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Intervention de Rémy Pflimlin

Réunion du 23 novembre 2011 à 10h45
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Rémy Pflimlin, président-directeur général de France Télévisions :

La question de la création est fondamentale : un pays comme la France a besoin d'une fiction française de qualité et fédératrice pour nourrir son imaginaire collectif. C'est à cela que nous travaillons, main dans la main avec les producteurs, les auteurs et les réalisateurs. La France a en effet la chance de disposer d'un tissu de professionnels tout à fait remarquable, qui a permis le développement de la fiction française.

Aujourd'hui cependant, la fiction unitaire, proche de l'oeuvre cinématographique, format qui caractérise la production française, ne fédère plus un vaste public, qui a besoin désormais de repères. C'est pourquoi nous souhaitons, à côté de la fiction unitaire, développer des séries, et ce pour trois raisons : fournir des repères de nature à fidéliser le public, industrialiser la production, ce qui permet de faire diminuer son coût moyen, et en assurer l'exportation. C'est dans cette perspective que nous avons signé cet été, avec les syndicats d'auteurs, de réalisateurs et de producteurs, une charte relative au développement de la fiction. Cette charte fournit un cadre à l'élaboration de projets de fiction, en fixant les conditions de leur développement, de l'arrêt éventuel de celui-ci, et les modalités de dédommagement de ceux qui y ont travaillé. En effet, quand les grandes productions étrangères ne réalisent qu'un ou deux des nombreux projets qu'elles lancent, nous avons tendance, en ce qui nous concerne, à produire tous les projets que nous lançons.

Une telle industrialisation de la production suppose la mise en commun des savoir-faire et un travail collectif des auteurs à travers la mise en place d'ateliers d'écriture. Cette mutation suppose l'évolution du tissu des producteurs français, aujourd'hui excessivement morcelé. France Télévisions finançant aujourd'hui 55 % de la fiction française, nous devons cependant absolument réussir ce rendez-vous avec les producteurs, les auteurs, les comédiens.

Nous produisons d'ores et déjà des séries qui font de l'audience. C'est le cas, par exemple, de la série Fais pas ci, fais pas ça, dont la diffusion mercredi dernier a connu un succès d'audience d'autant plus remarquable que TF1 diffusait au même moment une série américaine très regardée. Cela prouve qu'une fiction française, pourvu que son écriture soit moderne, est capable de fidéliser un large public et d'installer une marque.

Mais la création, c'est aussi le documentaire. Notre pays a fait ses preuves dans ce domaine grâce à des documentaristes de grande qualité et France Télévisions joue un rôle fondamental de ce point de vue. C'est aussi l'animation : la France dispose de la première industrie d'animation en Europe, très bien répartie sur le territoire. Cependant la question de la fiction est centrale et désormais sur la place publique, notamment depuis que la mission Chevalier a rendu ses conclusions.

Quant à la question budgétaire, je considère qu'il est normal que les entreprises publiques de l'audiovisuel prennent leur part de l'effort national. C'est ce que nous ferons, soit en réalisant des économies, soit en différant des dépenses, mais toujours dans le respect de nos objectifs en termes de création. Au-delà, toute remise en cause des moyens prévus dans le cadre du COM supposera au préalable une redéfinition méthodique de ses objectifs. Étant donné l'extrême importance de ceux-ci, non seulement pour France Télévisions, mais aussi pour l'ensemble de la Nation, ils ne devraient être révisés qu'avec une grande prudence. En tout état de cause, une telle révision ne devra pas s'opérer au détriment d'une vision à long terme.

Le coût du réaménagement des fréquences se situera entre 20 et 25 millions d'euros. S'il est prévu que les opérateurs historiques en supportent une partie, cette charge n'est pas à ce jour inscrite à notre budget. Il me semblerait légitime que les bénéficiaires de nouveaux canaux soient également mis à contribution. Nous souhaiterions par ailleurs pouvoir faire bénéficier nos objectifs stratégiques des opportunités dégagées par ce réaménagement.

Nos synergies avec France 24, madame Buffet, se traduisent essentiellement par la mise à disposition de cette chaîne de l'intégralité de nos contenus d'information. Il arrive par ailleurs que des envoyés spéciaux de France 24 interviennent sur nos antennes, et réciproquement, pour rapporter des événements d'importance.

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