours. Dans certaines disciplines, il y a autant de places que de candidats, ce ne sont plus des concours !

La diminution du nombre d'inscrits aux concours est la preuve que ce métier n'a plus aucun attrait pour les jeunes Français, parce qu'il est devenu trop difficile et qu'il faut l'exercer sans filets, sans préparation. Comme le souligne la Cour des comptes, les tuteurs suivent parfois de jeunes professeurs enseignant dans deux ou trois établissements différents, ce qui compromet grandement l'efficacité du tutorat.

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