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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 15 juin 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

Pour répondre à votre question, il faut bien comprendre comment nous avons organisé la campagne de vaccination et ce qui a motivé nos choix. Mais je le répète : aucune autre pandémie ne sera comparable à celle-là et il ne faut pas rechercher un modèle idéal de gestion de la pandémie car il n'en existe pas.

Deux impératifs de santé publique majeurs nous ont déterminés à opter pour une organisation collective de la vaccination.

Le premier était de protéger le plus grand nombre de personnes dans les meilleurs délais. Il fallait donc mettre en place un dispositif autorisant une vaccination à grande échelle, susceptible de concerner toute la population dans un délai restreint et compatible avec le rythme de livraison attendu des vaccins.

Le deuxième impératif était de conserver la capacité du système de soins, puisque, et cela a été vérifié, le pic de la vaccination devait se produire au moment où il y aurait le plus de cas de grippe. En outre, le dispositif se devait de préserver la capacité du système de soins de premier recours à traiter d'autres pathologies, sachant que l'épidémie de grippe allait survenir dans un état d'extrême tension de ce système.

Nous étions en outre confrontés à des contraintes matérielles.

La première était celle de la traçabilité, pour des exigences de pharmacovigilance qui s'imposaient d'autant plus que nous étions dans le cadre d'un schéma de vaccination à deux doses. Rappelez-vous : la modification des autorisations de mise sur le marché n'est intervenue que fin novembre, alors que la campagne avait déjà démarré.

La deuxième contrainte tenait à la présentation en multidoses : la majeure partie des vaccins nous était livrée en boîtes de 500 doses – des boîtes de 50 flacons de 10 doses non déconditionnables.

La troisième découlait du calendrier prévisionnel de livraison : nous avons toujours été en flux tendu. Les caricatures me représentant, à l'époque, assise sur des caisses de vaccins en quantité ne reflétaient pas la réalité !

La quatrième contrainte était liée à la coexistence de quatre vaccins différents, qui tous avaient des indications différentes.

La cinquième était d'ordre logistique – il nous fallait notamment respecter la chaîne du froid.

Enfin, le coût de la campagne se devait d'être maîtrisé.

L'ensemble de ces éléments a conduit très tôt à concevoir un dispositif de vaccination adapté, articulé autour de centres de vaccination collectifs. Et aucune des contraintes apparues progressivement – présentation en multidoses, avis du Haut conseil de la santé publique recommandant l'utilisation de certains types de vaccins pour certaines indications, livraisons toujours plus faibles que prévues – n'est venue remettre en cause ce choix. Elles l'ont, au contraire, conforté.

Pour ce qui est des professionnels de santé, en dépit de toute l'énergie que nous y avons consacrée tout au long de la campagne, la communication a donné des résultats mitigés. C'est qu'il n'existe pas, dans notre système de santé, un moyen rapide et facile de toucher de façon exhaustive les médecins généralistes et les spécialistes de ville.

Pour y remédier, nous avons utilisé l'ensemble des outils à notre disposition.

La communication sur internet a été assurée, d'abord, grâce à des outils préexistants comme DGS-Urgent, service gratuit d'alerte de la direction générale de la santé qui compte aujourd'hui plus de 60 000 abonnés, mais aussi à des outils que nous avons créés, comme la rubrique grippe du site internet du ministère de la santé, ouverte le 22 juillet 2009, régulièrement actualisée et qui a enregistré 1 030 588 consultations.

Le relais dépendait de la presse spécialisée, ensuite, avec Le Quotidien du médecin, Impact pharmacien, etc., auxquels j'ai accordé régulièrement des entretiens.

Autre outil : les relais d'opinion, en l'occurrence les syndicats, les unions régionales des professionnels de santé, les relais de proximité avec les comités départementaux d'aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires, etc. Nous avons tenu onze réunions avec les représentants des médecins, neuf avec les représentants des infirmiers, six avec ceux des pharmaciens d'officine, et au moins deux réunions de comités départementaux d'aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires ont été tenues dans chaque département. Nous avons donc mené des réunions d'information au niveau central aussi bien que des réunions décentralisées.

Enfin, nous avons eu recours à la communication écrite : j'ai envoyé trois lettres aux médecins, une aux infirmières et deux aux étudiants et internes.

Je me suis parfois demandé si les médecins étaient abonnés à internet ou aux organes de presse, s'ils jetaient le courrier qu'ils recevaient et lisaient la presse généraliste !

Lors des réunions, j'ai demandé aux professionnels de santé de m'indiquer tout autre moyen qui pourrait leur être utile, afin que je le mette en place. Ils ont été incapables de me répondre. Inutile de vous dire que si vous me recommandiez un moyen auquel je n'aurais pas songé, je m'en emparerais immédiatement !

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