Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 15 juin 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

Entendre des « experts » citer en exemple la Pologne m'irrite fortement. Ce pays déclare vingt cas de grippe saisonnière par an, ce qui laisse dubitatif sur la qualité de sa veille sanitaire.

Devant la Diète, Mme Ewa Kopacz, ministre de la santé, a qualifié les vaccins d'« eau miraculeuse », émettant des doutes sur la sécurité de produits pourtant évalués par l'Agence européenne du médicament, agence à laquelle son pays contribue. La vaccination d'une cinquantaine de millions d'Européens a fait justice du propos ! Reste que la Pologne est le seul État développé à avoir refusé de vacciner sa population. Cependant, Mme Kopacz a également expliqué, dans le même discours, que son département juridique avait trouvé « au moins vingt points douteux dans le contrat » proposé à son pays par les laboratoires, mais qu'elle ne pouvait en dire plus en raison des négociations en cours. Il est pour le moins paradoxal de souligner la dangerosité de produits tout en avouant conduire des négociations pour en obtenir !

Je peux attester de la réalité de ces négociations puisque, dans un courrier adressé à mon cabinet le 23 septembre 2009, l'ambassade de Pologne, proposant de faire vacciner nos diplomates à Varsovie en échange de la vaccination des diplomates polonais en France, affirmait que le ministère de la santé polonais disposerait du vaccin dans les mois suivants… Je tiens bien entendu ce courrier à votre disposition.

Mme Kopacz, très en retrait des grands rendez-vous européens tout au long de la crise, n'a pas eu l'occasion de répéter ces propos devant ses homologues. Ce n'est pas que la Pologne n'a pas voulu vacciner. Elle n'a tout simplement pas pu ! Pour négocier avec les laboratoires, il ne faut pas être en position de faiblesse. Or le pays est en conflit ouvert avec les laboratoires implantés sur son sol et se trouve en infraction avec la législation pharmaceutique européenne. Il faut noter également que l'État polonais ne souhaitait pas assumer la responsabilité de la commande de vaccins et préférait que les grossistes et les pharmaciens s'en chargent.

Je suis tout à fait favorable à la tenue d'un débat public citoyen, si, toutefois, il n'est pas fait référence à une « expertise citoyenne » que je récuse. J'ai saisi la Conférence nationale de santé pour qu'elle m'indique la façon dont un tel débat pourrait être organisé sur l'acceptation sociale de la vaccination ou sur la limitation des libertés publiques qui pourrait résulter d'une pandémie sévère, par exemple.

Le 13 octobre 2009, l'Académie nationale de médecine a émis un avis dans lequel elle s'est déclarée en accord avec les propositions formulées par le ministère de la santé et a rappelé l'intérêt de poursuivre conjointement la vaccination contre la grippe saisonnière. Cet avis a été adopté à une majorité de trente-trois voix pour, deux voix contre et huit abstentions – dont celle du Professeur Didier Houssin.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion