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Intervention de Jean-Luc Reitzer

Réunion du 8 février 2012 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Reitzer, rapporteur :

Le premier point que nous mettons en avant, c'est évidemment la nécessité d'élever le niveau de notre relation politique avec la région et avec l'ensemble de ces pays. On ne peut pas continuer à délaisser une région du monde qui attend autant de notre part, sur tous les plans. Nous avons entendu un argument à plusieurs reprises : « l'Amérique latine, on y va pas souvent, c'est vrai, mais c'est loin et c'est compliqué ». Comme si la Chine n'était pas loin et pas compliquée ! Alors même que nous avons une proximité culturelle avec ces pays qui sont aussi latins que nous. Et cela vaut pour les industriels comme pour les ministres. Il est pour nous incompréhensible que nous ne soyons pas davantage présents.

Elever la dimension politique de notre relation, cela doit se traduire, à l'instar de ce qu'ont fait nos partenaires européens, par la définition d'une stratégie, pour éviter le coup par coup d'une approche particulière et cela suppose de nous donner les moyens de cette politique. On dira qu'en période de vaches maigres, on peut difficilement faire mieux que ce que l'on fait aujourd'hui. Sans doute, mais en matière de coopération, par exemple, on pourrait parfaitement permettre à l'AFD d'intervenir dans de nouveaux pays, comme le souhaite instamment le MAEE. On pourrait bien sûr essayer de promouvoir les coopérations décentralisées, qui sont attendues sur place, qui interviennent sur des secteurs dans lesquels la compétence française est reconnue. Il y a des conseils généraux, des conseils régionaux, des municipalités qui sont présentes, mais il faut tisser des réseaux sur le long terme et cela prend du temps et nécessite des moyens. Il y a là des synergies à développer et l'articulation avec les possibilités que pourrait avoir l'AFD est d'autant plus nécessaire. Le parlement a aussi un rôle à jouer sur ce sujet, au niveau de ses groupes d'amitié : je me suis rendu l'année dernière en Bolivie avec une délégation du groupe d'amitié que je préside, mais c'était le tout premier échange. La dimension politique est essentielle car il s'agit aussi d'une région dont l'abordage est encore difficile par certains côtés. Bolloré a par exemple rencontré des difficultés en Bolivie alors qu'il était candidat sur l'exploitation du lithium, il est même en train de se retirer du marché qui devrait revenir aux entreprises chinoises, mais aucun ministre français ne s'est rendu sur place, et l'on ne peut manquer de faire la comparaison avec la politique mise en oeuvre par le gouvernement allemand sur ce plan, dont les ministres se rendent souvent dans la région, accompagnés d'entrepreneurs.

Il nous semble aussi qu'il serait opportun de conforter des initiatives récentes, tel que l'Institut des Amériques, créé en 2007, qui a l'ambition de devenir un pôle d'excellence en Europe en ce qui concerne la recherche universitaire et l'enseignement, mais aussi en ce qui concerne le développement de partenariats avec le monde de l'entreprise. A ce sujet, le manque d'appui politique a sans doute conduit en 2010, à ce que le siège de la fondation Union européenneAmérique latine revienne à Hambourg, suite à un intense lobbying de Berlin.

A cet égard, nous pensons aussi qu'une fondation France - Brésil, sur le modèle de la fondation France – Israël, pourrait être une initiative intéressante, avant, éventuellement, de la répliquer au niveau régional ou avec d'autres pays. Il y a à notre sens un travail important à faire pour améliorer la connaissance réciproque, les relations, les partenariats.

Enfin, il nous semble que nous pourrions aussi essayer de forger un dialogue intra-européen sur l'Amérique latine avec nos partenaires les plus impliqués dans la région. Non seulement parce que, même s'il y a concurrence industrielle et commerciale, cela permettrait de développer des synergies, des approches communes, mais aussi d'avoir un discours unifié qui ne serait pas inutile, compte tenu de certains points de frictions qui peuvent encore exister ça et là, sur l'agriculture, les questions commerciales ou autres. La réponse européenne à l'Amérique latine est peut-être un peu dispersée et que les pays de l'Union qui s'y intéressent débattent entre eux ne nous semble pas superflu, loin de là. Cela permettrait incidemment d'atténuer le leadership que l'Espagne a toujours voulu détenir en la matière et de renforcer encore les liens avec des pays comme le Royaume-Uni ou la RFA sur des sujets sur lesquels nous n'avons peut-être pas forcément l'habitude de dialoguer.

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