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Intervention de Dominique Caillaud

Réunion du 8 juin 2009 à 21h30
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Caillaud :

Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je ne cacherai pas ma satisfaction de nous voir enfin débattre du projet de loi de programmation militaire.

Ce texte est consécutif au Livre blanc, qui a manifesté les ambitions légitimes de notre pays pour une armée nécessaire à son influence dans le monde. Ce document a mis en évidence les besoins en équipements nécessaires pour contenir les nouvelles menaces. Le projet de loi de programmation tente d'associer au mieux ces attentes et nos capacités budgétaires.

Un volet important du projet de loi a trait aux conséquences de la réduction du format de nos forces. Les mesures que vous avez citées, monsieur le ministre – cessions immobilières, soutien aux territoires affectés et aux personnels concernés, regroupement de structures –, vont dans le bon sens. Vous avez notre entière confiance et notre soutien dans cette démarche d'amélioration de la gestion technique et administrative ; il s'agit aussi d'une démarche de solidarité nationale.

L'engagement renforcé dans le renseignement constitue un autre aspect du projet de loi de programmation. Il justifie les futurs partenariats européens dans le domaine spatial, MUS et CERES. Il relaie nos propres efforts d'équipement, aux qualités reconnues – je pense au programme Hélios. Ces partenariats sont sans doute un bon exemple d'une évolution nécessaire, qu'il faudrait reproduire dans d'autres domaines industriels.

Monsieur le ministre, si je suis toujours heureux d'entendre des chiffres importants en quantité d'équipements prévus et de crédits de programme sur cinq ans, je reste surtout sensible à la réalité des avancées structurelles et aux livraisons effectivement assurées chaque année. Comme le président Teissier, je souhaite que notre commission de la défense effectue des contrôles très précis en la matière.

Un petit coup d'oeil rétrospectif nous montre qu'il reste bien des progrès à accomplir. Trop de programmes, déjà évoqués par mes collègues, ont connu des réductions quantitatives importantes, ainsi que des retards impliquant des surcoûts et une incertitude trop fortes pour les industriels en termes d'investissement, de marchés export et de recherche. Ces retards engagent un cycle infernal de coûts de maintenance élevés, largement modérés toutefois grâce à la passion et à la compétence de nos personnels de tous grades. Ma crainte est que nous soyons engagés dans trop de programmes différents, au risque de perdre en efficacité.

Les évolutions technologiques et stratégiques nous amènent désormais à accomplir des missions complexes interarmes, exigeant simultanément des composantes multiples. La défense antimissile est un bon exemple de l'enchaînement de ces procédures d'alerte, de transmission, de projection, d'analyses et de réactions. Tout se déroule, qui plus est, sur des théâtres d'opérations pouvant être très étendus et très éloignés.

Attaché plus spécialement aux aspects maritimes et aéronavals, je prendrai deux exemples de difficultés liées à ces équipements manquants qui réduisent grandement nos capacités opérationnelles.

Depuis 1997, la disponibilité insuffisante en hélicoptères pour toutes les armes est constamment soulignée par de nombreux rapports parlementaires. D'année en année cette faiblesse s'aggrave alors même que l'évolution des missions civiles et militaires – je pense à la recrudescence de la piraterie – exige la présence de ces matériels. Or, ces hélicoptères ne sont plus que rarement embarqués sur les frégates. Ainsi, le Mistral, dont nous sommes légitimement fiers, et qui fut conçu pour accueillir seize hélicoptères, se trouve actuellement en mission sans un seul appareil à bord. Ce même Mistral attend les équipements électroniques et l'armement embarqué de protection aérienne, sans lesquels il a besoin, comme aujourd'hui, de la proximité d'une frégate anti-aérienne.

Un autre exemple illustre, si nécessaire, les besoins de crédits de cohérence opérationnelle. Ainsi, l'assistance à quai des navires à Toulon est rendue plus difficile par le vieillissement des infrastructures d'approvisionnement en eau ou en fioul.

Il est toujours difficile de choisir entre trop de programmes incomplets faute de crédits, et moins de programmes complètement financés. Nous avons encore des progrès à faire en ce domaine.

Pour conclure, j'appellerai votre attention sur un dernier point qui me paraît essentiel. Il s'agit des crédits de recherche et développement dans des technologies qui sont gages de notre indépendance nationale, comme la propulsion de missiles tactiques, les munitions, les radars à longue portée, ou encore les drones.

Faute de crédits, la défense antimissile évoquée trop globalement dans le Livre blanc et dans le projet de loi de programmation militaire est l'exemple même d'un programme qui aura besoin de développements industriels simultanés. La protection des théâtres d'opérations contre les missiles tactiques sera une exigence des prochaines années. S'il manque un seul des maillons dans la chaîne technique, l'ensemble du dispositif perdra son efficacité.

Nos crédits sont trop précieux pour que nous les dispersions dans des orientations sans suite opérationnelle concrète. Je m'interroge par exemple sur l'utilité des crédits affectés au programme Nostradamus ou au radar M3R. La croissance très rapide des coûts de recherche et de construction des armements à haute technologie impose des partenariats avec des états européens et des industriels, comme dans le domaine spatial.

Monsieur le ministre, les progrès obtenus dans l'optimisation des structures administratives et financières nous donnent confiance dans votre capacité à mieux orienter et de soutenir les politiques industrielles de défense, ainsi que notre recherche. Toutes ces ambitions qui nourrissent les espérances et le quotidien des femmes et des hommes qui servent la France dépendent de votre volonté et de notre soutien pour maintenir au niveau prévu chaque année les financements nécessaires.

Le projet de loi de programmation militaire a ouvert un vaste chantier. Monsieur le ministre, vous avez notre confiance. Nous voterons ce projet de loi afin que vous puissiez le mener à bien. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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