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Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 7 décembre 2011 à 15h00
Débat sur la situation de l'industrie ferroviaire

Thierry Mariani, ministre chargé des transports :

Comme vous, monsieur Voisin, j'estime nécessaire que RFF et la SNCF accentuent dorénavant leurs efforts afin de coordonner leurs opérations de mise en accessibilité des gares – je précise à nouveau que l'échéance du 13 février 2015 est celle prévue par la loi.

Vous le savez, les besoins en matière de mobilité ne vont aller qu'en s'accroissant, tant pour les marchandises que pour les personnes. L'enjeu est donc à la fois de favoriser le développement du fret ferroviaire et d'améliorer la qualité du service rendu aux voyageurs : transporter toujours plus de personnes, notamment en zone urbaine, dans des conditions de régularité et de confort améliorées, et dans le respect de l'environnement.

S'agissant du transport de marchandises, évoqué par Marie-Line Reynaud, le Président de la République a demandé à Guillaume Pépy, lors de sa nomination à la présidence de la SNCF en 2008, de construire un leader du fret et de la logistique à l'échelle mondiale. La SNCF a donc réorganisé son activité de transport de marchandises par la création de la branche SNCF-Geodis, afin de proposer à ses clients chargeurs des solutions compétitives, multimodales et internationales pour gérer leur chaîne logistique. Pour s'inscrire dans les objectifs du Grenelle de l'environnement et de l'Engagement national pour le fret ferroviaire, la branche SNCF-Geodis doit s'appuyer sur le développement du fret ferroviaire en exploitant les atouts de ce mode pour la massification des flux de marchandises, mais également en le tournant résolument vers l'avenir avec le développement de nouveaux services comme le transport combiné et les autoroutes ferroviaires.

La capacité de ce mode à s'adapter aux évolutions demandées par le marché, notamment en termes de fiabilité, de rapidité, de réactivité, de taille de lots et de complémentarité avec les autres modes, conditionne ses chances de réussite. Par son expérience, son savoir-faire et sa place centrale dans un contexte nouvellement concurrentiel, le groupe SNCF doit être en mesure de relever ce défi au service de l'économie française et européenne.

Comme les orateurs de gauche et de droite que nous avons entendus, le ministre que je suis ne se satisfait absolument pas de l'évolution du fret dans notre pays. Nous ne pouvons tous que partager ce constat. Plusieurs d'entre vous ont comparé le fret français et le fret allemand. Il est vrai qu'il fonctionne mieux en Allemagne, mais il faut dire aussi que, dans ce pays, les flux sont massifiés. Nous prenons le même chemin avec les trains longs. Nous essayons de faire le lien avec la réforme portuaire, laquelle est désormais achevée. En effet, pour que le fret fonctionne mieux dans notre pays, il doit certainement être mieux connecté aux portes d'entrée de notre territoire, et je pense en particulier aux ports.

Une filière solide, c'est, enfin, une filière pleinement compétitive et offensive à l'export dans un contexte de mondialisation accrue. Comme cela a été souligné, face à la concurrence naissante de pays comme la Corée ou la Chine sur le marché de l'industrie ferroviaire, nos entreprises doivent bel et bien se positionner à ce niveau, même si le marché national reste un point d'appui essentiel. Pour répondre sur ce point à Yanick Paternotte, nous travaillons, avec les industriels, à l'ouverture des marchés, dans le cadre des négociations commerciales internationales, afin que les normes, notamment européennes, permettent de donner toutes leurs chances aux technologies françaises.

Pour faire face à cette concurrence, Alain Bocquet et les membres de la commission d'enquête ont proposé la formation d'un « Airbus du rail », idée relayée aujourd'hui par Marie-Line Reynaud. Cette question est étudiée actuellement par la commission de la filière ferroviaire française, au sein des Assises du ferroviaire. Mais je peux déjà vous dire qu'elle a, d'ores et déjà, un très grand mérite : celui de nous rappeler que nous sommes dans un contexte européen et mondial.

C'est pourquoi, afin de rester en pointe, l'industrie ferroviaire française doit investir dans la recherche et le développement et former des ingénieurs et des techniciens de haut niveau. C'est à ce stade que l'« État stratège » joue pleinement son rôle, et je réponds ainsi aux observations, d'ailleurs souvent fondées, de Jean Grellier.

En ce sens, le projet Railenium, en cours de mise en place dans le Nord-Pas-de-Calais, avec la participation de presque tous les acteurs du secteur, est un élément de réponse à la plupart de ces enjeux. Même s'il se focalise dans un premier temps sur l'industrie de la voie, il aura vocation, à terme, à devenir un centre d'excellence pour le matériel roulant.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les députés, notre politique ferroviaire se veut ambitieuse et déterminée, même si le contexte actuel est délicat, a fortiori dans la phase de transition que nous traversons. Je sais pouvoir compter sur la mobilisation de l'ensemble des acteurs de l'industrie pour remettre le fret ferroviaire sur les rails. Je compte aussi sur l'ensemble des députés, et particulièrement sur ceux qui assistent à cette séance et qui ont participé à la commission d'enquête, laquelle nous a rendu, voici maintenant six mois, un excellent travail. Soyez assurés qu'en ce qui me concerne, je suis extrêmement attentif, comme l'ont montré, je crois, mes derniers choix, à ce que, dans le respect, bien sûr, des règles de la concurrence internationale, cette filière ne soit pas oubliée par nos acteurs nationaux. (Applaudissements sur tous les bancs.)

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